TERREUR SUR LA LIGNE (2005)

Ce remake d’un classique de l’horreur psychologique joue la carte du huis-clos mais peine à exploiter la force de son point de départ…

WHEN A STRANGER CALLS

 

2005 – USA

 

Réalisé par Simon West

 

Avec Camilla Belle, John Bobek, Molly Bryant, Madeline Carroll, Katie Cassidy, David Denmann, Tommy Flanagan, Brian Geraghty

 

THEMA TUEURS

Hollywood ne sachant plus où donner de la tête pour puiser son inspiration en ces années 2000 un peu chiches en innovations, les remakes de films d’horreur éclosent à tout va, pour le meilleur (Massacre à la tronçonneuse) ou pour le pire (Fog). Les classiques de Tobe Hooper, George Romero, Wes Craven et John Carpenter ayant déjà été ravalés, le producteur John Davis s’est rabattu sur une œuvre moins connue, Terreur sur la ligne de Fred Walton, que les aficionados ont surtout gardé en mémoire pour ses vingt premières minutes particulièrement anxiogènes. Prudents, Davis et le scénariste Jake Wade Wall ont décidé de reprendre la trame de ce fameux prologue (qui inspira entre autres celui de Scream) et de l’étirer sur 90 minutes de film, au lieu de s’intéresser au reste du métrage initial qui abordait la thématique du tueur psychopathe sous l’angle du drame humain. Nous suivons ainsi les mésaventures de Jill Johnson, une jeune et jolie baby-sitter engagée un soir pour garder deux enfants dans une somptueuse bâtisse isolée au beau milieu des bois. Bientôt, elle est harcelée au téléphone par un homme qui lui conseille d’aller voir si les enfants vont bien. Les policiers qu’elle a prévenus finissent par localiser les appels et informent Jill que ceux-ci proviennent de l’intérieur de la maison…

Le concept est toujours aussi fort, mais il est sabordé d’emblée par les choix de mise en scène de Simon West, dont la finesse ne fut jamais le maître mot (Les Ailes de l’enfer, Le Déshonneur d’Elizabeth Campbell et Tomb Raider en disent long à ce propos). Ainsi, à trop vouloir esthétiser son film, le réalisateur lui ôte toute atmosphère. Sa demeure, merveille architecturale que la caméra aérienne nous révèle fièrement sous toutes les coutures, est bien trop grande et trop stylisée pour que le spectateur puisse y puiser un pôle d’identification. La maison de ville du film original fonctionnait mille fois mieux, dans la mesure où elle était réaliste et facile à appréhender. Tout le film est à l’avenant, collectant les visuels qui sonnent faux : l’image d’Épinal des enfants en pyjama dans leur belle chambre colorée, le jardin intérieur où pépient joyeusement les oiseaux, la grande forêt qui s’étend tout autour…

En dépit du bon sens

Pour essayer de combler les vides d’un récit trop court pour s’adapter à un long-métrage, le scénario multiplie les personnages secondaires inutiles et caricaturaux, comme la gouvernante qui nettoie le jardin ou la meilleure amie de l’héroïne qui l’a trahie en embrassant son petit ami. Mais le problème majeur de ce Terreur sur la ligne demeure son incapacité à effrayer le spectateur, ce qui semble pourtant être son moteur principal, voire sa raison d’être. Ne sachant plus trop comment exploiter sur toute sa longueur le potentiel inquiétant des menaces téléphoniques, le film s’efforce ainsi de faire bondir le spectateur avec tout et n’importe quoi : un arrosage automatique, des glaçons qui tombent dans un frigo, voire un chat qui passe furtivement (dernier recours des scénaristes en manque d’inspiration !). Au bout d’un temps jugé suffisamment long, Simon West finit par exhiber son croquemitaine, achevant d’annihiler le potentiel d’un film décidément conçu en dépit du bon sens.

 

© Gilles Penso


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