LARA CROFT : TOMB RAIDER (2000)

Angelina Jolie est la parfaite incarnation en chair et en os de Lara Croft… Mais un bon casting ne suffit pas à faire un bon film

LARA CROFT : TOMB RAIDER

2000 – USA

Réalisé par Simon West

Avec Angelina Jolie, Iain Glen, Daniel Craig, Jon Voight, Noah Taylor, Richard Johnson, Chris Barrie, Julian Rhind-Tutt

THEMA EXOTISME FANTASTIQUE

Version féminine, violente et profondément fantasmatique d’Indiana Jones, Lara Croft est une archéologue mercenaire créée en 1996 par Toby Gard pour le jeu « Tomb Raider » (autrement dit « Pilleur de Tombes », ce qui n’est pas sans évoquer le titre Raiders of the Lost Ark). Phénomène de société dépassant largement le cadre du jeu vidéo qui fut lui-même décliné en une demi-douzaine d ‘épisodes, cette pin-up digitale est apparue dans des magazines de mode, des spots publicitaires, des comic books, des calendriers, des romans… Il était inévitable que tôt ou tard, la belle aventurière poursuive ses exploits sur grand écran. Trouver la comédienne idéale pour entrer dans la peau de Lara Croft ne fut pas une mince affaire, et il faut avouer que le choix d’Angelina Jolie est un véritable coup de génie. Hélas, c’est bien là le seul éclat d’un film brouillon et tonitruant dirigé sans génie par Simon West, signataire jusqu’alors du divertissant Les Ailes de l’enfer et du morne Déshonneur d’Elizabeth Campbell. Mais l’échec de Tomb Raider n’est sans doute pas à mettre à son seul actif. Car nous sommes typiquement en présence d’un pur produit marketing entravé dans ses choix artistiques par le nombre de décisionnaires ajoutant leur grain de sel jusqu’à ôter au film toute possibilité de posséder sa propre personnalité.

La séquence d’introduction, prometteuse, montre la riche exploratrice affronter dans son manoir un impressionnant robot en 3D (surnommé Simon d’après le prénom du réalisateur). Il s’agit en fait d’un exercice de remise en forme, mais bientôt les vrais dangers pointent le bout de leur nez. Car Lara, fille du riche aristocrate Lord Henshingly Croft disparu dans les années 80, a hérité de lui, entre autres trésors archéologiques, d’une horloge mystérieuse et antique. Or cet artefact est fortement convoité par une secte secrète, les Illuminati, qui compte l’acquérir pour trouver un ancien talisman censé leur offrir la possibilité de contrôler le temps. Etant donné que les planètes de notre système solaire sont en train de s’aligner selon une géométrie spécifique qui n’intervient que tous les 5000 ans, la quête des Illuminati prend un caractère urgent. Pour les contrer, Lara utilise un message que son père avait rédigé à son attention… Et le père en question, autre belle idée de casting, est interprété par le charismatique Jon Voight, qui n’est autre que le véritable géniteur d’Angelina Jolie. Celle-ci partage également l’affiche avec Daniel Craig, futur James Bond endossant ici la défroque d’un aventurier buriné nommé Alex West (du nom du père du réalisateur). 

Un ratage à 80 millions de dollars

Il y avait donc là un beau potentiel, mais le film se perd rapidement dans son accumulation de séquences d’action outrancières sans s’avérer capable de la moindre construction dramatique. Dans cet océan de confusion surnagent quelques morceaux de bravoure intéressants, notamment le combat de Lara dans un tombeau souterrain contre une statue de Brama à quatre bras, réminiscence de la déesse Kali du Voyage fantastique de Sinbad. Tourné principalement aux studios Pinewood de la saga James Bond pour un budget de 80 millions de dollars, Tomb Raider remporta un honorable succès, entraînant rapidement la mise en chantier d’une séquelle.

 

© Gilles Penso

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