L’EMPREINTE DE DRACULA (1973)

Victime d’une double malédiction, le fier Waldemar Daninsky, toujours incarné par Paul Naschy, se mue une nouvelle fois en lycanthrope…

EL RETORNO DE WALPURGIS

 

1973 – ESPAGNE

 

Réalisé par Carlos Aured

 

Avec Paul Naschy, Fabiola Falcon, Ana Farra, Maritza Olivarez, José Manuel Martín, Eduardo Calvo, Mariano Vidal Molina

 

THEMA LOUPS-GAROUS I SORCELLERIE ET MAGIE I SAGA WALDEMAR DANINSKY

Après avoir été réalisateur de deuxième équipe et assistant réalisateur sur une quinzaine de longs-métrages, y compris La Furie des vampires en 1971 où il jouait également un petit rôle non crédité, Carlos Aured est passé à la mise en scène à l’occasion du film d’horreur El Espanto de la tumba écrit et interprété par Paul Naschy. Les deux hommes enchaînent dans la foulée avec L’Empreinte de Dracula, sixième film consacré aux tourments du loup-garou Waldemar Daninksy. Contrairement à ce que laisse entendre son titre français parfaitement hors-sujet, le scénario de L’Empreinte de Dracula n’a rien à voir avec le comte buveur de sang imaginé par Bram Stoker. Les distributeurs hexagonaux nous avaient déjà fait le coup avec le premier opus de la saga, Les Vampires du docteur Dracula, qui avait au moins comme circonstance atténuante de mettre en scène un couple de vampires. Ce n’est même pas le cas ici. Nous serons donc tentés de préférer le titre original, El Retorno de Walpurgis, voire même celui choisi pour son exploitation sur le sol américain, Curse of the Devil, bien plus cohérent au regard du sujet du film. Une fois de plus, Paul Naschy fait fi de toute continuité en réinventant totalement les origines velues de son personnage fétiche, au fil d’un récit tarabiscoté enchaînant coup sur coup deux malédictions.

Tout commence par un duel entre deux chevaliers au beau milieu d’une campagne du XVIème siècle. L’un est un suppôt de Satan, l’autre un combattant du Bien répondant au nom d’Irineus Daninsky (interprété par Paul Naschy). Ce dernier tue et décapite son adversaire. Choquée, l’épouse du défunt, Elisabeth Bathory (Maria Silva), qui n’a rien à voir avec la fameuse « comtesse sanglante » malgré le nom dont l’affuble le scénario, organise aussitôt une messe noire express, au cours de laquelle elle sacrifie une jeune femme et boit son sang. Mais Daninsky et ses hommes surgissent, guidés par leur foi inébranlable, et exterminent les membres de la secte. Les sorcières sont pendues et Bathory est promise au bûcher. Avant de périr dans les flammes, elle jette une malédiction sur la descendance de Daninsky. Et nous voilà trois siècles plus tard. Dans les bois, le châtelain Waldemar Daninsky (Naschy toujours) chasse et tue un loup. Mais au milieu des fourrés, c’est le corps d’un jeune gitan qu’il trouve. Une sorcière Bohémienne (Elsa Zabala) mène alors une étrange cérémonie au cours de laquelle plusieurs filles nues s’accouplent à un homme caché sous une cagoule noire. L’une d’elles, Ilona (Ines Morales), est choisie pour « marquer Daninsky de la dent du démon ». Elle le séduit puis le blesse une nuit de pleine lune avec les crocs d’un crâne de loup. Dès lors, il est secoué par des cauchemars récurrents et se transforme en loup-garou…

Le tombeur de ces dames

Soucieux d’entretenir sa réputation de séducteur ténébreux auquel aucune femme ne résiste, Naschy met dans le lit de son personnage toutes les jolies actrices sollicitées par le film, notamment les sœurs Wilowa (Fabiola Falcon et Maritza Olivares) fraîchement débarquées de Budapest avec leur père ingénieur. La première lui fait les yeux doux et l’épouse. La seconde lui saute quasiment dessus (« Je suis entrée ici vierge, je ne repartirai pas comme je suis venue » lui dit-elle avant de se livrer à un strip-tease intégral). L’intrigue ajoute à ses péripéties déjà chaotiques un tueur psychopathe armé d’une hache. Le film vaut surtout pour les exactions du lycanthrope – toujours impressionnant sous son maquillage bestial – qui se livre même à un saut de l’ange de toute beauté du haut d’une rambarde ! Cédant parfois à des excès gore dignes d’un Lucio Fulci (gros plans de visages ensanglantés, massacre à coup de faux et de fourche, cadavre en décomposition), L’Empreinte de Dracula nous offre aussi une audacieuse séquence de transformation au cours de laquelle Daninsky se mue en bête pendant qu’il fait l’amour à une femme, la malheureuse passant violemment de vie à trépas. Quant au plan final du film, il se révèle savoureusement ironique.

 

© Gilles Penso


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