DOUCE NUIT SANGLANTE NUIT 2 (1987)

Le jeune frère de l’assassin psychopathe du film précédent prend fièrement la relève, bien décidé à châtier tous les « vilains »…

SILENT NIGHT DEADLY NIGHT PART 2

 

ANNEE – USA

 

Réalisé par Lee Harry

 

Avec Eric Freeman, James L. Newman, Elizabeth Kaitan, Corinne Gelfan, Michael Combatti, Jill K. Allen, Darrel Guilbeau, Brian Michael Henley, Ken Weichert

 

THEMA TUEURS I SAGA DOUCE NUIT SANGLANTE NUIT

Face aux résultats honorables de Douce nuit sanglante nuit, les producteurs souhaitent capitaliser sur ce petit succès mais n’ont pas le budget nécessaire pour la mise en chantier d’un nouveau long-métrage. Ils demandent donc au monteur Lee Harry de partir tourner quelques scènes avec le comédien Eric Freeman, dans le rôle d’un malade mental enfermé dans un institut psychiatrique qui raconterait les péripéties principales du premier film. L’idée initiale est donc de ressortir Douce nuit sanglante nuit dans un nouveau montage, comme une sorte d’« édition spéciale ». Mais Harry trouve cette proposition frustrante. À l’aide du micro-budget à sa disposition, il décide de tourner beaucoup plus de séquences que prévu, notamment une série de meurtres perpétrés par ce nouveau personnage et racontés sous forme de flash-back, et de mêler ce nouveau matériau avec de larges extraits du premier film. Le résultat – très étrange – est donc une suite officielle baptisée Douce nuit sanglante nuit 2. L’action prend place la veille de Noël dans la chambre d’un hôpital psychiatrique où sévit Ricky Caldwell (Eric Freeman). Un psychiatre flegmatique, le docteur Henry Bloom (James Newman), vient écouter son témoignage et l’enregistre sur un magnétophone à bande. Rick raconte alors son enfance et celle de son frère, puis les méfaits de ce dernier à l’âge adulte. Les quarante premières minutes du métrage ressemblent ainsi à une version accélérée du premier film, entrecoupée régulièrement de brefs dialogues entre le jeune homme et le médecin.

Pour qui est déjà familier avec Douce nuit sanglante nuit, cette première partie n’offre donc qu’un intérêt très limité, si ce n’est les roulements d’yeux et les soulèvements de sourcil excessifs d’Eric Freeman. Mais à mi-parcours, les choses évoluent enfin. Le récit du jeune désaxé s’achevant sur la mort de son frère, il s’emploie ensuite à raconter ses propres méfaits. Traumatisé lui aussi dans son enfance par le meurtre de ses parents des mains d’un assassin déguisé en père Noël, martyrisé à son tour par la mère supérieure tyrannique d’un orphelinat, il a suivi le même parcours que son aîné. Sous ses allures de jeune homme bien comme il faut, Ricky s’est donc parfois laissé aller à des accès de folie meurtrière, s’en prenant à tous les « vilains » (brutes, malotrus, voyous) qui croisent son chemin. Cette croisade vengeresse prend une tournure encore plus inquiétante lorsque toute notion de bien et de mal finit par s’effacer dans son esprit malade…

« Ramassage des poubelles ! »

Les flash-backs de cette seconde partie sont bien sûr les éléments les plus réjouissants (toutes proportions gardées) du film, car leur exubérance n’a pas de limite. Le rouge excite Ricky comme un taureau dans une arène parce que cette couleur lui rappelle le Père Noël. De fait, dès qu’un rideau, une carrosserie ou un mouchoir écarlate traverse son champ de vision, le meurtre n’est pas loin. Il fait alors justice en criant « vilain ! » à tous ceux qu’il punit. Avant d’opter pour la hache comme le fit son frère, Ricky varie les plaisirs en matière d’arme du crime (l’assassinat au parapluie et le meurtre à la batterie de voiture sont gratinés !). Lorsqu’il bascule définitivement dans la folie, tirant sur tout ce qui bouge en ricanant et en lâchant des phrases absurdes (dont le fameux « ramassage des poubelles ! » qui a fait la grande joie d’Internet), Douce nuit sanglante nuit 2 devient un grand film comique involontaire. Si Eric Freeman n’est pas un acteur d’une grande subtilité, il faut reconnaître qu’il ne fut guère aidé par les indications contradictoires de l’équipe du film. Lee Harry le dirigeait comme s’il était Freddy Krueger, le co-scénariste Joseph Earle le poussait à en faire des tonnes. Le comédien, lui, penchait plutôt pour une approche taciturne et introvertie. D’où une prestation hybride du plus curieux effet. Le dernier acte du film reprend à son compte l’imagerie de Noël, quelque peu délaissée en cours de route, et nous offre un climax mouvementé dans la maison de la mère supérieure qui habite au numéro 666 ! La saga ainsi amorcée donnera suite à trois autres épisodes et un remake.

 

© Gilles Penso


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