THE LAIR (2022)

Prise en chasse par des insurgés au beau milieu du désert afghan, une pilote britannique découvre un bunker abritant des secrets inavouables…

THE LAIR

 

2022 – GB

 

Réalisé par Neil Marshall

 

Avec Charlotte Kirk, Jonathan Howard, Jamie Bamber, Kibong Tanji, Leon Ockenden, Mark Strepan, Hadi Khanjanpour, Troy Alexander

 

THEMA EXTRA-TERRESTRES I MUTATIONS

Neil Marshall est un réalisateur sympathique qui, faute de révolutionner le cinéma d’horreur et de science-fiction, parvient à le doter de petites pépites savoureuses souvent bourrées de références. L’un de ses motifs favoris – qu’il partage avec James Cameron, toutes proportions gardées – est la figure héroïque féminine dont seules la détermination et le courage sauront triompher d’une adversité monstrueuse. Cette récurrence, tout particulièrement mise en avant dans The Descent, Doomsday et Sorcière, est une fois de plus à l’honneur dans The Lair, dont le scénario est co-écrit par Marshall et son épouse Charlotte Kirk. Cette dernière hérite du rôle principal du film, celui du lieutenant Kate Sinclair, pilote de la Royal Air Force. Son jeu minimaliste et son charisme immédiat emportent d’emblée l’adhésion. Mais Marshall ne tient pas à s’attarder sur un prologue décrivant par le menu les personnages et la situation. Tout s’enclenche dans le feu de l’action, en plein ciel. L’avion de Sinclair est abattu alors qu’il survole une zone hostile de l’Afghanistan (reconstituée en Hongrie pour les besoins du film) et notre protagoniste prend aussitôt ses jambes à son cou, pourchassée par une horde de vilains enturbannés au beau milieu du désert.

De toute évidence, le contexte politico-guerrier n’est qu’un prétexte pour que Marshall multiplie les poursuites, les fusillades et les cascades. Le lieutenant Sinclair a d’ailleurs la gâchette facile, abattant des dizaines d’insurgés armés jusqu’aux dents qui ressurgissent pourtant toujours plus nombreux. En désespoir de cause, elle trouve refuge dans un bunker souterrain étrange, visiblement russe. Les lieux semblent avoir été quittés précipitamment depuis des décades, des cadavres desséchés reposent en vrac au milieu du désordre. L’endroit est d’autant plus sinistre qu’il est plongé dans les ténèbres, seulement éclairé par la lampe précaire qu’utilise Kate pour s’orienter. Et puis vient la découverte qui va définitivement faire basculer l’intrigue : des dizaines de corps humanoïdes sont en suspension dans des containers emplis d’un liquide indéfinissable. Les créatures sont immobiles… mais vivantes !

Déjà vu

En mentionnant l’année 1979 comme celle à partir de laquelle s’est noué le drame sur lequel repose son récit, Neil Marshall officialise en quelque sorte l’une des références majeures de son film : Alien. De fait, le classique de Ridley Scott irradie de sa présence The Lair, et plus encore sa séquelle Aliens dont Marshall reproduit le schéma désormais galvaudé de l’escouade militaire se heurtant à une horde de monstres agressifs – mécanique qu’il avait déjà déclinée dans son premier long-métrage Dog Soldiers. D’autres clins d’œil constellent le film, notamment The Thing et Les Douze salopards. Et c’est finalement là que le bât blesse. Malgré son énergie folle, sa gestion efficace du suspense, ses échauffourées bestiales (d’un coup de griffe, les monstres arrachent les peaux, les visages et les têtes) ou encore sa réécriture excentrique de l’invasion russe en Afghanistan (« Les Russes ont leur propre Roswell » résume l’un des protagonistes), The Lair croule sous le poids de ses références sans parvenir à évacuer le sentiment de déjà-vu. Comme en outre certains personnages sont traités sous un angle ouvertement caricatural (mention spéciale pour le major Finch, dur à cuire à l’œil bandé façon Nick Fury), on finit par assister à cette bataille contre des xénomorphes aux dents acérées d’un œil amusé mais distant.

 

© Gilles Penso


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