TROLL 2 (1990)

Une fausse suite de Troll souvent considérée comme l’un des pires films d’horreur de tous les temps…

GOBLINS / TROLL 2

 

1990 – USA / ITALIE

 

Réalisé par Claudio Fragasso

 

Avec Michael Stephenson, George Hardy, Margo Prey, Connie McFarland, Robert Ormsby, Deborah Reed, Jason Wright, Darren Ewing

 

THEMA SORCELLERIE I FANTÔMES I VÉGÉTAUX

Contrairement à ce que son titre pourrait logiquement faire croire, Troll 2 n’est pas la suite de Troll. Le scénario co-écrit par le réalisateur Claudio Fragasso et son épouse Rossella Drudi s’appelait d’ailleurs Goblins au départ. Mais les distributeurs américains décidèrent de profiter du succès (pourtant tout relatif) du film de John Buechler pour rebaptiser le film. Fragasso avait préalablement co-réalisé officieusement quelques œuvrettes débordant de mauvais goût telles que Virus cannibale, Les Rats de Manhattan ou Zombi 3. Son nom n’était donc pas gage de qualité (d’où sans doute l’utilisation du pseudonyme américanisé Drake Floyd au générique de Troll 2). Mais rien ne nous préparait pour autant à l’ampleur du massacre. Les conditions invraisemblables dans lesquelles ce film fut fabriqué permettent de comprendre en partie la nullité abyssale du résultat final. Pour commencer, le scénario des époux Fragasso est écrit dans un mauvais anglais à destination de comédiens qui n’y comprennent pas grand-chose mais sont sommés de respecter leurs dialogues à la lettre. L’équipe technique étant italienne, les acteurs américains, et aucun ne parlant la langue de l’autre, le tournage ressemble à un capharnaüm digne de la Tour de Babel. Pour couronner le tout, le producteur Joe d’Amato (réalisateur des inénarrables Blue Holocaust et Anthropophagous) serre les boulons de tous les côtés pour que le film coûte le moins cher possible, nommant même son amie la comédienne Laura Gemser (actrice peu pudique de nombreuses polissonneries dont la saga Black Emanuelle) créatrice des costumes pour faire des économies.

L’histoire de Troll 2 est celle d’une famille américaine qui décide d’aller passer un mois au grand air, échangeant pendant cette période sa maison en ville contre une masure coquette située dans la petite communauté rurale de Nilbog (un petit indice au passage : lisez ce nom à l’envers). Tout se passerait bien si Joshua (Michael Stephenson), le cadet de la famille, n’avait des visions récurrentes de son grand-père décédé le mettant en garde contre un grand danger. Selon lui, les habitants de la bourgade sont tous de redoutables goblins déguisés en humains qui vont leur offrir des mets empoisonnés pour les transformer en végétaux et ensuite les dévorer. Car ces petits monstres hideux sont végétariens, les bougres ! Bien sûr, personne ne croit aux mises en gardes du petit Joshua. Or la menace est bien réelle et les vilains goblins ne tardent pas à montrer le bout de leur nez crochu…

« Oh mon Dieu !!! »

On ne compte plus les séquences improbables qui jalonnent Troll 2 : Joshua qui urine sur la table pour empêcher sa famille de manger un repas suspect (« Que tu pisses sur l’hospitalité, c’est intolérable ! » s’écrie aussitôt son père), sa sœur Holly qui improvise une danse parfaitement ridicule devant un miroir, un type qui hurle de manière interminable « Oh mon Dieu !!! » avant de se retrouver transformé en plante en pot, une sorcière qui séduit une victime en l’embrassant avec un épi de maïs dans la bouche (leurs ébats provoquant soudain une pluie de popcorns !), un sandwich au jambon et au salami qui permet de repousser les monstres… Bien sûr, le clou du spectacle est l’apparition des goblins, des petites créatures délicieusement grotesques dont les masques en carton-pâte sont désespérément figés et dont les costumes ressemblent à des sacs de pomme de terre (preuve que Laura Gemser est bien meilleure actrice de films érotiques que costumière !). Les transformations des humains en plantes valent aussi le détour. Les malheureux s’agitent d’abord comme s’ils étaient pris d’une crise d’épilepsie, tandis qu’un liquide verdâtre poisseux coule sur leur visage. Leur corps se recouvre ensuite entièrement d’une matière visqueuse pseudo-végétale. Leurs doigts se muent en branche, leur poitrine se hérisse de feuilles, puis ils finissent sous la forme d’une sorte de salade verte géante en décomposition. Hilare ou affligé (au choix), le spectateur doit aussi subir l’interprétation d’acteurs tous plus catastrophiques les uns que les autres, avec une mention spéciale pour la sorcière (Deborah Reed) qui roule des yeux en surjouant de manière hystérique et pour le patron de la supérette (Don Packard) qui semble au bord de l’apoplexie (l’acteur flottait en réalité dans un état second, suite à une absorption massive de marijuana juste avant la prise). Considéré par beaucoup comme l’un des pires films de tous les temps, Troll 2 est forcément devenu un objet de culte auprès de connaisseurs qui s’en délectent régulièrement.

 

© Gilles Penso


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