CINDERELLA (1977)

Une comédie musicale burlesque et érotique qui revisite l’histoire de Cendrillon en déshabillant régulièrement tous ses personnages…

CINDERELLA

 

1977 – USA

 

Réalisé par Michael Pataki

 

Avec Cheryl Smith, Yana Nirvana, Marilyn Corwin, Jennifer Stace, Sy Richardson, Brett Smiley, Kirk Scott, Buckley Norris, Pamela Stonebrook, Ray Myles

 

THEMA CONTES I SAGA CHARLES BAND

En 1976, Bud Townsend réalise Alice in Wonderland : A Musical Porno qui, comme son titre l’indique très clairement, revisite le célèbre conte de fées sous un angle musical et érotique. Contre toute attente, cette bizarrerie produite par le spécialiste du cinéma d’exploitation Bill Osco remporte un succès suffisamment grand pour faire quelques émules. Parmi ces derniers se trouvent le scénariste Frank Ray Perilli et le distributeur Brandon Chase, qui aimeraient s’engouffrer dans la brèche. Les deux hommes parviennent à convaincre leur poulain Charles Band (avec qui ils viennent de collaborer sur Last Foxtrot in Burbank, Massacre Mansion et Crash) de produire son propre conte de fées dénudé et chantant. Armé d’un budget de 400 000 dollars, Band confie la réalisation à Michael Pataki (déjà signataire pour lui du film d’horreur Massacre Mansion) et se démène comme il peut pour réunir les figurants, les costumes, les chevaux, les carrosses et les décors nécessités par le scénario. Sans compter les nombreux numéros musicaux qui nécessitent des danses et des chants. De l’aveu même du jeune producteur, les scènes érotiques auront finalement été les plus simples à tourner. Il faut dire que les acteurs – et surtout les actrices – ne sont ni farouches ni pudiques et semblent passer un bon moment sur le plateau.

Le scénario écrit par Frank Ray Perilli suit à peu près la trame classique du conte tel qu’il fut popularisé par Charles Perrault en ajoutant chaque fois que possible de la nudité, des orgies, de la nymphomanie et de l’humour au ras des pâquerettes. Cendrillon est bien sûr une jeune fille ingénue et naïve (incarnée par Cheryl Smith, que Band allait retrouver dans Rayon laser et Parasite) tandis que ses belles-sœurs et sa belle-mère grimaçantes rivalisent de laideur et de vulgarité. Tout ça ne vole évidemment pas très haut, d’autant que les chansons aux paroles simplistes et les chorégraphies réduites à leur plus simple expression n’ont rien pour marquer durablement les mémoires. Alors que la routine commence tranquillement à s’installer, une séquence de cauchemar improbable vient secouer les spectateurs : un homme presse les seins de Cendrillon pour en faire jaillir du lait et ses belles-sœurs font pénétrer dans son intimité des épis de maïs qui se muent en popcorns !

Disco Party

L’intrigue prend une tournure un peu plus intéressante lorsque surgit chez Cendrillon un voleur (Sy Richardson) qui, face à la candeur de la jeune fille, se fait passer pour sa marraine. Cette version noire, funky et (faussement) efféminée de la bonne vieille fée annonce celle du calamiteux Cendrillon de 2021, si ce n’est qu’ici nous sommes au second degré. « Une marraine fée n’est-elle pas censée être une femme ? » s’interroge d’ailleurs l’héroïne. Ce à quoi il répond « Une fée peut être des deux bords ! » La chanson montée en parallèle entre le voleur (qui s’agite sur un tempo disco en pillant la maison) et l’ingénue (qui susurre innocemment dans son bain) est sans doute le meilleur morceau musical du film. Avec la baguette magique improbable qu’il trouve dans son sac (une sorte de vieux klaxon scotché à une tige en bois avec un papillon en plastique au bout et un préservatif qui se gonfle quand on l’actionne !), le voleur assume finalement son rôle usurpé de fée en donnant à Cendrillon les atours d’une princesse et en muant une pastèque et quatre escargots en carrosse tiré par un quatuor de chevaux. La scène du bal sollicite beaucoup de figuration costumée et un décor médiéval qui tient la route, preuve que Charles Band est déjà un virtuose dans l’art de la production bon marché. La danse baroque qui se tient à la cour se mue rapidement en « disco party », ce qui est parfaitement dans l’air du temps (La Fièvre du samedi soir sortira sur les écrans six mois plus tard). Rien de mémorable, certes, mais ce Cinderella déluré remportera tout de même un très honorable succès. Pour autant, le Cinderella part 2 annoncé dans le générique de fin ne verra jamais le jour, Band ayant décidé de se séparer de son distributeur Brandon Chase connu pour ses malversations financières.

 

© Gilles Penso


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