LE SILENCE DES JAMBONS (1994)

Une parodie potache qui tente de mélanger le scénario de Psychose avec celui du Silence des agneaux…

THE SILENCE OF THE HAMS / IL SILENZIO DEU PROSCIUTTI

 

1994 – USA / ITALIE

 

Réalisé par Ezio Greggio

 

Avec Ezio Greggio, Dom DeLuise, Billy Zane, Joanna Pacula, Charlene Tilton, Martin Balsam, Stuart Pankin, John Astin

 

THEMA TUEURS

L’idée de cette parodie est née dans l’esprit du scénariste, réalisateur et acteur Ezio Greggio le jour où un ami pointe du doigt sa ressemblance physique (toute relative, il faut bien l’avouer) avec le comédien Anthony Perkins. Aussitôt germe l’idée d’un pastiche de Psychose dans lequel Greggio incarnerait bien sûr un émule de Norman Bates. Mais son premier scénario ne déclenche pas l’enthousiasme espéré. Les producteurs craignent en effet que les allusions à un film du début des années 1960 ne fassent pas mouche aux yeux du public. Pourquoi ne pas chercher à se moquer de succès plus récents, comme Le Silence des agneaux par exemple ? Greggio revoit donc sa copie sans pour autant abandonner l’idée première. Il se retrouve finalement avec un scénario hybride mélangeant la trame du thriller horrifique de Jonathan Demme avec celle du classique d’Alfred Hitchcock. Ironiquement, Psychose et Le Silence des agneaux s’inspiraient tous deux partiellement du même tueur psychopathe Ed Gein. Pour gorger son film d’humour, Ezio Greggio choisit de se laisser influencer par les mécanismes comiques des films de Mel Brooks (Frankenstein Junior) et surtout ceux du trio Zucker-Abrahams-Zucker (Y’a-t-il un pilote dans l’avion ?). L’intention est louable. Le résultat n’est malheureusement pas du tout à la hauteur.

Jeune recrue du FBI, l’agent Jo Dee Fostar (Billy Zane) vient de se voir confier sa première grosse affaire : il doit identifier et appréhender un redoutable tueur en série, mais il ne dispose que d’une piste potentielle : un criminel génial mais ignoble interné à la Maison de Dingues d’Hollywood. Il s’agit du docteur Animal Cannibal Pizza (Dom DeLuise), un pizzaïolo doublé d’un criminel dont les garnitures sont constituées des différentes parties du corps de ses victimes. Jo le rencontre dans l’aile de haute sécurité de l’institut psychiatrique et commence une série d’entretiens avec lui. Parallèlement, Jane (Charlene Tilton), la fiancée de Jo, rêve de trouver un moyen d’améliorer sa situation financière afin de pouvoir l’épouser. Dans l’agence immobilière où elle est employée, elle dérobe 400 000 dollars et prend la fuite avant de trouver refuge dans un sinistre établissement tenu par l’étrange Antonio Motel (Ezio Greggio).

La psychose des agneaux

Le Silence des jambons avait beaucoup d’atouts dans sa poche, dont le moindre n’est pas d’avoir compris et digéré les ingrédients de l’exercice parodique. Le film est donc généreux en gags visuels, en jeux de mots, en blagues à répétition et en clins d’œil cinéphiliques tous azimuts. Au-delà du Silence des agneaux et de Psychose, Ezio Greggio pastiche ainsi Basic Instinct, Misery, le Dracula de Coppola, La Famille Addams, Total Recall, le clip Thriller et même la scène de la cantina de La Guerre des étoiles. Pétrie de bonnes intentions, cette comédie burlesque échoue pourtant sur toute la ligne et ne fait rire que de manière très épisodique. Les gags sont pesants, mal amenés, prévisibles, maladroitement mis en scène et interprétés approximativement par des acteurs qui semblent ne pas vraiment comprendre ce qu’on attend d’eux. Comme en outre Greggio ne sait visiblement pas comment rythmer ses effets comiques, tous ou presque tombent lamentablement à plat, suscitant plus d’embarras que de sourires. Quel malaise de voir le pourtant formidable Billy Zane s’efforcer gauchement d’agiter nos zygomatiques ! Le cinéaste italien s’était pourtant donné les moyens de ses ambitions, sollicitant même un grand nombre de guest-stars prestigieuses (Mel Brooks, John Landis, Joe Dante, John Carpenter, Eddie Deezen, Martin Balsam, John Astin). En vain hélas. Poussif, Le Silence des jambons ne fit donc pas beaucoup d’éclat et disparut tranquillement de la circulation…

 

© Gilles Penso


Partagez cet article