DONJONS ET DRAGONS : L’HONNEUR DES VOLEURS (2023)

Malmené au cinéma dans les années 2000, le jeu de rôle « Donjons et Dragons » tente une nouvelle percée spectaculaire sur grand écran…

DUNGEONS & DRAGONS : HONOR AMONG THIEVES

 

2023 – USA

 

Réalisé par Jonathan Goldstein et John Francis Daley

 

Avec Chris Pine, Michelle Rodriguez, Regé-Jean Page, Justice Smith, Sophia Lillis, Hugh Grant, Chloe Coleman, Daisy Head, Jason Wong, Bradley Cooper

 

THEMA DRAGONS I HEROIC FANTASY I SORCELLERIE ET MAGIE

Jusqu’alors, la transposition du jeu de rôle « Donjons et Dragons » au cinéma n’avait rien de particulièrement enthousiasmant. Il faut dire que le long-métrage de Courtney Salomon et ses deux suites, sortis respectivement en 2000, 2005 et 2012, ressemblaient à de mauvaises blagues affublées d’effets spéciaux hideux, d’acteurs en roue libre et de scénarios grotesques. Pas démontés pour autant, le réalisateur Chris McKay et le scénariste Michael Gilio tentent une nouvelle adaptation à l’écran de cet univers d’heroic-fantasy au fort potentiel spectaculaire. Mais le projet n’en finit plus de passer de mains en mains et de studio en studio. C’est finalement Paramount qui aura le dernier mot, confiant la réalisation de Donjons et Dragons : l’honneur des voleurs aux duettistes John Francis Daley et Jonathan Goldstein. Ces derniers en signent aussi le scénario avec Michael Gilio, puisant plusieurs éléments dans le script initial co-écrit avec Chris McKay. L’ambition du film est de mêler le fantastique, l’aventure épique et la comédie en adoptant une approche au second degré. Parmi leurs influences, Daley et Goldstein citent pèle mêle Princess Bride, Sacré Graal, Le Seigneur des Anneaux et Les Aventuriers de l’arche perdue. Belles références, nous en conviendront. L’équipe s’embarque alors pour un tournage de quatre mois qui commence en Islande et s’achève en Irlande du Nord.

Après l’assassinat de son épouse par une horde de sorciers rouges, le ménestrel Edgin (Chris Pine) rompt son serment et devient voleur. Les comparses qui participent à ses larcins sont la barbare Holga (Michelle Rodriguez), le malicieux Forge (Hugh Grant) et la sorcière Sofina (Daisy Head). Pour son dernier grand coup, Edgin rêve de dérober la légendaire amulette de renaissance afin de ramener sa défunte femme d’entre les morts. Mais Holga et lui se font attraper la main dans le sac et sont jetés en prison. Sofina et Forge parviennent quant à eux à prendre la fuite et promettent de veiller sur Kira (Chloe Coleman), la fille d’Edgin. Nos deux captifs finissent par s’évader au bout de deux ans et reprennent leur quête, accompagnés de deux nouveaux complices : le magicien Simon (Justice Smith), dont les pouvoirs se révèlent très approximatifs, et la druidesse Doric (Sophia Lillis), capable de se transformer en toutes sortes d’animaux. Un paladin particulièrement charismatique, Xenk (Regé-Jean Page), accepte de leur prêter main forte momentanément. Sa présence ne sera pas superflue face à l’infinité de dangers et de sortilèges qui les guettent…

Jeux de drôles

Le moyen-âge imaginaire dans lequel se déroule Donjons et Dragons : l’honneur des voleurs est donc un monde fantastique où surgissent çà et là des créatures bizarres, des elfes, des magiciens et des sorcières. Étrangement, les dragons n’y font que de brèves et furtives apparitions, ce qui peut légitimement surprendre étant donné le titre du film. Quelques séquences originales et audacieuses ponctuent le métrage, comme la fuite de Doric qui n’en finit pas de se transformer (en insecte, en rat, en rapace, en chat, en biche) pendant que Sofina se lance à ses trousses. Ce morceau d’anthologie semble s’inspirer du Merlin l’enchanteur de Disney, de Willow… et peut-être même de la série Manimal ! On note aussi des décors très graphiques, notamment ce cimetière embrumé qu’on croirait presque échappé de L’Armée des ténèbres (et où les morts seront d’ailleurs provisoirement ramenés à la vie). Hugh Grant semble prendre beaucoup de plaisir à jouer les fourbes gorgés de duplicité, même s’il en fait un peu trop. Chris Pine et Michelle Rodriguez nous livrent de leur côté les prestations qu’on attend d’eux, respectivement le héros sympathique et la guerrière dure à cuire. On s’amuse au passage de la petite apparition de Bradley Cooper dans le rôle d’un villageois grand comme un Hobbit. L’idée la plus intéressante du scénario est sans doute d’adopter les mécanismes du « film de casse » s’appuyant sur une équipe dysfonctionnelle dont les capacités et l’héroïsme sont bien fragiles. Certes, Donjons et Dragons : l’honneur des voleurs n’a rien d’un chef d’œuvre et s’oublie rapidement après son visionnage. Mais c’est une honorable réhabilitation cinématographique du jeu créé dans les années 1970 par Gary Gygax et Dave Arneson.

 

© Gilles Penso


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