RÊVES ET CAUCHEMARS (2006)

Comme à l’époque de Creepshow, Stephen King s’essaie à l’exercice de l’anthologie d’histoires courtes horrifiques à travers cette mini-série…

NIGHTMARES AND DREAMSCAPES

 

2006 – USA / AUSTRALIE

 

Créée par Stephen King

 

Avec William Hurt, Claire Forlani, Eion Bailey, William H. Macy, Jacqueline McKenzie, Ron Livingston, Henry Thomas

 

THEMA JOUETS I DIABLE ET DÉMONS I MÉDECINE EN FOLIE I MORT I FANTÔMES I SAGA STEPHEN KING

En 2006, beaucoup de nouvelles de Stephen King n’avaient pas encore été portées à l’écran. La série Rêves et cauchemars, initiée par l’écrivain lui-même, comble partiellement cette lacune en adaptant huit histoires courtes au fort potentiel visuel. Comme l’indique le titre, la plupart d’entre elles sont issues du recueil « Rêves et Cauchemars » paru en 1993. Mais d’autres proviennent de « Tout est fatal » (2002) et de « Danse macabre » (1978). Le premier épisode, « Les Petits soldats », réalisé par Brian Henson, est une merveille de mise en scène sollicitant des effets visuels extrêmement performants. Après avoir abattu un vendeur de jouets, un tueur professionnel (William Hurt) y est attaqué dans sa chambre par des petits soldats et leur redoutable arsenal. Soutenu par une excellente musique de Jeff Beal, cet épisode sans paroles profite du charisme de Hurt, impeccable dans le rôle de cet homme froid, méthodique et solitaire. L’influence de l’épisode de la poupée tueuse de Trilogy of Terror de Dan Curtis est manifeste. Le second épisode, « Crouch’s End », adapte une nouvelle conçue comme un hommage énamouré aux écrits de H.P. Lovecraft. Si le texte distille une épouvante efficace, son adaptation à l’écran fonctionne beaucoup moins bien. Mal rythmé, l’épisode s’achève par le surgissement d’une pieuvre en image de synthèse aussi peu crédible que les monstres des téléfilms produits par SyFy.

Le troisième épisode, « La dernière affaire d’Umney » de Rob Bowman, met en scène un détective tout droit sorti d’un polar rencontrant l’écrivain qui l’a imaginé. Cet opus nous propose une reconstitution impressionnante du Los Angeles de 1938 et offre à William H. Macy un double rôle savoureux. Mikael Salomon dirige le quatrième épisode, « Le Grand bazar », sur un scénario de Lawrence D. Cohen (Carrie, Ça). Un scientifique y invente un produit qui éradique la violence en même temps que l’intelligence chez ceux à qui il est administré. Le monologue du personnage principal provient principalement de la nouvelle, et le scénario intègre habilement la réalité des attentats du 11 septembre 2001 dans le récit, alors que ceux de la nouvelle étaient imaginaires. Réalisé par Sergio Momica-Gezzan, « Quand l’auto-virus met cap au nord » met en scène Tom Berenger dans le rôle d’un écrivain de romans d’épouvante harcelé par un tableau hanté qu’il a acheté dans un vide grenier. Le scénario de Peter Filardi ajoute quelques éléments intéressants absents du texte original, notamment la maladie qui frappe l’auteur. Le chauffeur fantôme/cannibale qui suit le même itinéraire que lui en constitue une habile métaphore.

Morts ou vifs ?

Le sixième épisode, « Quatuor à cinq », dirigé par Rob Bowman, s’écarte des territoires du fantastique pour construire un suspense efficace autour de la recherche des quatre parties déchirées d’un plan indiquant la cachette d’un butin. Mikael Salomon reprend les rênes pour l’épisode « Salle d’autopsie quatre ». Le corps d’un homme mordu par un serpent venimeux est emmené à la morgue pour une autopsie. Mais l’homme est toujours vivant et tente désespérément de le faire savoir à ceux qui l’entourent. On ne peut s’empêcher de penser à Je suis vivant ! d’Aldo Lado, avec lequel cette histoire courte présente de nombreux points communs. La nouvelle, racontée à la première personne, déploie un suspense très efficace, mais aussi une bonne dose d’ironie que l’on retrouve fidèlement dans l’adaptation, offrant à la trop rare Greta Scacchi le rôle du médecin chargé de l’autopsie. Dernier épisode de Rêves et cauchemars, « Un Groupe d’enfer » de Mike Robe commence comme Les Démons du maïs. Un couple en voiture se dispute et se perd dans un chemin de campagne jusqu’à se retrouver dans un village hanté par d’anciennes stars décédées du rock’n roll. Cet épisode cauchemardesque s’achève sur une image vertigineuse digne de La Quatrième dimension, qui reste l’une des sources d’inspiration majeures de Stephen King. Sans atteindre les sommets de l’anthologie horrifique que l’écrivain imagina pour Creepshow avec son complice George Romero, cette mini-série se déguste avec beaucoup de plaisir, grâce à ses scripts inventifs, ses réalisations solides et son casting de haut niveau.

 

© Gilles Penso


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