AQUAMAN ET LE ROYAUME PERDU (2023)

L’homme-poisson de chez DC revient faire plouf dans cette suite pataude et embarrassante…

AQUAMAN AND THE LOST KINGDOM

 

2023 – USA

 

Réalisé par James Wan

 

Avec Jason Momoa, Patrick Wilson, Amber Heard, Yahya Abdul-Mateen II, Randall Park, Dolph Lundgren, Temuera Morrison, Martin Short, Nicole Kidman

 

THEMA SUPER-HÉROS I MONSTRES MARINS I SAGA DC COMICS

Nous avions déjà touché le fond avec Aquaman, dont la balourdise, le scénario translucide et l’overdose d’images de synthèse semblaient avoir fait atteindre un point de non-retour aux films de super-héros. Que fallait-il espérer d’une suite ? Pas grand-chose, bien sûr. James Wan parvient pourtant à faire pire, dans une sorte de démarche autodestructrice qui nous laisse dubitatifs. Jason Momoa serait lui-même le premier à avoir proposé des idées d’intrigues pour ce second opus. Conçu comme une sorte de buddy movie aquatique, le film oblige notre massif héros barbu à collaborer avec son frère ennemi Orm (Patrick Wilson) pour affronter un vilain surpuissant, selon une mécanique narrative héritée du duo Thor / Loki de Thor Ragnarok. Leur mission commune, effectuée à contre-cœur (on râle, on fronce des sourcils, on s’envoie des piques), les plonge d’abord dans une jungle surdimensionnée où les insectes sont gros comme des éléphants, à la manière du monde dépeint dans Ant-Man et la Guêpe : Quantumania. Au lieu d’essayer de forger sa propre identité, le DC Cinematic Universe continue donc désespérément d’être à la traîne derrière son concurrent Marvel, pourtant lui-même en fâcheuse posture après plusieurs échecs répétés au box-office.

Conforme au personnage tel qu’il le jouait dans le premier film – et dans Justice League -, Momoa est un super-héros lourdaud et mal dégrossi, qui vante les mérites des burgers, des tacos, des pizzas et de la bière pour essayer de dérider son frère. Cette séquelle l’affuble désormais d’un bébé, ce qui n’a pas une folle incidence sur le scénario, pas plus que sa bien-aimée sirène incarnée par Amber Heard, laquelle pourrait facilement disparaître du film sans y changer grand-chose. Le grand méchant est désormais Black Manta (Yahya Abdul-Mateen II) qui a décidé de provoquer un cataclysme à l’échelle planétaire pour réveiller une ancienne civilisation diabolique parce qu’il est très énervé contre Aquaman. Voilà pour la motivation. L’intégration du réchauffement climatique et du danger environnemental que courent les océans dans cette histoire décousue n’est donc qu’un vague prétexte scénaristique asséné au public avec beaucoup de maladresse.

Aqua bon ?

Il y a certes un aspect qui semblait séduisant dans ce second Aquaman : la convocation d’une imagerie pop rétro inspirée notamment par La Planète des vampires de Mario Bava (les combinaisons en cuir des astronautes), L’île mystérieuse de Cy Endfield (les scaphandres, les céphalopodes géants) et tout un pan de la culture pulp de SF-fantasy (avec le déploiement d’un bestiaire original). Mais toutes ces références n’ont pas la moindre pertinence dans le contexte d’un film donnant en permanence le sentiment de chercher sa juste tonalité, son propre style, voire sa raison d’être. Que penser de ce quasi-plagiat du Retour du Jedi le temps d’une séquence reproduisant la cour bigarrée de Jabba the Huth ? Que dire de ces dialogues bourrés de clins d’œil référentiels (à Harry Potter, à Seul au monde et même à Thor) ? James Wan semble lui-même ne pas trop savoir ce qu’il fait, imitant parfois James Gunn en ponctuant sa bande originale de tubes pop et soul des années 70, projetant au visage de Jason Momoa de l’urine de bébé ou du crachat de pieuvre dans l’espoir un peu vain de faire rire son public. Et quelle tristesse de voir Nicole Kidman ou même Dolph Lundgren s’efforçant de prendre un air grave en déclamant des dialogues absurdes tandis que leurs faux cheveux en image de synthèse s’agitent mollement pour nous faire croire qu’ils sont sous l’eau ! Nous sommes clairement arrivés au bout d’une logique et au terme d’une franchise qui n’a plus rien à offrir à ses spectateurs. Un vent nouveau s’impose d’urgence.

 

© Gilles Penso


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