JUSTICE LEAGUE (2017)

L'équivalent DC des Avengers n'aura pas été l'apothéose espérée mais un patchwork maladroit et indécis

JUSTICE LEAGUE

2017 – USA

Réalisé par Zack Snyder

Avec Ben Affleck, Gal Gadot, Jason Momoa, Henry Cavill, Jeremy Irons, Amy Adams, J.K. Simon

THEMA SUPER-HEROS I SAGA SUPERMAN I DC COMICS I BATMAN I WONDER WOMAN

Si la franchise DC Comics acquise par Warner peine tant à rattraper l’avance colossale de sa concurrente Marvel/Disney, ce n’est pas tant à cause du déséquilibre quantitatif qu’à cause d’une incapacité manifeste à trouver le ton juste. Pire encore que le personnage de Spider-Man qui aura été rebooté trois fois d’affilée en à peine quinze ans, Batman et ses amis de la ligue de la justice n’en finissent plus de tenter de se redéfinir à l’écran jusqu’à totalement désarçonner le public. Après la trilogie Dark Knight de Christopher Nolan qui ressuscitait avec panache le personnage de l’homme chauve-souris laissé en bien piteux état dans les années 90 par Joel Schumacher, Warner changeait subitement de cap pour tout effacer et tout recommencer sur un ton différent, moins réaliste, plus science-fictionnel et plus tragique. A peine les spectateurs se remettaient-ils de cette nouvelle tonalité imposée par Man of Steel et Batman V Superman que la franchise bifurquait soudain dans une direction totalement autre, avec un éléphantesque Suicide Squad cherchant visiblement à conquérir les aficionados de Deadpool en cultivant une insolence artificielle et un caractère subversif trop calculé pour être honnête. Avec Wonder Woman, le juste équilibre semblait enfin avoir été trouvé entre l’aventure mythologique ample, le drame humain sur fond de Grande Guerre, les séquences d’action virtuoses et les touches d’humour parcimonieuses.

Mais voilà que Justice League casse tout en tentant une nouvelle rupture de ton. Puisque les super-héros doivent désormais faire équipe (pour répondre au succès des Avengers), autant les transformer en boute-en-train peu avares en bons mots et en blagues potaches. Dans Justice League, Batman multiplie ainsi les punchlines dignes du Arnold Schwarzenegger des années 80, Aquaman est un lourdaud qui jette des bouteilles d’alcool à la mer (lui, le protecteur des océans ?!) en lâchant des vannes graveleuses, Flash est l’archétype du geek insupportable dont tant de films hollywoodiens semblent vouloir s’encombrer et même Superman, tout juste revenu d’entre les morts, tente le calembour avec une nonchalance que nous ne lui connaissions pas. Comment s’attacher à de tels super-héros ? D’autant que le nœud de l’intrigue lui-même (un méchant tout-puissant qui veut régner sur le monde en réunissant trois boîtes magiques) nous laisse gentiment indifférents, tout comme les séquences régulières de combats/destructions/bandes démos numériques qui scandent le métrage. 

Fondamentalement incohérent

On sait que Justice League aurait dû être un autre film, que Zack Snyder dut quitter le tournage à cause d’un drame familial et que Warner fit retourner de nombreuses séquences et remonter l’ensemble du métrage en dépit du bon sens. Cet état de fait explique beaucoup de choses et nous pousse à nous interroger sur le résultat qu’aurait donné un film supervisé du début à la fin par le même cinéaste. En l’état, voilà un film pataud et fondamentalement incohérent qui ne sait pas sur quel pied danser, à l’image de la bande originale de Danny Elfman qui, sans raison logique à part une volonté démagogique de caresser le fan dans le sens du poil, mélange les nouveaux thèmes avec ceux du Superman de Richard Donner et ceux du Batman de Tim Burton.

 

© Gilles Penso

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