HERCULE À LA CONQUÊTE DE L’ATLANTIDE (1961)

Reg Park campe un héros mythologique nonchalant et castagneur dans cette aventure peuplée de sortilèges et de magie…

ERCOLE ALLA CONQUISTA DI ATLANTIDE

 

1961 – ITALIE

 

Réalisé par Vittorio Cottafavi

 

Avec Reg Park, Fay Spain, Ettore Mani, Luciano Marin, Laura Efrikian, Mario Valdemarin, Mimmo Palmara, Salvatore Furnari, Raf Baldassare, Mino Doro

 

THEMA MYTHOLOGIE

Un an après La Vengeance d’Hercule, Vittorio Cottafavi rempile pour une nouvelle aventure mythologique aux gros bras. Succédant à Mark Forest, Reg Park incarne à son tour le demi-dieu taillé comme un culturiste. Très impliqué au point de faire toutes ses cascades lui-même faute de trouver une doublure aussi grande que lui (ce qui lui vaudra quelques sérieuses blessures lors du tournage d’une scène de naufrage), Park n’a pas beaucoup de charisme mais sa version débonnaire d’Hercule, sorte de gros nounours sympathique, emporte l’adhésion. Co-scénariste d’Hercule à la conquête de l’Atlantide, Duccio Tessari sera l’un des auteurs phares d’un genre cinématographique sur le point de dominer les écrans italiens puis mondiaux : le western spaghetti. Le film s’ouvre sur une improbable bagarre de saloon dans une auberge où Hercule déjeune imperturbablement tandis que tous les belligérants, hilares, se castagnent avec fracas. Le devin Tiresias (Nando Tamberlani) ayant prédit que la Grèce était menacée par un royaume inconnu, Androcles (Ettore Manni), roi de Thèbes, décide de partir affronter ce danger. Hercule se joindrait bien à lui, mais sa femme Déjanire (Luciana Angiolillo) et son fils Hylos (Luciano Marin) souhaitent qu’il reste près d’eux. L’intrigue pourrait s’arrêter là mais il faut bien reconnaître que le film n’aurait alors rien de particulièrement palpitant !

Androcles fait donc preuve de fourberie et drogue Hercule pour le forcer à partir avec lui en expédition. Au lieu de s’en offusquer, le demi-dieu prend ça à la légère et passe tranquillement le voyage à dormir et manger. Dès leur première escale, l’équipage – principalement constitué de brigands – tente une mutinerie, mais Hercule les arrête brutalement dans leur révolte et les abandonne sur la plage. Puis survient la terrible tempête nocturne (celle qui valut à l’acteur plusieurs sévères contusions). Abandonné à son sort sur un bout d’épave, Hercule débarque sur une île inconnue où l’attend une vision surréaliste : une jeune fille prisonnière de la roche. Pour la libérer, il va devoir affronter Prothée, un monstre multiforme qui prend tour à tour l’apparence d’un vieillard, d’un gros serpent, d’un lion, d’un vautour et d’un dragon franchement ridicule. Bipède, de taille humaine, affublé d’une grosse tête à mi-chemin entre l’iguane, le dinosaure et le crapaud, il crache feu et fumée. Hercule finit par le terrasser en lui arrachant sa corne nasale, aux accents d’une musique synthétique totalement anachronique qu’on croirait issue de Planète interdite.

Des trucages signés Mario Bava

C’est là que s’amorce vraiment l’histoire du film. Car en sauvant la prisonnière, notre héros découvre son monde, l’Atlantide, reconstitué à Cinecitta à grand renfort de figurants en toge, de décors immenses et de matte paintings. Les Atlantes sont des adorateurs du dieu Uranus et leur reine tyrannique, Antinéa, est interprétée par Fay Spain. Adepte du sacrifice humain, elle fait jeter les sujets qui ne la satisfont pas dans un bassin d’acide, duquel ils ressortent sous forme de squelettes immaculés. Cette souveraine dominatrice et manipulatrice n’est pas sans évoquer celle d’Hercule et la Reine de Lydie. Tout au long de l’aventure, le colossal barbu sera aidé par son fils Hylos et par le nain Timothéo (Salvatore Furnari). Pour fantaisiste qu’il soit, le scénario s’offre parfois quelques détours visant à refléter les mentalités de la société de l’époque. Ainsi note-t-on une salve amusante contre les politiciens lors de la séquence du conseil des trente, où chacun tente de tirer la couverture à soi au lieu de s’unir pour la même cause. Le pouvoir des Atlantes eux-mêmes, issu d’une goutte de sang solidifiée du dieu Uranus, semble vouloir faire écho à la force de destruction de la bombe atomique, alors au cœur des inquiétudes d’un monde plongé dans la Guerre Froide. Ponctué de séquences saisissantes (le palais d’Antinéa jonché de cadavres, Hercule face à une dizaine de guerriers invincibles qui ont tous le même visage, une vallée de lépreux qui rappelle ceux de Ben Hur, un cataclysme final spectaculaire), Hercule à la conquête de l’Atlantide bénéficie d’effets spéciaux inventifs conçus par Mario Bava. Ce dernier, déjà réalisateur officiel grâce au Masque du démon, dirigera la même année Hercule contre les vampires, toujours avec Reg Park.

 

© Gilles Penso


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