OPÉRATION GOLDMAN (1966)

Un agent secret enquête sur le sabotage de plusieurs fusées en partance pour la Lune et met à jour le complot d’un redoutable super-vilain…

OPER AZIONE GOLDMAN

 

1966 – ITALIE / ESPAGNE

 

Réalisé par Antonio Margheriti

 

Avec Anthony Eisley, Wandisa Guida, Diana Lorys, Luisa Rivelli, Folco Lulli, Francisco Sanz, José Maria Caffarel, Renato Montalbano, Oreste Palella

 

THEMA ESPIONNAGE ET SCIENCE-FICTION

Coup sur coup, James Bond contre docteur No, Bons baisers de Russie, Goldfinger et Opération tonnerre secouent le box-office mondial dans les années 60. Aussitôt, la « spy mania » gagne les cinématographies de la planète entière. En ce domaine, l’Italie n’est pas en reste. D’où cette co-production avec l’Espagne qui permet à Antonio Margheriti, habitué à l’horreur (La Vierge de Nuremberg, Danse macabre, La Sorcière sanglante) et à la science-fiction (Le Vainqueur de l’espace, La Planète des hommes perdus), de se plier à son tour aux codes du genre, sous son pseudonyme habituel d’Anthony Dawson. En tête d’affiche, le cinéaste dirige deux familiers du cinéma bis : l’Américain Anthony Eisley (La Femme guêpe, The Mighty Gorga, Dracula contre Frankenstein, L’Invasion des cocons) et l’Espagnole Diana Lorys (L’Horrible docteur Orloff, Superargo contre les robots, Malenka la vampire, Les Cauchemars naissent la nuit). Le titre Opération Goldman reste un mystère dans la mesure où personne ne porte ce nom dans le film. Sans doute est-ce une allusion aux crédits financiers sans limite dont bénéficie le héros, doublée d’un clin d’œil à Goldfinger (comme le fit l’année précédente le Dr Goldfoot). Les Américains, eux, rebaptisent le film Lightning Bolt et se réfèrent à Opération tonnerre avec le slogan « he strikes like a ball of thunder » (« il frappe comme un coup de tonnerre »).

À Cap Kennedy, six lancements de fusées vers la Lune ont échoué l’un après l’autre dans des circonstances étranges. Inquiet d’un possible sabotage aux répercussions internationales, le département « S » de la Commission fédérale de sécurité mandate l’agent secret Harry Senneth (Anthony Eisley) pour mener l’enquête. Contrairement à sa supérieure, la rigoureuse capitaine Patricia Flanagan (Diana Lorys), qui privilégie les méthodes musclées, Senneth préfère les solutions élégantes : costumes de luxe, humour caustique et chéquier illimité de la banque fédérale. Un style bien à lui pour infiltrer les milieux suspects. L’affaire se complique avec la mystérieuse disparition du Dr Rooney (Francisco Sanz), un éminent scientifique du programme spatial. Avant de s’évanouir dans la nature, Rooney avait détecté d’inquiétants signaux de radiation provenant des fonds marins, près du centre spatial. Il soupçonnait que ces anomalies déviaient les fusées de leur trajectoire, provoquant leur destruction. Au fil de leurs investigations, Flanagan et Senneth remontent la piste jusqu’à un baron de la bière aux ambitions démesurées…

L’espion qui mimait

Pas franchement charismatique, Anthony Eisley campe ici un espion désinvolte à la Matt Helm auquel il est bien difficile de s’attacher, tant il semble lui-même peu concerné par ce qui se passe autour de lui, se contentant de mimer mécaniquement la prestation de Sean Connery. Diana Lorys est bien mieux lotie, quoique très sous-exploitée dans le film. La maîtrise des arts-martiaux dont est dotée son personnage n’est en effet jamais mise à contribution, l’agent qu’elle incarne disparaissant au beau milieu de l’intrigue pour ne réapparaître qu’à la toute fin. Opération Goldman ne manque pas de séquences d’action ambitieuses (la tentative de noyade dans le silo, la poursuite automobile à Cap Kennedy, le combat contre les chariots élévateurs), même si elles sont parfois entravées par des trucages approximatifs (incrustations hasardeuses, maquettes très identifiables). L’amateur de science-fiction se délectera surtout de la seconde partie du métrage au cours de laquelle toutes les folies sont autorisées, des camions de bière qui cachent des rayons laser à la grande cité sous-marine en passant par les volcans aquatiques artificiels, les scientifiques en hibernation ou encore le canon laser sur le point d’être installé sur la Lune et commandé par un cerveau électronique. Margheriti s’offre même quelques écarts horrifiques au moment où les hibernés se décomposent un à un dans leurs cylindres translucides. Le tout s’achève comme il se doit par un grand feu d’artifice final détruisant dans les flammes le superbe repaire du super-vilain.

 

© Gilles Penso

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