

Le studio Blue Sky frappe très fort avec cette aventure préhistorique burlesque aux allures de road movie inter-espèces…
ICE AGE
2002 – USA
Réalisé par Chris Wedge
Avec les voix de Ray Romano, John Leguizamo, Denis Leary, Goran Visnjic, Jack Black, Cedric The Entertainer, Stephen Root, Diedrich, Bader, Alan Tudyk
THEMA EXOTISME FANTASTIQUE
En 2002, alors que Pixar règne déjà sur le cinéma d’animation numérique avec ses jouets parlants et ses fourmis philosophiques, un studio encore peu connu du grand public, Blue Sky Studios, s’invite dans la cour des grands avec L’Âge de glace. Produit par la 20th Century Fox, ce buddy movie préhistorique, aux allures de fable climatique et de sitcom animalière, s’impose à sa sortie comme un inattendu raz-de-marée commercial. À l’origine, Ice Age est imaginé comme un drame d’animation plus sérieux. Mais le studio revoit finalement sa copie pour concocter une comédie familiale, avec des personnages expressifs, des dialogues percutants et surtout une avalanche de gags visuels. La réalisation est confiée à Chris Wedge (déjà oscarisé pour le court Bunny). Techniquement, le film reste très impressionnant. Les textures des personnages, la modélisation des décors gelés et la fluidité de l’animation n’ont pas à rougir de la comparaison avec les travaux des géants Pixar et DreamWorks, malgré un budget inférieur.


Le scénario de L’Âge de glace suit la rencontre improbable entre trois animaux aux caractères antagonistes : Manny, un mammouth bourru et solitaire ; Sid, un paresseux loquace et gaffeur ; et Diego, un tigre à dents de sabre aux intentions floues. Ensemble, ils s’engagent dans une mission quasi biblique : ramener un bébé humain à sa tribu, alors qu’un âge glaciaire bouleverse l’équilibre de leur monde. Cette quête initiatique permet surtout d’explorer les dynamiques de groupe, les liens affectifs inattendus et les thèmes universels de la famille et de la loyauté. Le film repose en grande partie sur la chimie entre ses personnages principaux. Ray Romano (Manny), John Leguizamo (Sid) et Denis Leary (Diego) prêtent leurs voix avec un enthousiasme contagieux. En VF, le trio est tout aussi efficace, notamment grâce au doublage inspiré de Gérard Lanvin et Elie Semoun (même si la voix de Vincent Cassel peine pour sa part à nous convaincre).
Complètement givrés
Mais la vraie star de L’Âge de glace, c’est sans conteste Scrat, l’écureuil préhistorique obsédé par son gland. Personnage muet, totalement burlesque, il traverse le film en filigrane et déclenche à lui seul certains des plus gros fous rires. À mi-chemin entre Tex Avery et Buster Keaton, Scrat deviendra la mascotte de la franchise. Si certains critiques de l’époque avaient tendance à pointer du doigt un récit somme toute classique et quelques clichés émotionnels un peu faciles, ils reconnurent aussi la sincérité de l’ensemble, son efficacité comique et la qualité de sa direction artistique. Le film, malgré sa simplicité narrative, réussit à captiver petits et grands, avec un humour souvent visuel et une tendresse palpable envers ses personnages. C’est justement cette alchimie entre comédie burlesque, péripéties paléolithiques improbables et émotions discrètes qui fait de L’Âge de glace un film à part dans l’histoire de l’animation. Loin de la sophistication scénaristique d’un Monstres & Cie ou des ambitions satiriques de Shrek, il trace son propre sillon, plus modeste mais tout aussi attachant. Son succès – plus de 380 millions de dollars au box-office mondial – donnera naissance à une saga prolifique, avec des suites de plus en plus spectaculaires.
© Gilles Penso
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