ELIMINATORS (1986)

Un cyborg, un robot volant, un ninja, un savant fou, des hommes préhistoriques et des soldats romains se côtoient dans ce film de SF improbable !

ELIMINATORS

 

1986 – USA

 

Réalisé par Peter Manoogian

 

Avec Patrick Reynolds, Andrew Prine, Denise Crosby, Conan Lee, Roy Dotrice, Peter Schrum, Peggy Mannix, Fausto Bara, Tad Horino, Luis Lorenzo, José Moreno

 

THEMA ROBOTS I SAGA CHARLES BAND

Écrit par Danny Bilson et Paul De Meo (Future Cop, Zone Troopers), Eliminators est le premier long-métrage de Peter Manoogian (qui fit ses premières armes avec l’un des segments du Maître du jeu). Le scénario est avant tout une réponse au succès de Terminator, puisqu’il est ici question de cyborgs et de voyages dans le temps. Rien de surprenant, dans la mesure où le producteur Charles Band, en parfait émule de Roger Corman, s’est spécialisé dans les séries B imitant les blockbusters de son époque. Le récit semble aussi puiser une partie de son inspiration chez L’Homme qui valait trois milliards, puisque le héros est laissé pour mort après un accident d’avion, puis transformé en être biomécanique et ressuscité. Le rôle de l’homme machine est confié à Patrick Reynolds, ex-compagnon de Shelley Duvall et petit-fils du magnat du tabac R.J. Reynolds. Apparu dans une poignée de films et de séries TV depuis le milieu des années 70, il passe l’intégralité du tournage d’Eliminators dans une combinaison robotique conçue par John Carl Buechler et son équipe. « J’étais enfermé dans cette armure moulée en fibre de verre, et il y faisait une chaleur atroce », se souvient-il. « Le tournage a duré trois mois et demi. Peter Manoogian est excellent avec les comédiens, mais il voulait filmer le script tel quel, sans changement. Moi, je voulais lui donner plus de profondeur sociale. Rétrospectivement, c’est mieux qu’ils ne m’aient pas écouté. Ça aurait été une erreur. Le film est fun tel quel, et c’est très bien. » (1)

Ce fameux cyborg, qui porte dans le film le petit nom de « Mandroid », est l’œuvre du professeur Abbott Reeves (Roy Dotrice), un homme au visage ravagé atteint d’une grave maladie et d’une certaine folie des grandeurs. Sa création est équipée de bras-canons interchangeables capables de tirer des rayons lasers, des torpilles ou des charges explosives. Ses jambes sont elles aussi amovibles afin qu’il puisse s’emboîter dans son unité mobile, un véhicule monoplace tout-terrain équipé de chenilles. Voilà donc une bien belle machine. Pourtant, une fois que le Mandroid lui a ramené l’artefact antique qu’il convoitait par le biais d’une machine à voyager dans le temps de son invention, le savant ordonne à son assistant Takada (Tad Horino) de détruire le cyborg. Or celui-ci refuse et aide l’homme-robot à s’échapper de sa base installée au Mexique. L’évasion réussit mais Takada y laisse la vie. Notre homme-machine se met maintenant en quête du colonel Nora Hunter (Denise Crosby), qui créa la technologie robotique dont il est équipé, et qui semble seule capable de l’aider à renverser le diabolique Reeves. Tous deux seront épaulés dans leur mission par le baroudeur Harry Fontana (Andrew Prine), par un petit robot volant capricieux qui se déplace à la vitesse de l’éclair et par Kuji (Conan Lee), le fils de Takada, un ninja qui réclame vengeance…

Decapitron ?

Très prometteuses, les vingt premières minutes d’Eliminators s’agrément d’effets spéciaux réussis, de décors très photogéniques et de scènes d’action généreuses, le tout réhaussé par une belle photographie signée par le vétéran Mac Ahlberg. Mais après cette entrée en matière explosive, le scénario se met à patiner et le film perd de son attrait. Manoogian et Band essaient pourtant d’en donner aux spectateurs pour leur argent, malgré leur budget modeste, enchaînant les bagarres de saloon, les poursuites en bateaux et en motos, les fusillades et les explosions. Mais Eliminators peine à nous passionner, même avec ses sorties de route les plus invraisemblables – notamment le surgissement d’une tribu d’hommes préhistoriques qui attaque nos héros ! Dans un élan de lucidité, le personnage incarné par Andrew Prine s’exclame d’ailleurs : « Qu’est-ce qu’il se passe ici, c’est un comic book ou quoi ? On a des robots, des hommes des cavernes, du kung-fu… J’abandonne ! » Si Eliminators se biberonne à Terminator, le script de Danny Bilson et Paul De Meo s’éloigne pourtant de celui de James Cameron et anticipe même sur certaines thématiques qui seront développées dans Robocop. Roi du recyclage, Charles Band réutilisera la terminologie d’Eliminators pour le film Mandroid. En France, après avoir été distribué une première fois par la Fox sous son titre original, le film sera réexploité par un autre éditeur vidéo – Initial – sous celui de Decapitron. Ce nom est en réalité celui d’un long-métrage prévu par Band mais jamais tourné, dont Initial a effrontément récupéré la jaquette et le titre. Les loueurs de cassettes vidéo qui espéraient voir un robot équipé de cinq têtes interchangeables en furent donc pour leurs frais.

 

(1) Extrait d’une interview de 2007 citée dans Empire of the B’s de Dave Jay, Torsten Dewi et William S. Wilson – 2020.

 

© Gilles Penso

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