LE RETOUR DU LOUP-GAROU (1981)

Interprète du lycanthrope Waldemar, l’acteur Paul Naschy passe à la mise en scène et confronte son monstre fétiche à la comtesse Bathory…

EL RETORNO DEL HOMBRE LOBO

 

1981 – ESPAGNE

 

Réalisé par Paul Naschy

 

Avec Paul Naschy, Julia Saly, Silvia Aguilar, Azucena Hernandez, Beatriz Elorrieta, Rafael Hernandez, Pepe Ruiz, Ricardo Palacios, Tito Garcia, David Rocha

 

THEMA LOUPS-GAROUS I VAMPIRES I SAGA WALDEMAR DANINSKY

Pour le huitième opus de la prolifique série de longs-métrages consacrés aux aventures du loup-garou Waldemar Daninksy, l’acteur principal Paul Naschy prend lui-même en charge la réalisation, sous le pseudonyme américanisé de Jack Molina. Ce passage derrière la caméra lui permet de garder un meilleur contrôle sur une saga dont il fut l’initiateur et le scénariste. Bénéficiant d’un budget plus conséquent que sur les films précédents, Naschy en profite pour revisiter La Furie des vampires (troisième épisode de la saga) dont Le Retour du loup-garou constitue une sorte de remake. Car cette série présente la particularité de ne pas chercher de véritable continuité scénaristique, chaque film racontant une histoire autonome autour du même thème et du même personnage principal. Installant ses caméras sur divers sites dans la région de Madrid ainsi qu’au pied du magnifique château de Belmonte pour les panoramas extérieurs, Naschy n’en est pas à ses débuts de réalisateur, puisqu’il dirigea déjà sept longs-métrages avant celui-là. Il démontre là une belle maîtrise artistique et technique, soignant du mieux qu’il peut son ouvrage et sollicitant pour les maquillages spéciaux le vétéran Angel Luis de Diego, lequel s’était frotté par le passé au monstre de Frankenstein à l’occasion de L’Esprit de la ruche.

Nous sommes dans la Hongrie du seizième siècle. Jugée pour sorcellerie, vampirisme et pacte avec le diable, la comtesse Elizabeth Bathory (Julia Saly) est condamnée à être emmurée dans son château. Ses servants et complices, eux, seront torturés, pendus, empalés ou décapités. Bref, ça ne rigole pas ! Parmi ses anciens alliés, il y a le noble Waldemar Daninsky (Naschy, qui adopte ici un look à la Demis Roussos avec sa barbe fournie et son cheveu long). Accusé de lycanthropie, il portera le « masque de la honte » et aura le cœur percé par une croix sacrée. Mais Bathory promet qu’elle reviendra. « Je renaîtrai de mes cendres et je transformerai votre monde en enfer ! » annonce-t-elle. Le film nous transporte alors au début des années 80, où deux pilleurs de tombes ouvrent le cercueil de Waldemar pour mettre la main sur la précieuse croix. Bien sûr, le trépassé revient aussitôt à la vie et occis les imprudents profanateurs. Entretemps, trois jeunes et jolies scientifiques ont décidé de retrouver la sépulture de la comtesse Bathory. L’une d’entre elles, qui s’adonne à la sorcellerie, veut même la ressusciter, quitte à tuer ceux qui se dresseront sur sa route…

L’éveil de la comtesse sanglante

Au-delà des films de monstres de l’âge d’or d’Universal – et notamment de ceux réalisés par Erle C. Kenton – qui restent la source d’inspiration principale de Paul Naschy, il n’est pas difficile de sentir également ici l’influence du Masque du démon de Mario Bava. D’ailleurs, même s’il se situe dans les années 80, Le Retour du loup-garou joue à fond la carte de l’imagerie gothique, avec son château médiéval, sa crypte couverte de toiles d’araignées et ses jeunes femmes en nuisette parcourant les vastes escaliers avec un chandelier à la main. L’une des séquences les plus marquantes est sans doute la résurrection de Bathory. Le sang d’une jeune femme sacrifiée, pendue par les jambes, coule sur le bas-relief qui la représente, provoquant des volutes de fumée. Puis le couvercle du cercueil s’élève tout seul dans les airs, révélant la comtesse sanglante dans toute son altière beauté. D’un geste, elle réveille alors le zombie décrépit qui fut jadis son serviteur. L’apparition des femmes vampires blafardes au milieu de la nuit brumeuse, qui avancent en glissant de manière surnaturelle, est aussi un beau moment d’épouvante, sur lequel le film capitalise à plusieurs reprises. Revers de la médaille, le loup-garou est relégué à l’arrière-plan. Et si Waldemar occupe toujours le devant de la scène, c’est plus en tant que chasseur de vampires que lycanthrope. Le film conserve un charme suranné indiscutable, mais les sorties de Hurlements et Le Loup-garou de Londres la même année lui donneront un impitoyable coup de vieux.

 

© Gilles Penso

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