

Incarcéré depuis vingt ans dans un institut psychiatrique, un tueur psychopathe inspire une vogue de clowns effrayants qui sèment la panique en ville…
Après le thriller horrifique Alone, la comédie fantastique Lesbian Vampire Killers et le huis-clos surnaturel WIthin, Phil Claydon poursuit dans la même veine avec Helloween, qu’il réalise une nouvelle fois dans un cadre de production à la fois indépendant et familial. Fidèle à son approche artisanale, il conçoit lui-même le costume de son tueur vedette avec l’aide de son épouse et de sa fille, tandis que le titre définitif du film est une idée de sa belle-sœur – après avoir un temps envisagé d’autres options comme Maniac Clown, Killer Clown ou Insane Cane. Le film s’ouvre sur un hommage parfaitement assumé au Halloween de John Carpenter. Nous sommes le soir du 31 octobre 1996, dans un paisible quartier résidentiel. Une jeune infirmière y est brutalement assassinée par un garçon de dix ans, visiblement dérangé, grimé en clown et armé d’une hache. L’enfant se retrouve sous clé dans un institut psychiatrique, Horton Downs. Là, une voix off en arrière-plan appelle « le docteur Carpenter », achevant d’officialiser la référence. Mais après cette entrée en matière, Helloween change de ton. Un montage nerveux mêlant des faux journaux télévisés, des vidéos issues des réseaux sociaux et des extraits d’une émission d’investigation intitulée « Why Kids Kill » (« Pourquoi les enfants tuent-ils ? ») révèle peu à peu l’identité du tueur, Carl Cane, ainsi qu’une inquiétante tendance virale : de plus en plus de gens se maquillent en clowns terrifiants pour semer la panique dans les rues.


Cette hystérie collective, qui semble directement inspirée par Carl Cane lui-même, pourtant enchaîné dans sa cellule et apparemment incapable de communiquer avec le monde extérieur, nous rappelle l’appel au chaos du Joker dans The Dark Knight, mais aussi la secte d’assassins de la série Following. Après ce montage de prétendues images d’archives, qui emprunte ses effets de style au « found footage », nouveau changement de cap : dans une atmosphère proche de celle du Silence des agneaux, nous découvrons Cane dans sa cellule, désormais adulte (Ronan Summers), ricanant, charismatique et insaisissable, traité par une psychiatre qui ne lui fait pas de cadeau, le docteur Ellen Marks (Jeanine Nerissa Sothcott). John Parker (Michael Paré), le policier qui avait arrêté Cane vingt ans plus tôt, mène l’enquête et tente de faire le lien entre ce psychopathe sous verrou et la prolifération de clowns inquiétants qui commencent sérieusement à semer la panique dans la ville. Bientôt, les deux filles du docteur Marks, Leah (Caroline Wilde) et Alice (Megan Marszal), semblent devenir les cibles privilégiées de cette menace croissante et grimaçante…
Le clown du spectacle
Helloween soigne au mieux sa mise en forme malgré des moyens qu’on imagine très limités. Mais passée sa première partie, l’intrigue ne parvient pas à tenir toutes ses promesses. Le gigantesque chaos qu’on nous annonce – des centaines de fous maquillés en clowns qui prennent le contrôle de la ville – se retrouve cantonné à deux lieux en huis-clos – la maison de la famille Marks et l’hôpital psychiatrique – et à une toute petite poignée de personnages. Phil Claydon finit par sacrifier aux clichés du genre, à grand renfort de « jump-scares » attendus et de rebondissements souvent tirés par les cheveux. Le manque d’attrait du casting ne joue pas non plus en faveur d’Helloween. Visiblement victime d’un abus de chirurgie esthétique, Jeanine Nerissa Sothcott a bien du mal à nous communiquer la moindre émotion, comme si son visage aux allures de masque en plastique avait perdu toute expressivité. À ses côtés, Michael Paré nous paraît bien fatigué, bien loin de l’énergie qu’il dégageait dans Les Rues de feu, Philadelphia Experiment, Moon 44 ou Pleine Lune. Certes, l’acteur a passé la soixantaine, mais tout de même… Reste Ronan Summers. Dans la peau du tueur clownesque, il porte littéralement le film sur ses épaules. Sa présence magnétique et son jeu habité lui permettent de voler la vedette à tous ses partenaires. Hélas, cela ne suffit pas à sauver un Helloween qui s’essouffle progressivement, avant de s’éteindre sur un épilogue en queue de poisson.
© Gilles Penso
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