

Pour se venger des mâles brutaux qui les ont agressées, quatre lycéennes décident d’assassiner tous les hommes qu’elles croisent…
CEMETERY HIGH
1988 – USA
Réalisé par Gorman Bechard
Avec Debi Thibeault, Karen Nielsen, Lisa Schmidt, Simone Reyes, Ruth Collins, Tony Kruk, David Coughlin, Frank Stewart, Kristine Waterman, Carmine Capobianco
THEMA TUEURS I SAGA CHARLES BAND
Homme d’affaire malicieux au sens du marketing affuté, le producteur Charles Band décide un jour de révéler au marché du film de Cannes, en 1987, la sortie imminente d’un film titré Assault of the Killer Bimbos (« L’Assaut des bimbos tueuses »). L’annonce fait son petit effet et le film se prévend étonnamment bien. Reste maintenant à le tourner. Band sollicite alors Gorman Bechard, signataire du sympathique Psychos in Love et du très mauvais Galactic Gigolo, dans l’espoir que cet homme habitué aux budgets riquiquis puisse accoucher d’une série B amusante pour un coût minime. Hélas, lorsqu’il voit une première version du montage, le producteur déchante et estime que le film est parfaitement inexploitable. Refusant pour autant de jeter à la poubelle tous ces rushes, Band demande à Kenneth J. Hall (Evil Spawn) de tenter de l’améliorer comme il peut en tournant quelques scènes additionnelles et en revoyant le montage. Ainsi naît Cemetery High, alias Le Collège du cimetière, qui n’a pas grand-chose à voir avec son nouveau titre et que Gorman Bechard reniera en bloc. Mais pas question pour autant d’abandonner un titre aussi raccoleur que Assault of the Killer Bimbos (d’autant que les investisseurs l’attendent de pied ferme). Band appelle donc à la rescousse son ami David De Coteau, qui embauche la réalisatrice Anita Rosenberg, laquelle tourne un autre film sous ce titre, sorte de Thelma & Louise cheap avant l’heure.


Au début du Collège du cimetière, un texte annonce que le spectacle sera riche en violence et en nudité. Pour prévenir les âmes sensibles, deux alertes se déclencheront donc pendant le film : le « Gore Gong » pour le sang, et le « Hooter Honk » pour le sexe. Cette idée, apportée par Kenneth J. Hall, est honnêtement l’une des plus drôles du film. Moins raté que Galactic Gigolo mais moins abouti que Psychos in Love, Le Collège du cimetière raconte l’histoire de quatre lycéennes incarnées par Debi Thibeault, Karen Nielsen, Lisa Schmidt et Simone Reyes, au passage bien trop âgées pour jouer des adolescentes crédibles. Après avoir été agressées et violées par trois brutes, les membres de ce quatuor revanchard décident de s’armer jusqu’aux dents pour éliminer tous les hommes qui ont la mauvaise idée de croiser leur route. Après avoir occis le trio de lourdauds à coups de couteau, de hache et de pioche, elles poursuivent leur sanglante croisade. Dès lors, elles démastiquent à tour de bras, partout où leurs pas les mènent, en choisissant un nom pour leur gang : les « Scumbusters », ce qu’on pourrait librement traduire par « chasseuses de salopards ».
Les nettoyeuses
Le Collège du cimetière prend donc la forme d’une espèce de parodie des films de « rape and revenge », façon L’Ange de la vengeance, et développe en cours de route l’idée que le travail de « nettoyeuses » de nos lycéennes meurtrières fait des émules et se transforme en phénomène de société. Chaque fois qu’ils le peuvent, fidèles à leurs habitudes, Gorman Bechard et son ami co-scénariste Carmine Capobianco clignent de l’œil – souvent lourdement, hélas – vers les spectateurs : l’arrivée d’un narrateur qui s’immisce dans l’action pour commenter l’histoire, deux hommes qui annoncent l’arrivée d’un flashback et adoptent l’expression faciale de circonstance, une fille qui commente en voix off sa scène de douche au ralenti, la plupart des personnages qui s’adressent directement à la caméra, un spot de pub qui vante les mérites de coques « anti-castration »… A cette dissolution du quatrième mur, le film ajoute pas mal d’autocitations, comme la présence d’un poster de Disconnected (le premier long-métrage de Bechard) dans le bureau d’un producteur, l’intervention d’une des filles qui disserte autour de la cassette de Psychos in Love dans un vidéoclub, ou encore Debi Thiebault qui reprend son rôle de manucure psychopathe (dans Psychos in Love, toujours) le temps d’une scène où elle empoigne à nouveau une tronçonneuse. Toutes ces idées disparates ne masquent pas le jeu catastrophique des acteurs, la mise en scène maladroite, le scénario bancal et les innombrables défauts techniques (notamment une prise de son défectueuse) qui donnent à ce film les allures d’un court-métrage amateur artificiellement étiré jusqu’à 80 minutes.
© Gilles Penso
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