LE GRAND DÉPLACEMENT (2025)

La première expédition spatiale 100% africaine part aux confins de l’univers en quête d’une planète qui puisse remplacer la Terre…

LE GRAND DÉPLACEMENT

 

2025 – FRANCE / BELGIQUE

 

Réalisé par Jean-Pascal Zadi

 

Avec Jean-Pascal Zadi, Reda Kateb, Lous And The Yakuza, Fadily Camara, Fary, Déborah Lukumuena, Claudia Tagbo, Alassane Diong et la voix d’Eric Judor

 

THEMA SPACE OPERA

Si Jean-Pascal Zadi est souvent irrésistible face à la caméra (sa prestation d’ingénieur du son dépassé par les événements dans le faux film de zombies Coupez ! était hilarante), il nous convainc souvent moins dans le rôle du scénariste/réalisateur. Après deux polars en début de carrière (African Gangster et Sans pudeur ni morale), il créait pourtant un petit événement avec Tout simplement noir en 2020. Mais si le film se distinguait par son casting impressionnant et par ses envies louables de brocarder les clichés racistes et antiracistes, le résultat final se révélait maladroit et erratique. Savoir Zadi à la tête d’un space opera burlesque avait donc de quoi susciter la perplexité. Le titre est bien sûr un pied de nez à la théorie du « grand remplacement » selon laquelle il existerait un processus de substitution progressive de la population française et européenne par les peuples d’Afrique et du Maghreb. Toujours prompt à se moquer de la xénophobie mais aussi des travers inverses, Zadi se lance dans un film de science-fiction particulièrement audacieux, tourné en région parisienne, en Côte d’Ivoire et dans le désert marocain de Ouarzazate, avec à sa disposition un budget d’un peu plus de 17 millions d’euros.

Alors que la Terre traverse des crises environnementales, sociales et politiques de plus en plus graves, plusieurs pays d’Afrique décident de s’allier pour organiser la première expédition spatiale dirigée par le continent, convaincus que les autres puissances les délaisseront. L’équipage, composé de scientifiques et ingénieurs africains aux origines diverses, doit atteindre une exoplanète baptisée Nardal pour vérifier si elle peut accueillir leur peuple lorsque la Terre deviendra inhabitable. La technologie mise au point par l’organisation secrète UNIA possède une avance considérable : une plante longtemps considérée disparue, retrouvée au Burundi, qui permet la production d’ergol, carburant capable de propulser les vaisseaux à des vitesses supraluminiques. L’UNIA dispose également d’une station spatiale secrète, entretenue depuis des années par un membre d’équipage, garant de son bon fonctionnement. Après une formation accélérée, les volontaires s’embarquent à bord de la « Black Starline ». Mais, comme on peut l’imaginer, la mission ne va pas exactement se dérouler comme prévu…

Black Mic-Mac

Bardé de clichés, surjoué, truffé de gags qui trainent en longueur pour ne mener nulle part, Le Grand déplacement nous embarrasse dès ses premières minutes. On ne comprend d’ailleurs pas bien où veut en venir le film, au-delà de son pitch déjà très faible. Il est clair que Zadi vise comme toujours le racisme et le sexisme, mais avec tellement de lourdeur que chaque tentative d’humour tombe à plat. Quelques idées surnagent pourtant – comme l’idée d’une lutte tellement systématique contre la discrimination qu’elle devient ségrégationniste elle-même, ou la future appropriation de la planète qui finit par s’assimiler à une colonisation -, mais elles sont traitées par-dessus la jambe. Même le principe comique élémentaire qui consiste à mettre à la tête d’une mission très sérieuse un individu idiot et gaffeur (joué bien sûr par Zadi) peine à fonctionner, puisque les autres membres de l’expédition sont aussi des caricatures sans nuance. Y compris ce robot très laid à qui Eric Judor prête sa voix, mais qui constitue peut-être le seul élément vraiment drôle du film. C’est d’autant plus dommage que la mise en forme est très soignée, avec notamment une musique épique de Guillaume Roussel et des effets visuels de très haut niveau supervisés par Jean-François Michelas (Vidocq, Asterix et Obelix : Mission Cléopâtre) et Alain Carsoux (Seven Sisters, Santa & Cie, Big Bug). Mais ça ne suffit pas à rendre le film suffisamment attrayant. D’où un échec cuisant au box-office, regrettable certes mais très compréhensible.

 

© Gilles Penso

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