PLEASURE PLANET (1986)

Quatre filles membre d’un groupe de rock et leur manager s’égarent dans l’espace et atterrissent sur une planète désertique…

VICIOUS LIPS

 

1986 – USA

 

Réalisé par Albert Pyun

 

Avec Dru-Anne Perry, Gina Calabrese, Linda Kerridge, Shayne Farris, Anthony Kentz, Christian Andrews, Mary-Anne Graves, Jeff Yesko, Eric Bartsch

 

THEMA FUTUR I SPACE OPERA I SAGA CHARLES BAND

En 1982, le réalisateur débutant Albert Pyun crée un petit événement avec son premier film, L’Épée sauvage, un habile plongeon dans l’heroic-fantasy motivé par le succès de Conan le barbare, qui fait fi de son maigre budget pour offrir aux spectateurs un spectacle généreux et décomplexé. Sur sa lancée, Pyun enchaîne avec la comédie de science-fiction Radioactive Dream (Le Dernier missile en VF) et commence à laisser émerger sa personnalité, celle d’un trublion féru d’expériences cinématographiques insolites et bizarres. C’est exactement dans cet état d’esprit qu’il aborde Pleasure Planet. « Je voulais réaliser un petit film dont l’action se déroulerait principalement dans un seul lieu », raconte-t-il. « Je connaissais quelques décors inutilisés et j’ai convaincu les acteurs et l’équipe technique de participer pour peu ou pas d’argent. Tout s’est mis en place du jour au lendemain. À l’origine, le groupe de filles The Bangles devait en tenir la vedette, mais nous n’avons pas pu obtenir les droits musicaux, alors nous avons créé notre propre groupe. » (1) Avec à sa disposition un budget très raisonnable de 100 000 dollars et un planning serré de sept jours de tournage, Pyun s’installe avec son équipe dans les célèbres studios Laird International de Culver City (où fut notamment tourné E.T. l’extra-terrestre) et démarre les prises de vues de ce qui va s’avérer être un véritable OVNI filmique.

Dans un futur lointain, les Vicious Lips, groupe de glam rock entièrement féminin, rêvent de gloire interstellaire. Mais leur avenir bascule quand leur chanteuse vedette, Ace Lucas, meurt accidentellement, renversée par une voiture au moment où elle s’apprêtait à quitter le groupe. Déterminé à ne pas laisser tomber, leur manager Matty Asher déniche en urgence une remplaçante lors d’un concours de talents dans un lycée : Judy Jetson. Pour sauver la tournée, il lui donne le même nom que celle qu’elle remplace et la présente au reste du groupe : la bassiste Bree, la claviériste et batteuse Wynzi et la guitariste Mandaa. Alors que les Vicious Lips peinent à relancer leur carrière dans un bar miteux du nom de Spaceport Lounge, Matty reçoit un appel de Maxine Mortogo, une puissante promotrice musicale. Elle leur offre une chance inespérée : remplacer un groupe récemment disparu dans un accident et se produire dans son club légendaire, le Maxine’s Radioactive Dream. Le concert pourrait propulser les Vicious Lips au rang de stars galactiques. Seul problème : le club se trouve à l’autre bout de la galaxie, et le groupe n’a aucun moyen de transport. Matty vole alors un vaisseau spatial et embarque les filles pour un voyage périlleux à travers l’espace. Mais la route vers la célébrité est semée d’embûches : des astéroïdes les forcent à atterrir sur une planète désertique inconnue, et le vaisseau qu’ils ont dérobé cache un passager inattendu : un mutant vénusien prêt à semer le chaos…

Quatre filles dans le vent

On sent que le film déploie tout ce qu’il peut pour être culte : musique rock eighties, montage syncopé, looks invraisemblables, humour déjanté, créatures bizarres, un peu comme si Pleasure Planet tentait le mixage invraisemblable de Spinal Tap et de Barbarella. Le film est régulièrement ponctué de chansons, celles du groupe et celles qui font office de transitions narratives, et se montre généreux en mutants difformes. Greg Cannom (Dracula), John Carl Buechler (Re-Animator) et les frères Chiodo (Critters) mettent les mains à la pâte, nous concoctant notamment une prostituée à trois seins qui annonce l’un des personnages emblématiques de Total Recall, un présentateur à tête d’éléphant/hippopotame ou ce fameux vénusien velu aux dents pointues – réminiscence des lycanthropes du Loup-Garou de Londres et de Hurlements. La plupart des autres effets spéciaux – notamment les scènes spatiales – sont empruntés à d’autres films piochés dans le catalogue de Roger Corman, avec lequel Albert Pyun est familier. Ce patchwork d’idées est très sympathique mais ne mène nulle part. Les filles semblent jouer dans un état second, Anthony Kentz campe un manager surexcité insupportable et l’intrigue patine péniblement, jusqu’à se muer en train fantôme incompréhensible peuplé de ghoules hystériques et s’achever sur une espèce de twist absurde. Résultat des courses : Pleasure Planet n’aura pas du tout l’impact escompté et sombrera tranquillement dans l’oubli.

 

(1) Extrait d’une interview parue dans Empire of the B’s en 2014

 

© Gilles Penso

À découvrir dans le même genre…

 

Partagez cet article