PRIMITIVE WAR (2025)

La guerre du Vietnam et la préhistoire s’entrechoquent dans ce qui est probablement le meilleur film de dinosaures depuis Jurassic Park !

PRIMITIVE WAR

 

2025 – AUSTRALIE

 

Réalisé par Luke Sparke

 

Avec Ryan Kwanten, Tricia Helfer, Nick Wechhsler, Jeremy Piven, Anthony Ingruber, Aaron Glenane, Carlos Sanson Jr., Albert Mwangi, Adolphus Waylee, M.J. Kokolis

 

THEMA DINOSAURES

Contrairement à ce que pourraient faire croire son poster et son titre, Primitive War n’est pas un « creature feature » de seconde zone façon Asylum (Jurassic City), Syfy (Dinocroc) ou Nu Image (Raptor Island) mais une production australienne ultra-ambitieuse rivalisant sans rougir avec la saga Jurassic Park. Le miracle tient dans le fait que le film a été réalisé sans grand studio, sans subvention ni prévente, avec un budget extrêmement modeste estimé à 7 millions de dollars, soit 66 fois moins que celui de Jurassic World : le monde d’après ! En s’appuyant sur l’expérience acquise sur ses films précédents et sur le travail acharné d’un groupe d’artistes indépendants rompus aux techniques numériques, Luke Sparke porte le projet à bout de bras, assurant lui-même la production, la réalisation, le scénario, le montage, les décors et la co-supervision des effets visuels. Le film s’inspire d’une série de romans écrite par Ethan Pettus et publiée pour la première fois en 2017. « J’ai été captivé par les images qui entourent ces livres d’Ethan et l’histoire qu’ils racontent », explique-t-il. « J’ai travaillé dur pour capturer cette essence, mais aussi le côté cru, les aspects horrifiques et le contexte militaire. Mon objectif était de donner l’impression que les personnages du film Platoon se retrouvaient face aux plus grands prédateurs que la planète ait jamais connus. » (1) Pari largement réussi.

Fidèle à la plume d’Ethan Pettus, le film s’ancre dans un contexte historique tangible. Pendant la guerre du Vietnam, en 1968, un peloton de Bérets verts est stationné dans une vallée reculée de la jungle. Pris dans une embuscade, les soldats sont attaqués et décimés par des prédateurs inconnus. Face à la disparition de l’unité, le colonel qui les avait sous sa responsabilité fait appel à une équipe de reconnaissance connue sous le nom de « Vulture Squad ». L’objectif est clair : retrouver les Bérets verts disparus sans chercher à comprendre quelle était la nature de leur mission top secrète. Parachutés dans la vallée, les membres de l’escouade avancent dans la jungle touffue, découvrent des traces étranges, d’énormes plumes et des empreintes qui semblent appartenir à un animal inconnu. L’expédition prend vite des allures cauchemardesques lorsque nos braves soldats tombent nez à nez avec une meute de dinosaures affamés… Certes, les clichés de films de guerre du Vietnam ne nous sont pas épargnés, notamment la ponctuation régulière de la bande son avec des morceaux de rock et de blues des années 60, tandis que la mécanique narrative reste proche de celle d’Aliens : le commando militaire qui affronte des monstres lors d’une mission de sauvetage.  Mais le film transcende allègrement ces lieux communs pour nous offrir un spectacle de très grande qualité. Les effets visuels y sont extrêmement soignés, la reconstitution de la guerre du Vietnam très ambitieuse et les acteurs franchement convaincants.

Jurassic Platoon

De nombreuses images délicieusement surréalistes – bâtissant leur impact sur leur anachronisme – ponctuent Primitive War : un T-rex somnole dans un cimetière de pachydermes, un deinonychus trimballe un petit alligator dans sa gueule, une horde d’hadrosaure passe au loin tandis que les soldats traversent la brousse, des tricératops s’abreuvent en même temps que des éléphants, des dizaines de brontosaures se promènent en compagnie de notre commando sur les collines, des ptérosaures passent à l’attaque au-dessus des hautes herbes. On croirait parfois voir les tableaux légendaires de Charles Knight et Zdenek Burian, rois de la peinture paléontologique, prendre vie sous nos yeux. Face à ce spectacle incroyablement généreux, force est de constater qu’aucun épisode de la saga Jurassic Park/World n’avait osé montrer autant de dinosaures. Le nombre de morceaux de bravoure et de séquences d’action est sacrément impressionnant, le film ne se réfrénant pas non plus sur quelques effets gore gratinés, tout en s’efforçant de ne pas filmer les créatures comme des monstres mais comme des animaux se positionnant au sommet de la chaîne alimentaire dans un environnement qu’ils se sont réappropriés. Le postulat qui justifie la présence de ces bêtes préhistoriques en plein vingtième siècle n’emprunte cette fois-ci pas ses idées à la génétique mais à la physique quantique et aux trous de vers. Mais le constat est le même : quand l’homme joue à l’apprenti-sorcier, il se laisse dépasser par ses recherches. Malgré ses moyens extrêmement limités, Primitive War est donc non seulement une excellente surprise, mais aussi l’un des meilleurs films de dinosaures jamais vus sur un écran depuis le premier Jurassic Park !

 

(1) Extrait d’une interview publiée sur Bloody Disgusting en septembre 2024

 

© Gilles Penso

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