LE BAISER DU VAMPIRE (1963)

Un couple de jeunes mariés tombe entre les griffes d’un redoutable comte vampire qui les accueille dans son vénérable château bavarois…

THE KISS OF THE VAMPIRE

 

1963 – GB

 

Réalisé par Don Sharp

 

Avec Clifford Evans, Edward de Souza, Noel Willman, Jennifer Daniel, Barry Warren, Brian Oulton, Noel Howlett, Jacquie Wallis, Peter Madden

 

THEMA VAMPIRES

Au début des années soixante, le studio Hammer souhaite capitaliser sur le succès du Cauchemar de Dracula mais doit se passer de son acteur principal Christopher Lee, qui n’acceptera que plus tard d’endosser à nouveau la cape du comte vampire. D’où diverses variantes intéressantes sur le mythe qui cherchent une certaine originalité sans se présenter comme des séquelles officielles du film de 1958. Les Maitresses de Dracula fut l’une de ces tentatives réussies, Le Baiser du Vampire en est une autre. Nous sommes au cœur de la Bavière, en 1910. Gerald et Marianne Harcourt (Edward de Souza et Jennifer Daniel), jeunes mariés, tombent en panne d’essence et trouvent refuge dans un hôtel dont ils sont les seuls clients. Malgré la mise en garde de l’étrange professeur Zimmer (Clifford Evans), ils se laissent inviter par le docteur Ravna (Noel Willman) dans son château où ils font la rencontre de ses deux enfants, Carl (Barry Warren) et Sabena (Jacquie Wallis). La troisième de la fratrie, la jeune Tania (Isobel Black), reste mystérieusement invisible. Il s’avère que Ravna dirige une secte de vampires, et que Zimmer cherche depuis des années un moyen de l’anéantir.

Avec ses faux airs de Christopher Lee, Noel Willman joue donc ici l’incarnation du Mal, Clifford Evans interprétant quant à lui sa Némésis, substitut très honorable du professeur Van Helsing campé quelques années plus tôt par Peter Cushing. Son personnage entre d’ailleurs en scène avec emphase dès le prologue, au cours duquel Zimmer plante une bèche à travers le couvercle du cercueil d’une jeune vampire qui fut jadis sa fille, l’outil s’enfonçant directement dans le cœur de la créature qui hurle en exhibant ses canines acérées. Don Sharp s’efforce de sortir un peu des sentiers battus, même si le scénario original recycle des idées non utilisées des Maîtresses de Dracula. Fort de sa direction artistique soignée et de sa mise en scène solide, Le Baiser du vampire ne manque pas de morceaux de bravoure, et il est très probable que l’une des séquences clés du film, le bal masqué au beau milieu des suceurs de sang, ait inspiré Le Bal des vampires de Roman Polanski.

Les chauves-souris attaquent

Désireux de créer la surprise, Sharp et le scénariste Anthony Hinds (également producteur du film, utilisant ici son habituel nom de plume de John Elder) semblent chercher l’inspiration du côté d’Alfred Hitchcock, concoctant un récit qui s’appuie sur les mêmes mécanismes que le classique Une femme disparaît. C’est en effet « l’évaporation » incompréhensible de la jeune Marianne, soustraite à son époux Gerald, qui sert de point de départ à l’intrigue. Cette mécanique narrative était aussi présente dans le roman So Long at the Fair d’Anthony Thorne (qui fut porté à l’écran en 1950 sous le titre Si Paris l’avait su par Antony Darnborough et Terence Fisher). Mais c’est un autre chef-d’œuvre du maître du suspense, le fameux Les Oiseaux, qui nous vient à l’esprit au moment du climax, lorsque des nuées de chauves-souris agressives s’attaquent aux vampires. Ce final ne manque pas d’emphase, même si les effets spéciaux (mixant du dessin animé et des dizaines de volatiles en caoutchouc) ne sont pas à la hauteur de ses ambitions. Le studio Universal décala d’ailleurs la sortie du film pour éviter la comparaison avec Les Oiseaux, sorti la même année. Bizarrement, la version du film qui sera diffusée sur les petits écrans américains sera remontée pour supprimer la quasi-totalité de cette scène finale. Le Baiser du Vampire sortira finalement en double programme avec Paranoïaque.

 

© Gilles Penso

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