

Un médium, qui se forme à une nouvelle technologie permettant d’intervenir dans les rêves, déjoue un complot contre le président des USA…
DREAMSCAPE
1984 – USA
Réalisé par Joseph Ruben
Avec Dennis Quaid, Max von Sydow, Christopher Plummer, Eddie Albert, Kate Capshaw, David Patrick Kelly
THEMA RÊVES
En 1984, alors que Freddy Krueger fait ses premiers pas au cinéma et bouleverse la représentation des cauchemars sur pellicule, un autre film fantastique se réapproprie le thème du rêve sous un jour surprenant : Dreamscape, qui mêle l’aventure (avec son somptueux poster à la Indiana Jones signé Drew Struzan), la science-fiction, l’espionnage et l’épouvante. À l’origine du projet, on trouve Roger Zelazny, maître de la science-fiction américaine, auteur notamment des Chroniques d’Ambre, de Seigneur de Lumière ou encore de L’Île des morts. En 1981, il rédige une première ébauche de scénario, inspirée de sa nouvelle Le Façonneur et de son roman Le Maître des rêves. Mais une fois le script vendu à la 20th Century Fox, Zelazny est écarté du projet : il ne participe ni au traitement ni à l’écriture finale, et son nom n’apparaît même pas au générique. L’intrigue de Dreamscape s’inscrit dans un contexte réel de tensions Est-Ouest. Le film imagine en effet une Amérique où certains groupes d’influence, inquiets de la passivité du président face à l’URSS, complotent en coulisses. Un écho troublant à la réalité : quelques années plus tard, Ronald Reagan signera un traité historique de désarmement nucléaire avec l’Union soviétique. L’histoire est rédigée par David Loughery, futur auteur de Star Trek V, Passager 57, Les Trois Mousquetaires et Money Train. Après avoir imaginé l’histoire, il co-écrit le script final avec Chuck Russell et le réalisateur Joseph Ruben. Ce dernier signera plus tard quelques thrillers solides comme Le Beau-père, Un bon fils ou Les Nuits avec mon ennemi.


Alex Gardner (Dennis Quaid), jeune médium doué mais immature, mène une vie de plaisirs faciles, entre jeux d’argent et conquêtes féminines. Repéré par deux mystérieux individus, Finch (Chris Mulkey) et Babcock (Peter Jason), alors qu’il cherche à fuir un gangster local, il est conduit dans une étrange institution gouvernementale où il retrouve son ancien mentor, le professeur Paul Novotny (Max von Sydow). Celui-ci travaille sur un projet top secret permettant à des médiums de pénétrer les rêves d’autrui en se connectant à leur subconscient pendant le sommeil paradoxal. Conçu à des fins thérapeutiques, ce programme vise notamment à traiter les cauchemars et les éliminer. Invité à participer au projet, Alex s’initie à cette étrange technologie, aidé par la scientifique Jane DeVries (Kate Capshaw), et gagne en expérience en affrontant les rêves inquiétants d’un jeune garçon, Buddy (Cory Yothers), hanté par une créature mi-homme mi-serpent. Mais il découvre bientôt que le programme a été détourné par un influent agent gouvernemental, Bob Blair (Christopher Plummer), qui compte l’utiliser à des fins meurtrières. Blair projette en effet d’éliminer le président des États-Unis (Eddie Albert) en provoquant sa mort dans un rêve. Alex devient alors le seul capable de l’en empêcher…
L’ancêtre d’Inception ?
Le scénario de Dreamscape repose sur une idée passionnante, qui aurait sans doute gagné à être confiée à des cinéastes de la trempe de Peter Hyams ou Michael Crichton, maîtres du techno-thriller mâtiné de science-fiction et de conspirations gouvernementales. Tous deux auraient probablement insufflé davantage de style et de personnalité au film, là où Joseph Ruben reste assez académique. Le réalisateur se rattrape dans les séquences oniriques, bien plus inspirées et inventives. Si les trucages optiques supervisés par Peter Kuran souffrent parfois de maladresses – notamment des liserés visibles lors des incrustations sur fond bleu – les maquillages signés Craig Reardon impressionnent. Ce dernier conçoit notamment, de manière expérimentale, la transformation de David Patrick Kelly en homme-serpent en utilisant une cinquantaine de têtes sculptées qui se substituent à l’écran image par image. Pour les plans larges, la créature est une figurine animée en stop-motion sous la supervision du talentueux James Aupperle (La Planète des dinosaures). Leur travail, même s’il accuse aujourd’hui un inévitable coup de vieux, se révèle d’une belle efficacité. On ne peut malheureusement pas en dire autant de la bande originale, une composition synthétique de Maurice Jarre indigne du talent que nous lui connaissons. Pour l’anecdote, Chuck Russell, co-scénariste et producteur associé du film, retournera à l’univers des rêves quelques années plus tard avec Freddy 3. Quant à l’idée centrale de Dreamscape, elle résonnera bien plus tard dans Inception de Christopher Nolan, dont elle constitue probablement une source d’inspiration.
© Gilles Penso
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