L’INCROYABLE HULK (1977)

Kenneth Johnson s'empare du Titan Vert créé par Stan Lee pour offrir à l'univers Marvel sa première adaptation à l'écran

THE INCREDIBLE HULK

1977 – USA

Réalisé par Kenneth Johnson

Avec Bill Bixby, Lou Ferrigno, Susan Sullivan, Jack Colvin, Susan Batson, Mario Gallo, Eric Server, Charles Siebert, Terence Locke

THEMA SUPER-HEROS I DOUBLESSAGA HULK I MARVEL

Créé en 1962 par Stan Lee et Jack Kirby pour le Marvel Comics Group, Hulk s’inspire de deux classiques de la littérature fantastique : « Frankenstein » de Mary Shelley et « Docteur Jekyll et Mister Hyde » de Robert Louis Stevenson. Quinze ans après sa naissance, le téléaste Kenneth Johnson (L’Homme qui valait trois milliards, Super Jaimie), décide d’écrire, de produire et de réaliser une adaptation des aventures du géant vert pour le petit écran. Ce téléfilm aura un tel succès qu’il sera distribué en salles dans toute l’Europe et donnera naissance à une série TV très populaire. Le secret de sa réussite réside en grande partie dans son approche psychologique et dans son casting. « Nous pouvons tous faire preuve d’une rage puissante et folle » nous annonce un texte en exergue. Quelques images d’épinal (aujourd’hui extrêmement datées) nous montrent le bonheur paisible dans lequel nagent le docteur David Bruce Banner et son épouse Laura, jusqu’à un accident de la route au cours duquel le savant perd son épouse.

Obsédé par l’idée qu’il aurait pu la sauver s’il avait eu la force nécessaire pour soulever sa voiture en flammes, Banner passe ses nuits à travailler à l’institut Culver dans l’espoir de concrétiser les incroyables réserves de forces que chaque être humain possède sans forcément parvenir à les utiliser. Après avoir recueilli de nombreux témoignages, il étudie les rayons gamma, qui se trouvent en très grande quantité dans l’atmosphère mais qui n’influencent que très rarement les êtres humains.Il décide d’être le propre cobaye de ses expériences en s’exposant à une forte dose de rayons gamma grâce à une machine de son labo. Mais rien ne semble avoir changé. Irrité par cet échec, il entre dans une rage éclatante alors qu’il vient de crever un pneu sous la pluie, et se transforme aussitôt en un gigantesque monstre vert, à la force stupéfiante.

Architecte de son propre malheur

Ainsi, contrairement à la bande dessinée originale, dans laquelle l’irradiation du savant survenait par accident (il tentait de sauver un jeune homme sur le champ de tir de la bombe G), il est ici à l’initiative de sa mutation, et donc architecte de son propre malheur. Ce parti pris permet de renforcer le conflit intérieur de Banner tout en rapprochant davantage son personnage de celui de Robert Stevenson (auquel il fait lui même allusion, déclarant : « Je veux être le docteur Banner, pas le docteur Jekyll »). Mary Shelley elle-même est convoquée dans le film, par hommage au Frankenstein de James Whale interposé, lorsque le colosse rencontre une petite fille au bord d’un lac. Si Kenneth Johnson a immédiatement jeté son dévolu sur Bill Bixby pour incarner Banner, Arnold Schwarzenegger (alors inconnu du grand public) et Richard Kiel (le requin de L’Espion qui m’aimait) furent tour à tour envisagés dans le rôle de Hulk. Mais le premier fut jugé trop petit, le second pas assez musclé, et c’est finalement le culturiste Lou Ferrigno qui hérita du personnage, très convainquant sous son maquillage néanderthalien signé Norman T. Leavitt. Le film s’achève sur une tragédie, soutenue par un beau thème musical composé par Joseph Harnell, et met en place le motif d’un héros fugitif qui deviendra le leitmotiv de la série.

 

© Gilles Penso

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