JURASSIC PARK 3 (2001)

Une seconde séquelle anecdotique qui marque le retour de Sam Neill et Laura Dern dans la saga préhistorique

JURASSIC PARK III

2001 – USA

Réalisé par Joe Johnston

Avec Sam Neill, William H. Macy, Tea Leoni, Alessandro Nivola, Trevor Morgan, Michael Jeter, John Diehl

THEMA DINOSAURES I SAGA JURASSIC PARK

Après la déception suscitée par Le Monde Perdu – Jurassic Park, que pouvait-on espérer d’une nouvelle séquelle ? Pas grand-chose en réalité, et c’est exactement ce que nous propose ce troisième opus jurassique concocté par Joe Johnston. Le désistement de Steven Spielberg au poste de réalisateur n’était certes pas bon signe, mais Johnston est un cinéaste de talent, à qui nous devons les très divertissants Chérie j’ai rétréci les gosses et Rocketeer, et qui s’était déjà familiarisé avec les grosses bêtes en image de synthèse à l’occasion de Jumanji. Le problème majeur de Jurassic Park 3 provient de son scénario, qui s’efforce maladroitement de broder autour des motifs mis en place dans les deux films précédents. Quatre ans après les déambulations d’un tyrannosaure dans San Diego ayant précipité la faillite d’Ingen, les dinosaures de John Hammond vivent désormais en liberté sur Isla Sorña. Si Jeff Goldblum a sagement lâché l’affaire, Sam Neill rempile dans le rôle du paléontologue Alan Grant pour camper un personnage qui n’a pas évolué d’un millimètre depuis 1993, tandis qu’Ellie Slater (qui apparaît furtivement le temps d’une petite séquence, toujours sous les traits de Laura Dern) s’est épanouie en fondant une famille obéissant à tous les clichés d’usage.

Si Le Monde Perdu péchait par excès en multipliant le nombre de ses protagonistes sans parvenir à les caractériser suffisamment, Jurassic Park 3 ramène ses personnages à un nombre beaucoup plus raisonnable (Grant, son assistant Billy Brennan et un couple de milliardaires cherchant leur fils disparu dans la jungle mésozoïque) sans parvenir davantage à les approfondir. C’est d’ailleurs là que le bât blesse majoritairement dans le film. Archétypaux, monolithiques, ils ne suscitent aucune empathie auprès des spectateurs, et l’on sent bien que les comédiens eux-mêmes n’ont rien à défendre. Cette absence de caractérisation s’étend même jusqu’aux dinosaures. Incapable de donner à ses sauriens préhistoriques le panache qu’ils méritent, le film recours à des artifices discutables. Le T-Rex se voit ainsi détrôner par un spinosaurus (qui lui vole même la vedette sur le poster) et les vélociraptors sont désormais agrémentés de couleurs différentes et de crêtes, comme si ces ajouts cosmétiques suffisaient à masquer la misère d’un récit anémique.

Plus fort que le T-rex : le spinosaurus

Les scénaristes semblent d’ailleurs tellement embarrassés qu’ils interrompent leur histoire au bout de 80 minutes, ne prenant même pas la peine d’échafauder un climax digne de ce nom et recourant à l’un des deus ex machina les plus grotesques de l’histoire du cinéma pour dénouer la situation. La meilleure scène de ce troisième épisode est probablement l’assaut des ptéranodons, et ce n’est pas un hasard : elle provient directement du roman original que Michael Crichton avait écrit dans les années 90. Une petite mention aussi au crash dans les bois, au violent combat des dinosaures directement inspiré par King Kong, et à l’assaut aquatique du spinosaure monté en parallèle avec une conversation téléphonique assez savoureuse. Bref, Jurassic Park 3 a les allures d’un « direct-to-video » anonyme déguisé en superproduction prestigieuse. Aussi distrayant qu’oubliable, en somme.

 

© Gilles Penso

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