L’éternel combat entre Godzilla et son double robotique se joue une fois de plus dans une sorte de prélude à Pacific Rim
GOJIRA X MEKAGOJIRA
2002 – JAPON
Réalisé par Massaki Tezuka
Avec Yumiko Shaku, Shin Takuma, Kana Onodera, Kô Takasugi, Yûsuke Tomoi, Jun’ichi Mizuno
THEMA DINOSAURES I ROBOTS I SAGA GODZILLA
Une fois de plus, la saga « Millennium » consacrée au légendaire dinosaure radioactif fait fi de toute continuité. Godzilla était pulvérisé à la fin du film précédent, réduit à l’état de cœur battant tout seul au fond des océans. Il revient pourtant ici en pleine forme dès les premières minutes du métrage, surgissant des eaux au milieu d’un typhon. Cette nouvelle suite directe du Godzilla original de Inoshiro Honda nous apprend que depuis la destruction de Tokyo dans les années 50, d’autres créatures sont venues régulièrement attaquer la ville, notamment le papillon géant Mothra ou le bigfoot Gaira de Frankenstein Conquers the World (extraits de films à l’appui). Jusqu’à présent, les autorités ont toujours su les repousser et rebâtir la cité. Or voilà qu’un nouveau Godzilla vient semer la panique, au grand dam de la première Ministre. Il n’a plus les yeux blancs du film précédent mais reste redoutablement destructeur. Le gouvernement s’intéresse alors aux travaux du docteur Yuhara, qui a créé une machine construite autour de tendons et de muscles organiques. Aux côtés d’autres grands scientifiques, il est chargé de trouver une arme susceptible d’affronter Godzilla.
Évidemment, le titre du film ne laisse pas planer le suspense plus longtemps. Il s’agit de construire un Godzilla artificiel, mi-robot mi-clone : un « biorobot » ! Or le squelette du tout premier monstre, enfoui sous les eaux à la fin du film original, a été retrouvé, ce que nous montre une scène étonnante de révélation de la colossale masse d’os arpentée par des hommes grenouilles. Des cellules vivantes s’y trouvent encore et pourraient servir de base à la création du cyborg. Le postulat est donc délirant mais le scénario tient à l’inscrire dans un contexte social et politique réaliste. En découvrant ce projet gouvernemental, la presse s’interroge par exemple sur son financement et sur le réarmement du Japon. Trois ans et demi plus tard, le robot est enfin prêt. Son nom de code est Kiryu. Impressionnante, la machine est conforme au physique apparu dans les précédents films. Elle est équipée d’un rayon ventral réfrigérant, de lances missiles, de fusées et de jets d’énergie propulsés par sa gueule et ses poignets.
Place au « bio-robot »
Des éléments de suspense inattendus s’insèrent dans les combats entre les deux créatures, dans la mesure où le robot a une autonomie limitée qui l’oblige à se mettre en veille avant une recharge de ses batteries. Autre idée intéressante : des cellules vivantes s’agitent dans son cerveau artificiel et se souviennent du sort du premier Godzilla, provoquant des dysfonctionnements qui le rendent incontrôlable. Comme dans Godzilla x Magaguirus, une jeune militaire a une revanche à prendre sur Godzilla, qui tua ses collègues lors d’un de ses assauts destructeurs. Elle s’embarque donc dans l’escadron Kiryu et ne laisse pas insensible le professeur Yuhara. Leur relation, ainsi que le lien que la combattante tisse avec la fille du scientifique, assure l’enjeu humain du film. C’est d’ailleurs la gamine qui a sans doute les mots les plus justes. « C’est une bombe H qui a créé Godzilla, et maintenant un Godzilla cyborg ? », s’exclame-t-elle. « Qui faut-il blâmer ? Les êtres humains bien sûr ! » Godzilla x Mechagodzilla est sans conteste l’opus le plus réussi et le plus distrayant de cette nouvelle ère, s’achevant sur un plan iconique qui semble préfigurer le Pacific Rim de Guillermo del Toro.
© Gilles Penso
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