DANGER, PLANÈTE INCONNUE (1969)

Gerry Anderson produit cette aventure futuriste où le héros des Envahisseurs découvre une planète très étrange…

DOPPELGÄNGER / JOURNEY TO THE FAR SIDE OF THE SUN

 

1969 – GB

 

Réalisé par Robert Parrish

 

Avec Roy Thinnes, Ian Hendry, Patrick Wymark, Lynn Loring, Loni von Friedl, Franco De Rosa, George Sewell, Ed Bishop, Philip Madoc, Vladek Sheybal, Herbert Lom

 

THEMA SPACE OPERA I FUTUR

Célèbres grâce à leurs séries télévisées de science-fiction interprétées par des marionnettes (Supercar, Stingray, Les Sentinelles de l’air, Captain Scarlett), Gerry et Sylvia Anderson décident de varier les plaisirs à la fin des années soixante en s’orientant vers un public plus adulte. Les époux scénaristes et producteurs conçoivent donc une histoire futuriste qu’ils baptisent Doppelgänger et qu’ils destinent au petit écran, sous forme d’un téléfilm d’une heure incarné cette fois ci par des acteurs en chair et en os. Mais leur investisseur Lew Grade pense que cette histoire mérite le grand écran. Sollicité pour produire ce film, Jay Kanter d’Universal n’est pas tout à fait convaincu par le script. Il se ravise lorsqu’on lui propose à la mise en scène le vétéran Robert Parrish (qui vient de co-réaliser le James Bond parodique Casino Royale) et donne son feu vert, à condition que le scénario soit révisé. L’auteur Donald James (fort de son expérience sur des séries telles que Le Saint, Les Champions, Chapeau Melon et bottes de cuir, ou Mission impossible) vient donc prêter main forte aux époux Anderson et le tournage est programmé entre juillet et octobre 1968. Il se déroulera aux studios Pinewood, avec quelques extérieurs captés en Angleterre et au Portugal. Le rôle principal est immédiatement attribué à Roy Thinnes, que Gerry Anderson a beaucoup apprécié dans la série Les Envahisseurs. C’est sa propre épouse, Lynn Loring, qui jouera sa femme à l’écran. Ian Hendry et Patrick Wymark, tous deux vus dans le Répulsion de Roman Polanski, donneront la réplique à Thinnes. Bien plus tard, Anderson avouera que le sérieux penchant pour la boisson de ces deux comédiens les rendait très peu efficaces pendant les après-midis de tournage !

L’intrigue se situe en 2069. Une sonde du centre spatial européen Eurosec ayant découvert une planète inconnue située sur la même orbite que la Terre de l’autre côté du soleil, on décide de mettre sur pied une expédition habitée afin d’aller l’explorer. Le scénario s’intéresse d’abord aux problèmes administratifs liés au financement de ce voyage spatial (estimé à 3000 millions de livres sterling de l’époque). Les partenaires européens refusant d’investir autant d’argent, l’opiniâtre Jason Webb (Patrick Wymark) se tourne vers les États-Unis, qui déclinent la proposition à leur tour. Mais le ton change lorsqu’on découvre qu’un espion (Herbert Lom) s’est infiltré dans les locaux d’Eurosec et connaît l’existence de cette planète. Désormais, il devient urgent de partir l’explorer avant les autres. L’identité de ces « autres » n’est jamais révélée, mais en pleine Guerre Froide il n’est pas difficile de savoir de qui l’on parle. L’équipage sera donc anglo-américain : le colonel Glenn Ross (Roy Thinnes) et le professeur John Kane (Ian Hendry). Tous deux sont placés en hibernation pendant trois semaines, ignorant que ce qui les attend de l’autre côté du soleil dépasse l’entendement…

De l’autre côté du soleil

L’un des moindres attraits du film n’est pas son approche « réaliste », les Anderson visant de toute évidence un autre public que celui des Thunderbirds et se laissant inévitablement inspirer par 2001 l’odyssée de l’espace. Ainsi, après avoir abordé en détail les problèmes politiques et financiers liés à ce voyage spatial victime d’espionnage industriel, Danger planète inconnue s’attarde sur l’entraînement éprouvant des astronautes et sur toutes les phases de préparatifs du décollage. Un futurisme amusant – et parfois prophétique – constelle le film à travers une série de technologies qui relevaient encore à l’époque de la pure spéculation : rayons X intégral, visioconférence, appareil photo miniaturisé, visiophone, montre qui contrôle le rythme cardiaque, voitures aérodynamiques… La mode vestimentaire, pour sa part, reste modelée sur celle des années soixante : costumes cintrés pour les hommes, minijupes seyantes pour les femmes. Fidèle au poste, le génial superviseur des effets visuels Derek Meddings se surpasse dans le domaine des modèles réduits. Les avions futuristes, les aérodromes, les bâtiments immenses, les véhicules roulants et les engins spatiaux s’animent sous ses mains expertes, avec un charme fou qui ne cherche jamais l’hyperréalisme au profit d’un émerveillement permanent. Autre collaborateur régulier des Anderson, le compositeur Barry Gray se lance dans une partition épique à mi-chemin entre Les Sentinelles de l’air et Cosmos 1999… avec en prime des passages musicaux quasi-psychédéliques au moment où le voyage prend une tournure kaléidoscopique, une nouvelle fois sous l’influence de 2001. Le concept qui sous-tend le récit s’avère passionnant, digne d’un épisode de La Quatrième dimension, mais Danger planète inconnue sera un échec cuisant, avant d’être réévalué plus tard et considéré comme une date importante dans le cinéma de science-fiction. Gerry Anderson recyclera de nombreux accessoires du film (et même plusieurs membres du casting) pour sa série UFO.

 

© Gilles Penso

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