QU’EST-IL ARRIVÉ AU BÉBÉ DE ROSEMARY ? (1976)

Peu de gens se souviennent que Rosemary’s Baby eut droit à une séquelle télévisée officielle au milieu des années 70…

LOOK WHAT’S HAPPENED TO ROSEMARY’S BABY / ROSEMARY’S BABY PART II

 

1976 – USA

 

Réalisé par Sam O’Steen

 

Avec Patty Duke, George Maharis, Ruth Gordon, Ray Milland, Stephen McHattie, Broderick Crawford, Lloyd Haynes, David Huffman

 

THEMA DIABLE ET DÉMONS

L’impact de Rosemary’s Baby reposait sur une alchimie difficile – voire impossible – à retrouver : un roman choc, un cinéaste surdoué, des comédiens en état de grâce… Désireux malgré tout de capitaliser d’une manière ou d’une autre sur le classique de 1968, le studio Paramount se lance dans une séquelle tardive destinée directement au petit écran. Pas question de demander à Roman Polanski – ni à n’importe quel cinéaste de renom – de s’embarquer dans une telle aventure. C’est donc Sam O’Steen, monteur talentueux (Qui a peur de Virginia Woolf, Le Lauréat et justement Rosemary’s Baby) qui hérite du bébé. O’Steen n’en est pas à son coup d’essai derrière la caméra, avec une poignée de téléfilms à son actif, mais il n’est visiblement pas à la hauteur d’une telle mission. Le casting est à l’avenant, remplaçant Mia Farrow et John Cassavetes par Patty Duke et George Maharis, deux grands habitués des séries TV qui n’ont hélas pas l’once du charisme de leurs prédécesseurs. Quant au scénario, il est signé Anthony Wilson, dont la filmographie disparate compte des épisodes de Bonanza, La Quatrième dimension, Voyage au fond des mers, La Famille Addams, Ma sorcière bien aimée, Le Fugitif, Les Envahisseurs ou La Planète des singes.

Lorsque le film commence, Adrian, le bébé de Rosemary Woodhouse, est âgé de huit ans. Traqués par les membres de la secte d’adorateurs du diable qui orchestrèrent la naissance de l’enfant, la mère et son fils trouvent refuge dans une synagogue, mais des phénomènes surnaturels se mettent soudain à affecter les fidèles du lieu saint. Guy Woodhouse, de son côté, est désormais un acteur de cinéma très populaire. Toujours en contact avec le couple Castevet (les « gentils » voisins qui ne jurent que par Satan), il apprend la fuite de Rosemary et Adrian. Ces derniers sont momentanément hébergés par une prostituée dans sa caravane… Mais le Malin réussit à enlever le jeune garçon, éloignant de lui Rosemary en l’emmenant dans un bus démoniaque qui se conduit tout seul. Des années plus tard, Adrian est devenu un jeune homme, mais il semble possédé. Pourra-t-on lui faire retrouver son âme ?

Un fils pour le diable

Comme on pouvait le craindre, cette séquelle est autant inutile qu’injustifiée. Inutile, car la fin de Rosemary’s Baby, tout en suggestion, laissait une empreinte quasi-indélébile dans l’esprit des spectateurs troublés et n’appelait aucune suite. Injustifiée, dans la mesure où les indices donnés dans le film original empêchaient de concevoir le bébé de Rosemary comme un mignon petit garçon très équilibré que Satan se voit obligé de capturer pour lui faire gagner sa cause. Quant à la possession supposée d’Adrian devenu adulte et les efforts pour chasser le démon de son esprit, ce ne sont à l’évidence que des tentatives – fréquentes à l’époque – de récupérer le succès remporté par L’Exorciste. Pour couronner le tout, la mise en scène de Sam O’Steen collectionne les temps morts, malgré l’intention manifeste de créer un sentiment de malaise et de paranoïa. Seule scène à sauver du naufrage : celle du car fantôme qui emporte Rosemary vers des limbes inconnues, angoissante et adroitement menée. Mais une scène intéressante pour un film tout entier, c’est très court. Qu’est-il arrivé au bébé de Rosemary fut diffusé une première fois sur ABC, le 29 octobre 1976, puis un peu plus tard dans le reste du monde, avant de sombrer dans un oubli quasi complet. Vingt ans plus tard, Ira Levin écrira lui-même la suite de son roman, « Le Fils de Rosemary », qui présentera quelques similitudes avec le scénario d’Anthony Wilson tout en développant un récit très différent.

 

© Gilles Penso

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