ALERTE SATELLITE 02 (1969)

Un étrange space opera britannique qui détourne les codes du western pour conter une aventure mouvementée sur la Lune…

MOON ZERO TWO

 

1969 – GB

 

Réalisé par Roy Ward Baker

 

Avec James Olson, Warren Mitchell, Adrienne Corri, Catherine Schell, Ori Levy, Dudley Foster, Bernard Bresslaw, Neil McCallum

 

THEMA SPACE OPERA

Tout commence par un cartoon déjanté dans la lignée des génériques de La Panthère rose, accompagné d’une chanson pop frénétique, qui nous laisse imaginer qu’Alerte satellite 02 est une parodie de science-fiction, une sorte d’Airplane 2 avant la lettre. Or l’ambition de cette curiosité britannique est tout autre. Car si l’humour est ici très présent, nous avons surtout affaire à un mélange de western et de space-opéra, sur fond d’action à la James Bond, le tout étant fortement imprégné de la culture acidulée des sixties. La trame se situe en l’an 2021, et l’homme a depuis longtemps colonisé la Lune. De vastes aéroports, des hôtels, des bars et des cités y ont été édifiés, et l’on espère bientôt s’installer de la même manière sur d’autres planètes du système solaire. Le capitaine Kemp (le fort charismatique James Olson) est l’un des meilleurs pilotes de l’espace, et accessoirement le premier homme à avoir marché sur Mars.

Lassé de végéter dans les missions de routine, et très peu désireux de passer le reste de ses jours à transporter des touristes de la Terre vers la Lune, Kemp accepte un travail illégal pour le compte du baron milliardaire J.J. Hubbard (le savoureux Warren Mitchell, qu’on croirait issu d’un album de Tintin ou de Blake & Mortimer). Ce dernier souhaite détourner de son orbite un astéroïde de 6000 tonnes et le faire s’écraser sur la Lune, afin de pouvoir le récupérer, pour la simple et bonne raison qu’il est constitué de saphir brut. Parallèlement à cette mission, qu’il accomplit sans heurt, Kemp se laisse séduire par Clementine Taplin (la délicieuse Catherine Schell), une jeune femme désemparée depuis que son frère a disparu dans un champ minier à la surface de la Lune. Kemp se propose de l’aider, et découvre bientôt que cette disparition n’est pas sans rapport avec les projets mercantiles de Hubbard…

Men on the Moon

Deux ans après avoir réalisé le mémorable Les Monstres de l’espace, Roy Ward Baker se retrouvait aux commandes de cette ambitieuse aventure de SF, bénéficiant d’un budget bien plus conséquent que ceux auxquels les studios Hammer étaient jusqu’alors habitués. Du coup, les effets spéciaux visuels, point faible habituel des films de la compagnie britannique, sont ici extrêmement soignés. Les maquettes, les décors et la direction artistique sont à l’avenant. Et si ici le réalisme n’est pas vraiment de mise (nous avons par exemple droit à une fusillade sur la Lune qui ne tient absolument pas compte des lois de l’apesanteur), l’univers visuel créé par Roy Ward Baker et son équipe s’avère cohérent et fort convainquant. Véritable attraction de fête foraine, Alerte satellite 02 accumule quelques-uns des lieux communs du western pour mieux les détourner (le duel, la bagarre de saloon, le prospecteur minier), et s’inscrit volontiers dans une imagerie de bande dessinée plus proche de Flash Gordon et Buck Rogers que de 2001 l’odyssée de l’espace. Sorti quelques mois à peine après les premiers pas de Neil Armstrong sur la Lune, Alerte satellite 02 constitue l’une des rares incursions de la Hammer dans l’aventure intersidérale, et ouvrit la voie à d’autres initiatives de science-fiction britannique, dont la moindre ne fut pas la série Cosmos 1999 de Gerry Anderson.

 

© Gilles Penso

 

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