Deux ans après avoir réalisé le mémorable Les Monstres de l’espace, Roy Ward Baker se retrouvait aux commandes de cette ambitieuse aventure de SF, bénéficiant d’un budget bien plus conséquent que ceux auxquels les studios Hammer étaient jusqu’alors habitués. Du coup, les effets spéciaux visuels, point faible habituel des films de la compagnie britannique, sont ici extrêmement soignés. Les maquettes, les décors et la direction artistique sont à l’avenant. Et si ici le réalisme n’est pas vraiment de mise (nous avons par exemple droit à une fusillade sur la Lune qui ne tient absolument pas compte des lois de l’apesanteur), l’univers visuel créé par Roy Ward Baker et son équipe s’avère cohérent et fort convainquant. Véritable attraction de fête foraine, Alerte satellite 02 accumule quelques-uns des lieux communs du western pour mieux les détourner (le duel, la bagarre de saloon, le prospecteur minier), et s’inscrit volontiers dans une imagerie de bande dessinée plus proche de Flash Gordon et Buck Rogers que de 2001 l’odyssée de l’espace. Sorti quelques mois à peine après les premiers pas de Neil Armstrong sur la Lune, Alerte satellite 02 constitue l’une des rares incursions de la Hammer dans l’aventure intersidérale, et ouvrit la voie à d’autres initiatives de science-fiction britannique, dont la moindre ne fut pas la série Cosmos 1999 de Gerry Anderson.
© Gilles Penso