MY SOUL TO TAKE (2010)

L’avant-dernier film de Wes Craven est un slasher surprenant au cours duquel sept adolescents sont hantés par l’âme d’un serial killer…

MY SOUL TO TAKE

 

2010 – USA

 

Réalisé par Wes Craven

 

Avec Max Thieriot, John Magaro, Denzel Whitaker, Zena Grey, Nick Lashaway, Paulina Olszynski, Jeremy Chu, Elena Hurst, Emily Meade

 

THEMA TUEURS I SAGA WES CRAVEN

Après une interruption de cinq ans dans sa carrière de réalisateur, période au cours de laquelle il produisit l’excellent remake de La Dernière maison sur la gauche dirigé par Dennis Illiadis et écrivit le script du plus anecdotique La Colline a des yeux 2 de Martin Weisz, Wes Craven repasse derrière la caméra. Ses fans attendaient ça depuis le mitigé Cursed et l’inégal Red Eye. Le voilà donc à nouveau à la tête d’un film d’horreur tourné sous l’énigmatique titre de travail 25/8 avant d’être rebaptisé My Soul to Take, autrement dit « Mon âme à prendre » (l’expression est extraite d’une comptine pour enfants bien connue en Amérique, ce qui n’est pas sans nous rappeler les inquiétants poèmes que récitent les bambins des Griffes de la nuit). Pour marquer son retour derrière la caméra, Craven signe le scénario lui-même. La dernière fois qu’il écrivit l’un de ses propres films, c’était à l’époque de Freddy sort de la nuit.

En quelques minutes, le cinéaste prouve que son savoir-faire ne s’est guère émoussé. Le portrait d’Abel Plenkov (Raul Esparza), bon père de famille souffrant de personnalités multiples qui le transforment en tueur sanguinaire, y est en effet traduit avec talent par un montage syncopé qui instille instantanément le malaise, une bande son parasitée par des effets perturbants et un découpage au cordeau. Après la mort présumée de cet homme dangereux pris en chasse par la police, la légende dit que ses différentes personnalités se sont réparties dans l’esprit de sept jeunes gens nés au moment de son trépas. Le cinéaste renoue ainsi avec sa passion des légendes urbaines et ses descriptions bien peu complaisantes de familles d’apparence équilibrée masquant d’énormes dysfonctionnements. Certaines répliques, comme celle de cet officier de police d’origine haïtienne affirmant « les personnalités meurent quand le patient meurt, mais les âmes survivent », nous ramènent d’ailleurs dans l’atmosphère étouffante de L’Emprise des ténèbres.

Un accueil glacial

My Soul to Take n’échappe pas aux lieux communs que Craven s’amusait pourtant lui-même à dénoncer dans Scream (intrigues lycéennes, tueur apparemment indestructible, dialogues exagérément explicatifs) mais possède ce sens de l’insolite et du cauchemar que le cinéaste cultive si bien, notamment dans ces séquences déroutantes où le jeune Adam (Max Thieriot, futur personnage récurrent de la série Bates Motel) est en proie à des dérèglements psychiques qui influent sur son comportement. Mais le public ne suit pas, réservant à My Soul to Take un accueil glacial, malgré de nombreuses modifications que Craven consent à apporter au montage suite aux réactions négatives des projections test. Plusieurs sessions de tournage additionnels sont en effet organisées pour modifier le prologue et surtout le dernier acte, en vain. La sortie du film au cinéma sera repoussée à cause de ces retouches, ce qui ne facilitera pas sa campagne marketing. Pour se remettre de ce flop, Wes Craven enchaînera l’année suivante avec Scream 4, qui sera son dernier film.

 

© Gilles Penso

 

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