BATTLE ROYALE (2000)

Pour réfréner la violence de la jeunesse japonaise, le gouvernement organise des jeux de massacre sur une île isolée…

BATORU ROWAIARU

 

2000 – JAPON

 

Réalisé par Kinji Fukasaku

 

Avec Takeshi Kitano, Tatsuya Fujiwara, Aki Maeda, Taro Yamamoto, Masanobu Ando, Kou Shibasaki, Chiaki Kuriyama

 

THEMA POLITIQUE FICTION

Adapté d’un roman de Koshun Takami, Battle Royale part du postulat suivant : le gouvernement et les autorités n’ayant pas trouvé un moyen d’enrayer la rébellion et le manque de discipline chez la jeunesse, ils ont organisé un jeu sanglant qui consiste à réunir des classes entières de lycéens sur une petite île isolée. La mission de ces derniers est simple. Ils doivent s’entretuer à l’aide des armes diverses mises à leur disposition, jusqu’à ce qu’il n’y ait plus qu’un seul survivant. Chacun d’entre eux est équipé d’un collier qui permet de les repérer à tout moment, et qui explose si jamais l’un d’entre eux ne respecte pas le règlement. Sur un schéma qui évoque des œuvres aussi diverses que Sa Majesté des mouches, Punishment Park ou Le Prix du danger, ces « jeux du cirque » d’un nouveau genre sont mis en scène par un vétéran du cinéma de genre nippon, Kinji Fukasaku, à qui nous devons près de soixante-dix longs-métrages parmi lesquels l’inénarrable Bataille au-delà des étoiles, le spectaculaire Tora Tora Tora (coréalisé avec l’immense Richard Fleischer), le Star Wars japonais Les Évadés de l’espace et un très grand nombre de polars.

Battle Royale porte ainsi à son paroxysme tout le paradoxe du cinéma japonais. D’un côté, le film est truffé de saynètes naïves et débordant de bons sentiments, centrées sur l’amitié, l’amour et l’innocence, grandes envolées de violons à l’appui. De l’autre, ce sont des débordements de violence dépassant en outrance tous les meurtres sanglants des Halloween, Vendredi 13 et autres Scream : égorgements à la serpe, hache plantée dans un crâne, émasculation à coup de couteau, cran d’arrêt planté dans un front, décapitations, massacres au fusil-mitrailleur, têtes qui explosent… Bref c’est un véritable délire horrifique non-stop, qui prend très rapidement les allures d’un jeu vidéo macabre de type « shoot’em up ». D’autant que le film s’amuse à décompter au fur et à mesure les victimes et les survivants, sous la forme d’un affichage à l’écran qui scande régulièrement le récit.

Folie meurtrière

Au beau milieu de cette folie meurtrière trône l’acteur/réalisateur Takeshi Kitano, dans le rôle d’un professeur taciturne qui se nomme… Kitano ! Sadique et impitoyable au premier abord, son personnage s’avère finalement plus complexe. Triste et désabusé, n’attendant visiblement rien de la vie, il cherche parmi les étudiants voués au massacre un substitut à sa propre fille, qui le hait et le méprise de toutes ses forces. Il faut aussi saluer la pleine implication des jeunes acteurs qui, après plusieurs mois de préparation physique, effectuèrent tous l’intégralité de leurs scènes d’action et de leurs cascades sans le recours à la moindre doublure. Battle Royale s’est probablement mué en objet de culte grâce au défouloir sans borne qu’il représente et à ses allures de manga en chair et en os, mais il faut surtout y voir un violent plaidoyer de la jeunesse contre un monde adulte trop cynique. Le plus étonnant, c’est que ce cri de révolte soit poussé par un réalisateur de 70 ans dont ce sera d’ailleurs le dernier film.

 

© Gilles Penso

 

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