HOUSE 4 (1992)

Un quatrième épisode sans queue ni tête avec une douche de sang, des déchets toxiques, des gangsters à tête d’animaux et une pizza humaine…

HOUSE IV – THE REPOSSESSION

 

1992 – USA

 

Réalisé par Lewis Abernathy

 

Avec William Katt, Terri Treas, Melissa Clayton, Scott Burkholder, Denny Dillon, Ned Romero, Dabbs Greer, Ned Bellamy

 

THEMA FANTÔMES I SAGA HOUSE

C’est Lewis Abernathy, un véritable « couteau-suisse » à la fois scénariste, acteur et créateur d’effets spéciaux, qui hérite de la mise en scène de House 4, dernier opus d’une franchise inégale initiée au milieu des années 80. Le scénario de cet épisode est co-écrit par Deordre Higgins et Geof Miller (Mutant aquatique en liberté), l’histoire ayant également été travaillée par R.J. Robertson (Mutant) et Jim Wynorski (Shopping). Conformément au principe établi dans cette franchise multiforme, l’histoire ne présente pas de continuité avec celle des autres films et la maison du titre n’a aucun lien avec les trois précédentes. On aurait pourtant pu croire à un retour aux sources, dans la mesure où le héros du premier House, Roger Cobb, est de retour sous les traits de son interprète William Katt. Mais ce n’est qu’un leurre. En effet, malgré l’homonymie des noms et la sollicitation du même comédien, nous avons de toute évidence affaire à un autre personnage. Le Cobb du premier film était père d’un petit garçon, marié à l’actrice Sandy Sinclair et héritier de la maison de sa tante. Ici, il est père d’une petite fille, son épouse s’appelle Kelly et il hérite de la maison de son père. On peut légitimement se demander dans ce cas pourquoi avoir conservé le nom de Roger Cobb. Visiblement, les scénaristes n’en savent pas plus que nous, ce que tend à confirmer une intrigue sans queue ni tête qui se déploie au petit bonheur la chance pendant 90 minutes.

William Katt ne faisant acte de présence que le temps de deux jours de tournage, son personnage s’efface rapidement au profit de Kelly Cobb, incarnée par Terri Treas (vue en scientifique fascinée par les insectes dans Voyage au bout de l’horreur). Mère d’une fille de douze ans (que joue une comédienne de 18 ans !) clouée sur un fauteuil roulant après un accident de voiture spectaculaire, elle s’installe dans le vieux manoir familial isolé au milieu du désert dont elle vient d’hériter. Son beau-frère Burke (Scott Burkholder) aimerait beaucoup racheter la maison pour la détruire et disposer du terrain, mais Kelly n’y tient pas et reste avec sa fille dans cette demeure pourtant objectivement sinistre. Bientôt, la jeune mère est frappée de visions et de cauchemars de plus en plus préoccupants. Elle découvre alors que le manoir, qui semble hanté, a été construit sur une source indienne sacrée. C’est alors qu’interviennent deux hommes de main de Burke, engagés pour pousser de force Kelly et sa fille à quitter les lieux…

Ni peur ni rire

Autant l’avouer tout de suite : on s’ennuie ferme pendant la grande partie de ce film bancal qui semble hésiter entre le public familial (le fantôme gentil, la petite fille et son nounours, les gangsters bêtes et maladroits) et les ados férus de films d’horreur (nous avons même droit au gros plan parfaitement gratuit d’une paire de seins recouverts de sang). Même si l’atelier KNB est toujours en charge des effets spéciaux (comme sur l’opus précédent), leur champ d’action est ici très limité. Les éléments surnaturels du film oscillent d’ailleurs entre les trouvailles surprenantes (une main surgit d’un tas de cendres éparpillées au sol, une pizza prend soudain des traits humains, un pommeau de douche crache des litres d’hémoglobine) et les idées visuelles grotesques (une lampe de chevet se transforme en chien, les hommes de main de Burke se retrouvent affublés d’une tête de serpent et d’une tête de fourmi). Et puis soudain, au bout d’une heure de métrage, nous avons l’impression de basculer dans un film Troma avec une usine de déchets toxiques dégoulinants, un chef d’entreprise mafieux aux allures de gnome trapu assis sur un trône, des hommes de main habillés en tueurs à gage, une secrétaire bimbo et du slime repoussant. Conçu en dépit du bon sens, House 4 ne fait donc ni peur ni rire et se visionne avec perplexité. Tourné en 1990 et sorti deux ans plus tard directement en vidéo, ce sera le tout dernier opus d’une franchise en bout de course.

 

© Gilles Penso


Partagez cet article