SHOPPING (1986)

Trois robots censés sécuriser un centre commercial se dérèglent et commencent à massacrer tous ceux qui croisent leur route…

KILLBOTS / CHOPPING MALL

 

1986 – USA

 

Réalisé par Jim Wynorski

 

Avec Kelli Maroney, Tony O’Dell, Russell Todd, Karrie Emerson, Barbara Crampton, Nick Segal, John Terlesky, Gerrit Graham, Paul Bartel, Mary Woronow,

 

THEMA ROBOTS

C’est en voyant le film de science-fiction Gog, réalisé en 1954 par Herbert L. Strock, que Jim Wynorski a l’idée d’une histoire de robots tueurs. En 24 heures, il rédige un synopsis détaillé avec Steve Mitchell et le soumet à Julie Corman, l’épouse du célèbre Roger. Cette dernière accepte de produire ce long-métrage, baptisé alors Killbots, et obtient l’accord de Vestron International pour sa distribution. Enthousiaste, Wynorski se lance alors dans les préparatifs de ce qui sera son second film après The Lost Empire. Le scénario définitif est écrit en quelques semaines. Au milieu d’un casting de jeunes comédiens peu connus, l’amateur reconnaîtra Barbara Crampton (Re-Animator) en serveuse, Paul Bartel (réalisateur de La Course à la mort de l’an 2000) en commerçant et Dick Miller (l’acteur fétiche de Joe Dante) en agent d’entretien. Produit pour un budget très raisonnable de 800 000 dollars, ce mixage délirant entre l’horreur et la science-fiction est tourné pendant vingt jours dans un véritable centre commercial californien, le Sherman Oaks Galleria. La contrainte pour l’équipe du film est de ne pouvoir travailler que la nuit, entre les horaires de fermeture et d’ouverture des magasins, et de laisser les lieux impeccables avant l’arrivée des clients. Une mission compliquée mais accomplie sans accroc.

L’histoire se situe donc dans un « shopping center » américain qui vient de s’équiper d’un système de sécurité ultramoderne : la gamme Protector 101, autrement dit trois robots programmés pour arpenter chaque soir les trois étages du bâtiment afin de stopper les éventuels voleurs pénétrant illégalement dans les lieux. Ce sont des machines trapues montées sur chenille et équipées de pinces, de rayons lasers, de câbles électrifiés, de flèches paralysantes, de quatre bras extensibles, d’explosifs et d’un blindage qui résiste aux balles. Lorsqu’un éminent scientifique présente avec emphase ces machines intelligentes devant une petite assemblée, on ne peut s’empêcher de penser à Robocop. D’autant que tout commence par une fausse pub vantant les mérites de ces nouveaux garants de la sécurité. Si ce n’est que le film de Paul Verhoeven est sorti un an après celui-ci. Le cinéaste hollandais et ses scénaristes se seraient-ils laissés inspirer par la petite série B sans prétention de Jim Wynorski ? Allez savoir ! Toujours est-il que, comme dans Robocop, le spectateur pressent très vite que les choses vont mal tourner. Et effectivement, ça ne rate pas : pendant un violent orage, la foudre frappe l’ordinateur central. Les robots deviennent alors incontrôlables, tuent d’abord deux techniciens puis s’en prennent à un groupe de jeunes gens qui travaillent dans le centre commercial et ont décidé de s’offrir une nuit de fête en restant sur place après la fermeture…

Mortelles emplettes

Le spectacle qui s’offre à nous est sans prétention mais généreux en cascades, en scènes de destruction, en séquences délicieusement foutraques (la jeune fille en petite tenue coursée dans la galerie marchande par un robot qui la mitraille à coups de rayons laser) et en morts inventives dignes d’un slasher exubérant. Après chaque égorgement, immolation ou explosion de tête, les robots lâchent un désinvolte « merci, passez une bonne journée ». La grande majorité des acteurs joue sans la moindre conviction, ce qui n’est pas particulièrement rédhibitoire en pareilles circonstances. Il faut tout de même saluer l’implication physique de Kelli Maroney (au passage la seule jeune fille du film qui ne se dénude pas). Celle-ci donne de sa personne, effectue de nombreuses cascades vertigineuses elle-même et laisse d’énormes tarentules lui grimper dessus dans une efficace séquence de suspense située dans une animalerie. Il convient également de féliciter le travail de Robert Short et de son équipe qui, avec trois bouts de ficelles et beaucoup de recyclage, ont su construire des robots convaincants et photogéniques : un modèle entièrement radio-contrôlé à distance et quatre autres exemplaires mécaniques aux fonctions complémentaires. En guise de clin d’œil aux anciennes productions de Roger Corman, l’un des décors du film, celui du restaurant italien, est garni de posters de films tels que La Galaxie de la terreur, Barbarian Queen, Mutant ou Lost Empire. Un couple regarde même un extrait de L’Attaque des crabes géants dans l’une des séquences précédant l’attaque des monstres mécaniques. Le film sort d’abord en mars 1986 sous le titre Killbots, mais sans succès. Le titre et le visuel du poster évoquent un dessin animé pour enfants, n’attirant pas du tout le public visé. Les époux Corman le réexploitent donc aussitôt sous un autre titre : Chopping Mall (un jeu de mot entre « Shopping » – faire ses courses – et « Chopping » – couper en morceaux). Cette fois-ci, un modeste succès accueille cette œuvrette sympathique rythmée sur une bande originale « so eighties » de Chuck Cirino.

 

© Gilles Penso

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