OVERLORD (2018)

En pleine seconde guerre mondiale, un bataillon de G.I. atterrit au milieu d’un village français où les nazis pratiquent des expériences contre-nature…

OVERLORD

 

2018 – USA

 

Réalisé par Julius Avery

 

Avec Jovan Adepo, Wyatt Russell, Pilou Asbaek, Mathilde Ollivier, John Magaro, Bokeem Woodbine, Jacob Anderson, Iain de Caestecker

 

THEMA ZOMBIES

Impressionné par Son of a Gun, le premier long-métrage de Julius Avery (un polar avec Ewan McGregor), J.J. Abrams le contacte pour lui faire part d’un scénario qui lui a été soumis par Billy Ray : un récit de la deuxième guerre mondiale qui bascule soudain dans l’horreur surnaturelle. Avery a le coup de cœur et s’implique à fond dans le projet. Le scénariste initial étant alors accaparé par sa série The Last Tycoon, Mark L. Smith vient se joindre à l’équipe pour peaufiner le script. Armé d’un budget de 38 millions de dollars, Avery peut se faire plaisir et concocter un long-métrage qui, de prime abord, prend les allures d’un film de guerre post-Il faut sauver le soldat Ryan. Le classique de Spielberg vient immédiatement à l’esprit, même si cette fois-ci nous nous intéressons à un contingent aéroporté à bord d’un C-47. La caméra s’attarde sur chacun des jeunes soldats, serrés les uns contre les autres dans la carlingue de cet avion lancé comme des centaines d’autres à l’assaut des forces allemandes. Nous sommes le 6 juin 1944 et les troupes alliées sont sur le point de débarquer sur les côtes normandes. Pour donner toutes ses chances à l’opération, il faut atterrir dans le village français de Ciel-Blanc et saboter les antennes-relais que les Allemands ont installées sur le clocher de l’église. Telle est la mission de cette petite équipe secouée en plein ciel par les explosions des tirs antiaériens.

Cette scène d’ouverture, tournée à bord de la réplique grandeur nature d’un C-47, saisit d’emblée les spectateurs. Les personnalités affleurent, la caméra s’attarde sur celui qui, de toute évidence, sera notre point d’identification (le première classe Boyce, incarné avec beaucoup de conviction par Jovan Adepo) et la tension monte progressivement jusqu’au point de rupture, c’est-à-dire le parachutage. Là, Julius Avery fait preuve d’une virtuosité incontestable en montrant en plan-séquence la chute de Boyce dans le vide, sa peur panique, le déclenchement de son parachute, le tout au milieu du chaos et de la confusion. La mise en scène joue sur le hors-champ, l’altération de la bande son, la montée d’adrénaline, calquant une fois de plus ses effets de style sur un Soldat Ryan devenu la référence incontournable en la matière. Au sol, Boyce retrouve les survivants, évite les tirs ennemis et se dirige avec ses compagnons d’arme vers Ciel-Blanc, pour cette opération cruciale qui n’est pas sans évoquer celle des Canons de Navarone. Ce n’est que plus tard que le récit bascule dans l’horreur graphique digne des EC Comics.

Il faut sauver le soldat zombie

Féru de « films-concept », J.J. Abrams est un producteur artistique très présent pendant l’élaboration d’Overlord, mais de toute évidence la maîtrise de son réalisateur le pousse à lui laisser les mains libres. Car Julius Avery a des idées très précises. L’une d’elle consiste justement à écarter l’un des partis-pris visuels du Soldat Ryan en préférant aux couleurs désaturées des teintes au contraire très marquées, très présentes. Dans Overlord, le rouge du sang et le jaune du feu irradient l’écran avec vivacité. La grande force du film est l’établissement de personnages crédibles dans un cadre historique réaliste, grâce à une direction artistique minutieuse et des comédiens solides. Au-delà de Jovan Adepo (repéré par le réalisateur dans Fences de Denzel Washington), Wyatt Russell, Mathilde Ollivier et Pilou Asbaek excellent dans les registres respectifs de l’officier dur à cuire, de la villageoise qui s’improvise résistante et du nazi pétri de duplicité. Une fois ce contexte tangible établi, les visions d’horreur surréaliste surgissent avec d’autant plus d’impact, échappées d’un Jour des morts-vivants, d’un Retour des morts-vivants ou d’un Re-Animator (auquel Overlord rend plusieurs hommages directs et assumés). Cette influence « eighties » dicte un recours prioritaire aux effets spéciaux de maquillage réalisés en direct, à l’animatronique, à la pyrotechnie et aux cascades physiques. Ce très sympathique exercice de style n’aura pas été le succès espéré, récupérant tout juste sa mise de départ au moment de sa sortie.

 

© Gilles Penso


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