ARENA (1989)

Dans le futur, des combats de catch entre différentes espèces extra-terrestres sont organisés sur une station spatiale transformée en arène…

ARENA

 

1989 – USA

 

Réalisé par Peter Manoogian

 

Avec Paul Satterfield, Hamilton Camp, Claudia Christian, Marc Alaimo, Shari Shattuck, Armin Shimerman, Brett Porter, Charles Tabansi, Michael Deak

 

THEMA EXTRA-TERRESTRES I SAGA CHARLES BAND

Les productions de l’éphémère compagnie Empire orchestrées par Charles Band ne manquaient guère d’ambition, malgré des moyens souvent très limités. Band et son partenaire Irwin Yablans lancent ainsi une série B de science-fiction au concept délirant qui semble vouloir mixer Rocky et la scène de la cantina de La Guerre des étoiles. « C’était probablement la chose la plus ridiculement chère qu’Empire ait jamais produite », avouait Band dans son autobiographie “Confessions of a Puppet Master”. Ses scénaristes Danny Bilson et Paul de Meo (signataires de Future Cop et futurs auteurs du Rocketeer de Joe Johnston) imaginent ainsi un monde futuriste dans lequel humains et créatures extra-terrestres s’affrontent devant une foule bigarrée en délire. Pour surprenant qu’il soit, leur script semble recycler plusieurs idées antérieures échappées de la série Star Trek, notamment l’épisode « Les Enchères de Triskelion » (1968), où plusieurs membres de l’équipage de l’Enterprise sont transformés malgré eux en gladiateurs, et surtout le fameux « Arena » (1967) dans lequel le capitaine Kirk lutte contre un alien reptilien sur une planète désertique. Tourné en Italie – dans les anciens studios de Dino de Laurentiis devenus ceux d’Empire -, Arena traduit dès l’entame son faible budget et son modeste niveau qualitatif : les effets visuels spatiaux se révèlent très maladroits et la musique synthétique de Richard Band manque cruellement d’emphase.

Arena se déroule en 4038. Grand bellâtre maladroit, Steve Armstrong (Paul Satterfield) est cuisinier dans le fast-food d’une station spatiale où se déroulent les tournois de sport de combat les plus populaires de la galaxie. Des lutteurs appartenant à toutes sortes de races extra-terrestres s’y affrontent mano a mano pour briguer le statut très convoité de champion de l’univers. Suite à une altercation avec un client agressif, Steve et son patron Shorty (Hamilton Camp), un extra-terrestre trapu à quatre bras, sont renvoyés de leur restaurant et se retrouvent sans emploi. Alors qu’ils sont sur le point d’être évacués de la station spatiale, l’organisatrice de combats Quinn (Claudia Christian) se laisse séduire par les capacités athlétiques de Steve et lui propose de l’entraîner. L’offre est alléchante, même si aucun humain n’est jamais parvenu à se hisser au rang de champion. Passées les premières réticences, Steve se prend au jeu, ignorant que le tout-puissant Rogor (Marc Alaimo) a misé gros sur le combat qui s’annonce et est prêt à tous les coups bas pour l’emporter…

Alien Fight Club

L’intérêt principal d’Arena réside dans sa foisonnante galerie de créatures aux designs tous plus excentriques les uns que les autres, du reptile-robot façon boîte de conserve au pirate/démon/cyborg cornu en passant par la sauterelle/chenille géante, le bibendum mi-dinosaure mi-crapaud ou toutes sortes de mixages hybrides improbables empruntant leur morphologie aux rats, aux serpents et aux insectes. Conçus à l’aide de maquillages spéciaux, de costumes et d’animatronique, ces monstres exubérants sont l’œuvre du prolifique John Carl Buechler (Re-Animator), épaulé par les ateliers de Screaming Mad George (Le Cauchemar de Freddy) et d’Alan Munro (Beetlejuice). Ce bestiaire foisonnant n’a rien à envier à celui créé jadis par les équipes de Rick Baker et Stuart Freeborn pour la cantina de La Guerre des étoiles, même si le caractère résolument « cheap » et kitsch d’Arena le rapproche finalement bien plus de l’improbable téléfilm Au temps de la guerre des étoiles que de l’épisode IV réalisé par George Lucas. D’autant que la mise en scène très académique de Peter Manoogian et ses acteurs très moyennement convaincants jouent sérieusement en défaveur du film. Malgré tout, on se laisse embarquer par ce centre de loisir absurde mêlant les combats de catch inter-espèces avec les salles de jeu, les bars, les artistes de stand-up, les danseuses, les musiciens et les bookmakers véreux, comme si nous étions transportés dans une sorte de Las Vegas cosmique. Généreux, bricolé avec les moyens du bord, laissant transparaître les mille astuces déployées par l’équipe pour masquer l’étroitesse de son budget, Arena s’efforce ainsi de tenir contre vents et marées les promesses de son concept fou.

 

© Gilles Penso


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