CÉRÉMONIE MORTELLE (1983)

Suite à la mort mystérieuse d’un éminent psychiatre, un tueur masqué sévit dans l’entourage d’une entreprise de pompes funèbres…

MORTUARY

 

1983 – USA

 

Réalisé par Howard Avedis

 

Avec Mary McDonough, David Wallace, Bill Paxton, Lynda Day George, Christopher George, Curt Ayers, Bill Conklin, Donna Garrett, Greg Kaye, Denis Mandel

 

THEMA TUEURS

Vétéran du cinéma d’exploitation « sexy » depuis le début des années soixante (The Stepmother, The Teacher, The Specialist), le réalisateur d’origine irakienne Howard Avedis (de son vrai nom Hikmat Labib) décide de se lancer dans le cinéma d’horreur au début des années 80, motivé par la vogue croissante des psycho-killers. Avec l’aide de son épouse et co-scénariste Marlene Schmidt, il écrit donc le script de Mortuary avec une méconnaissance apparente du genre qui va se révéler quelque peu handicapante pour l’efficacité du film mais va parallèlement le doter d’un supplément d’étrangeté qui lui permettra à sa manière de sortir du lot. Tel est le paradoxe de Mortuary : à force de singer mécaniquement les codes du slasher (les ados au comportement idiot, les raccourcis scénaristiques absurdes, les vues en caméra subjective du tueur avec une bande son saturée de bruits de respiration), le film d’Avedis se saborde lui-même. Mais au détour d’un effet de style inattendu (une vitre qui se brise au ralenti avec un esthétisme digne de Dario Argento) ou d’un rebondissement scénaristique osé (le final baroque en forme de concerto macabre), Mortuary pique la curiosité jusqu’à en devenir insaisissable. Les distributeurs eux-mêmes y perdent leur latin. Au lieu de promouvoir le film comme un digne héritier de Halloween ou Vendredi 13, les affiches convoquent bizarrement l’imagerie des films de zombies. Une bande-annonce est même spécialement tournée avec Michael Berryman (absent par ailleurs du film) dans le rôle d’un fossoyeur attaqué par un cadavre qui surgit de la terre !

Au beau milieu d’un casting sans grande envergure principalement échappé du petit écran – notamment les époux Lynda Day George et Christopher George, que les amateurs du genre ont pu voir l’année précédente dans l’impensable Sadique à la tronçonneuse de Juan Piquer Simon -, on repère un tout jeune Bill Paxton sur le point de devenir l’acteur fétiche de James Cameron. Dès l’année suivante, sa trogne sympathique allait apparaître dans Terminator, puis Aliens, True Lies et Titanic. Encore en début de carrière, il incarne ici un jeune embaumeur timide et introverti, fils d’un entrepreneur de pompes funèbres qui en pince pour la jeune héroïne (Mary McDonough), elle-même en couple avec un bellâtre aux allures du Fred de Scooby-Doo (David Wallace). C’est autour de cette petite bande que surgit soudain un tueur au visage blafard et au long vêtement noir qui ressemble à une sorte de métaphore de la Mort, annonçant avec plus d’une décennie d’avance le look du Ghostface de Scream. Qui est donc ce psycho-killer ? Les soupçons se tournent vers différents suspects potentiels jusqu’à ce que le scénario décide à mi-parcours de révéler son identité. Les enjeux de l’intrigue se réorientent alors jusqu’à un climax délirant qui justifie le titre français du film : Cérémonie mortelle.

Spiritisme et psychanalyse

Même s’il ne brille pas particulièrement par son originalité, le scénario de Mortuary ne se contente pas d’égrener les meurtres en série de son assassin psychopathe. Une sous-intrigue étrange – qui pourrait d’ailleurs parfaitement disparaître sans altérer le moins du monde le bon déroulement du film – s’intéresse ainsi à des séances de spiritisme occultes menées dans les coulisses de la maison funéraire. Vêtus de toges folkloriques, les membres de ce cercle mystérieux dansent autour d’un chaudron fumant, chantent des mélopées bizarres et invoquent l’esprit des morts. Plus intéressant, un sous-texte psychanalytique vient se greffer au récit. L’héroïne incarnée par Mary McDonough est en effet liée à son défunt père par un complexe d’Œdipe qui conditionne sans cesse son comportement : elle rêve de lui chaque nuit en poussant des gémissements (!), refuse de faire l’amour à son petit-ami lorsque son regard croise un portrait de son géniteur et entre dans de violents conflits avec sa mère qu’elle accuse de tous les maux. Ces ingrédients disparates, couplés à une patine « so eighties » (la musique disco, les soirées patin à roulette et boule à facettes), dotent Mortuary d’un charme suranné propre à ravir tous les amateurs de slashers à l’ancienne, chacune de ses maladresses se muant presque en atout aux yeux des nostalgiques.

 

© Gilles Penso

 

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