DEUX NIGAUDS CONTRE L’HOMME INVISIBLE (1951)

Le duo comique Abbott et Costello se confronte à un boxeur invisible accusé d’un meurtre qu’il n’a pas commis…

ABBOTT AND COSTELLO MEET THE INVISIBLE MAN

 

1951 – USA

 

Réalisé par Charles Lamont

 

Avec Bud Abbott, Lou Costello, Arthur Franz, Nancy Guild, Adele Jergens, Sheldon Leonard, William Frawley, Gavin Muir

 

THEMA HOMMES INVISIBLES I SAGA UNIVERSAL MONSTERS

Rançon de la gloire et signe des temps, l’homme invisible connaît au début des années 1950 le sort qui fut réservé à la majeure partie des monstres du catalogue Universal : une reconversion dans la parodie, via une inévitable rencontre avec Bud Abbot et Lou Costello, les célèbres « deux nigauds » émules de Laurel et Hardy. Certaines aventures précédentes de notre homme transparent versaient déjà volontiers dans la comédie, notamment La Femme invisible et L’Homme invisible contre la gestapo, mais ici le scénario s’en donne à cœur joie, s’inspirant en partie de celui, beaucoup plus sérieux, du Retour de l’homme invisible. D’ailleurs, à l’origine, le projet s’appelait The Invisible Man Strikes Back (« L’homme invisible contre-attaque ») et était conçu comme une séquelle non parodique de La Revanche de l’homme invisible, jusqu’à ce que Bud Abbott et Lou Costello ne s’emparent du mythe suite au succès de Deux nigauds contre Frankenstein.

Ici, notre protagoniste est un boxeur accusé par erreur du meurtre de son manager. L’invisibilité lui permettra donc de prouver son innocence, tout en permettant plusieurs séquences étonnantes, comme cette partie de cartes improbable, ces spaghettis qui se mangent seuls ou cette silhouette humaine apparaissant quelques secondes dans un nuage de fumée. Succédant à John P. Fulton, David S. Horsley signe des trucages admirables, supports indispensables de ce récit rocambolesque. Quelques plans directement tirés du Retour de l’homme invisible sont réutilisés tels quels, comme le cobaye sur lequel est testé le sérum, se muant d’abord en squelette avant de disparaître complètement, ou la valise contenant des vêtements qui s’ouvre toute seule. Et pour assurer le lien avec le tout premier Homme invisible de James Whale, une photo de Jack Griffin (Claude Rains) est accrochée au mur du laboratoire du savant expérimentant le sérum.

Retour aux sources ?

Car on sent quelque part une certaine volonté de « retour aux sources » à travers ce pastiche, l’épée de Damoclès inhérente au roman de Wells (l’invisibilité s’accompagne tôt ou tard de folie destructrice) étant à nouveau au cœur de l’intrigue, même s’il ne s’agit finalement que d’un prétexte assez peu exploité. Abbott et Costello, qui rencontraient déjà furtivement l’homme invisible dans Deux nigauds contre Frankenstein, incarnent ici deux détectives privés exaspérants, et les gags liés à leur comportement absurde s’étirent indéfiniment dans le but d’augmenter les rires… souvent en vain. Reste tout de même ce climax très inventif au cours duquel Lou, se faisant passer pour un boxeur surnommé « Louis la bedaine », affronte un redoutable adversaire par l’entremise de l’homme invisible. Les coups pleuvent du néant, le match prend une tournure burlesque et la chorégraphie des combattants est quasiment surréaliste, sans que le moindre effet spécial ne soit nécessaire au bon fonctionnement de la scène. Nouveau succès pour le studio Universal, Deux nigauds contre l’homme invisible prouva une fois de plus la popularité d’un mariage des grands mythes du fantastique avec le célèbre duo comique.

 

© Gilles Penso


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