DEUX NIGAUDS CONTRE FRANKENSTEIN (1948)

En fin de course chez Universal, le monstre de Frankenstein devient l'objet central d'une parodie menée par Bud Abbott et Lou Costello

ABBOTT AND COSTELLO MEET FRANKENSTEIN

1948 – USA

Réalisé par Charles T. Barton

Avec Bud Abbot, Lou Costello, Glenn Strange, Lon Chaney Jr, Bela Lugosi, Lenore Aubert, Joan Randolph, Vincent Price

THEMA FRANKENSTEIN I DRACULA I LOUPS-GAROUS I HOMMES INVISIBLES  I SAGA UNIVERSAL MONSTERS

Étant donnée la tournure que prenait la série des Frankenstein d’Universal au milieu des années 40, sous l’impulsion du cinéaste Erle C. Kenton, la progression logique du mythe était la parodie. D’où la mise en chantier de Deux Nigauds contre Frankenstein. Les nigauds en question, Bud Abbott et Lou Costello, étaient des sortes de Laurel et Hardy très populaires dans les années 40 et 50. La décision de mixer le duo comique avec les grands monstres classiques ne fut sans doute pas facile à prendre, et le résultat aurait pu n’être qu’un navrant patchwork, témoignage embarrassant de la perte d’inspiration des producteurs et des scénaristes du studio. Mais ce crossover improbable s’avère étrangement cohérent, marquant le début d’une nouvelle série au cours de laquelle Abbott et Costello rencontreront notamment l’homme invisible, Docteur Jekyll et Mister Hyde et la Momie.

Dans ce premier épisode, nos deux nigauds incarnent Wilbur Gray et Chick Young, des livreurs maladroits chargés de transporter deux boîtes imposantes dans un musée de cire. Bientôt, ils réalisent qu’il s’agit en réalité des cercueils de Dracula (Bela Lugosi en personne, reprenant le rôle qu’il avait créé 17 ans plus tôt !) et du monstre de Frankenstein (Glenn Strange, pour la troisième fois consécutive). Allié à une scientifique démente (Lenore Aubert), le baron vampire veut utiliser le cerveau de Wilbur pour redonner vie au monstre. Le loup-garou Larry Talbot (l’indéboulonnable Lon Chaney Jr) et Chick vont tenter de l’en empêcher, et les péripéties saugrenues de s’enchaîner dès lors à tour de bras. Lors du final, notre duo s’échappe sur une barque au beau milieu de l’océan et rencontre l’homme invisible en personne, à qui Vincent Price prête sa superbe voix, comme il le fit huit ans plus tôt dans Le Retour de l’Homme Invisible.

Les adieux de Frankenstein, Dracula et le Loup-Garou

Jack Pierce ayant quitté le studio, c’est Bud Westmore et Jack Kevan, futurs créateurs de L’Etrange Créature du Lac Noir, qui reproduisent avec talent tous les maquillages monstrueux. Quant aux séquences d’animation montrant Dracula se muant en chauve-souris, elles sont l’œuvre de Walter Lantz, créateur du célèbre Woddy Woodpecker. La parodie est d’autant plus réussie que les scènes d’épouvante sont traitées aussi soigneusement que dans les œuvres précédentes du studio. Deux Nigauds contre Frankenstein sonne le glas définitif de la série, le Monstre de Frankenstein, Dracula et le Loup-Garou faisant là leurs adieux aux studios Universal… Jusqu’à ce que Stephen Sommer ne les ressuscite cinquante-six ans plus tard dans Van Helsing. Même s’il n’apparaît pas dans le film, Boris Karloff accepta de se prêter à quelques photographies publicitaires au moment de la sortie du film. De fait, Deux Nigauds contre Frankenstein remporta un très grand succès, preuve que les grands monstres Universal faisaient toujours recette, même sous le jour de la farce potache.
 

© Gilles Penso

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