LE MONDE PERDU (1951)

Une aventure romanesque maritime qui confronte ses héros à des pirates et à des dinosaures sur une île déserte volcanique…

TWO LOST WORLDS

 

1951 – USA

 

Réalisé par Norman Dawn

 

Avec Laura Elliot, James Arness, Bill Kennedy, Gloria Petroff, Tom Hubbard, Jane Harlan, Michael Rye

 

THEMA DINOSAURES I EXOTISME FANTASTIQUE

Vingt-six ans après Le Monde perdu d’Harry O’Hoyt, cette petite production réalisée par Norman Dawn n’hésite pas à promettre à ses spectateurs un double monde perdu avec le titre sans équivoque Two Lost Worlds (que les distributeurs belges et français traduisent de manière plus classique, quitte à faire croire de manière mensongère qu’il s’agit d’une nouvelle adaptation du roman d’Arthur Conan Doyle). Le récit commence le 16 août 1830. Nous sommes alors au cœur du développement de la marine marchande, symbolisée par le fier navire Hamilton Queen quittant les rives de Salem pour son premier voyage en direction des Indes orientales. « Le Hamilton Queen transporte bien plus que la précieuse cargaison abritée dans sa cale », déclame une voix off sans demi-mesure. « Il transporte les rêves de l’Amérique et ceux des hommes qui savent saisir la chance que leur offre leur destin ». Kirk Hamilton lui-même nous apparaît alors sous les traits du comédien James Arness (La Chose d’un autre monde, Des Monstres attaquent la ville), fier, le cheveu au vent, la main nonchalamment posée sur la barre du navire, tel l’incarnation en chair et en os d’une gravure d’époque.

L’élément comique du film est apporté par le personnage de Salty (Tim Graham), l’homme à tout faire qui grimace régulièrement avec la finesse d’Abbott et Costello. Lorsque le sinistre capitaine Hackett (Michael Rye), à bord du Phantom, décide de passer à l’abordage, une brève bataille marine garnie de stock-shots s’ensuit, avant que le Hamilton Queen ne parvienne à semer ses assaillants. Blessé, Hamilton fait alors escale dans une petite ville côtière australienne pour se soigner et laisse son équipage poursuivre le voyage. Là, il sympathise avec la fille du gouverneur, Elaine Jeffries (Laura Elliot). S’ensuivent une amourette printanière, la jalousie du rival, le bal du village et le retour de la voix off qui paraphrase tout ce qui passe à sa portée… Plus ce récit romanesque avance, plus il semble évident que le titre du film est aussi mensonger que son poster garni de reptiles géants agressifs. Le spectateur qui aura eu la patience d’attendre jusque-là assistera au retour du pirate et de ses hommes, à l’enlèvement d’Elaine et à une nouvelle bataille en mer garnie de coups de canons et de stock-shots.

Les sauriens qui venaient d’ailleurs

Il faut attendre la toute dernière bobine, à un quart d’heure de la fin du métrage, pour que nos héros échouent sur une île déserte et volcanique. Là, sans crier gare, les dinosaures surgissent enfin… ou plutôt un crocodile et un iguane agrandis à l’écran. Leur présence est d’autant plus incongrue dans l’aventure que rien ne la justifie. Ils sont d’ailleurs empruntés à un autre film, le fameux Tumak, fils de la jungle d’Hal Roach (1940), grand pourvoyeur de stock-shots reptiliens à l’attention de productions fauchées en mal de grands monstres. Les deux sauriens s’entretuent donc, sous le regard des protagonistes via des rétroprojections plutôt bien troussées, avant l’incontournable catastrophe volcanique clôturant comme il se doit la majorité des récits de mondes perdus. Ayant épuisé son lot d’images d’archives, Two Lost Worlds s’achève comme il a commencé, avec l’image d’Épinal d’un navire marchand qui vogue sur les océans et une voix off plus sentencieuse que jamais…

 

© Gilles Penso


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