TITANIC 2 (2010)

Cette improbable suite/remake du blockbuster de James Cameron déverse sur un nouveau paquebot un tsunami gigantesque…

TITANIC II

 

2010 – USA

 

Réalisé par Shane Van Dyke

 

Avec Marie Westbrook, Shane Van Dyke, Bruce Davison, Michelle Glavan, D.C. Douglas, Brooke Burns, Josh Roman, Carey Van Dyke, Dylan Vox, Wittly Jourdan

 

THEMA CATASTROPHES

Shane Van Dyke est un acteur de séries B anecdotiques (Shark Swarm, Transmorphers : Robot Invasion) devenu scénariste et réalisateur d’autres séries B tout autant anecdotiques (Paranormal Entity, 6 Guns). Son père Barry Van Dyke est un vétéran de la télévision américaine (Galactica 1980, Supercopter, Diagnostic : Meurtre) et son grand-père Dick Van Dyke une star des années 1960 (c’était le héros de Mary Poppins et Chitty Chitty Bang Bang mais aussi de sa propre série The Dick Van Dyke Show). Le talent semble donc avoir cruellement décru de génération en génération. Toujours est-il que Van Dyke Junior se lance ici dans une entreprise impensable : une suite/remake du chef d’œuvre de James Cameron réalisée avec un budget anémique ! C’est encore un coup de la société de production The Asylum, qui ne recule devant rien pour surfer sur les grands succès hollywoodiens. Le concept du film est plutôt malin : un siècle après le fameux naufrage, autrement dit le 10 avril 2012, un nouveau paquebot de luxe baptisé le Titanic II entame le même voyage inaugural que son prédécesseur en empruntant la même route que lui mais en sens inverse, donc de New York à Southampton. Bien sûr, la croisière ne va pas tarder à tourner à la catastrophe.

La production profite de la mise à sa disposition du fameux Queen Mary, amarré en permanence comme navire-hôtel et comme attraction touristique dans le port de Long Beach, en Californie. Ce navire présente beaucoup de ressemblances avec le Titanic – à une cheminée près – et sert donc de « doublure » au célèbre bâtiment pour plusieurs séquences du film. Le vieux navire britannique n’en est pas à son premier tournage, puisqu’il accueillit les équipes de L’Aventure du Poséidon et de S.O.S. Titanic. Avec un tel décor à sa portée, Shane Van Dyke bénéficie d’une précieuse plus-value visuelle. L’autre atout du film est une brochette d’acteurs solides qui s’efforcent de jouer avec un maximum de conviction, notamment Bruce Davison dont les fantasticophiles se souviennent surtout grâce à Willard. Finalement, le comédien le moins crédible est Van Dyke lui-même, dans le rôle du playboy qui a conçu le bateau, qui se promène avec une grappe de bimbos en robe de soirée à ses bras et déclame ses répliques romantiques comme on commenterait un match de foot. Les intrigues de soap opera s’invitent en effet à bord, soulignées par une bande originale sirupeuse qui tente maladroitement d’imiter celle de James Horner. L’acteur/réalisateur se souvient sans doute qu’il apparut en début de carrière dans un épisode d’Amour, gloire et beauté.

L’histoire se répète

Mais nous ne sommes pas là pour lambiner. Un glacier vient en effet de s’effondrer au Groenland, déclenchant un gigantesque tsunami qui déferle à mille kilomètres à l’heure en direction de l’Atlantique et s’apprête à pulvériser le Titanic II. Lorsque les effets spéciaux s’y mettent, rien ne va plus. Les incrustations sont hasardeuses, le navire en images de synthèse n’est pas du tout convaincant, les fissures dans la glace ressemblent aux effets comiques d’un cartoon de Tex Avery et les différents crashs d’avions et d’hélicoptères sont désespérément ratés. On est presque touché de voir à quel point Titanic II s’efforce d’imiter Titanic avec application malgré les minuscules moyens à sa disposition, tirant parti comme il peut de son décor, de sa poignée de figurants et de ses trucages sommaires. Tout y est : le départ du navire en fanfare, le naufrage, le parcours du combattant du couple vedette dans les coursives, le final déchirant dans les eaux glacées… Jusqu’à la chanson romantique du générique de fin ! Distribué un temps sous le titre de Titanic : Odyssée 2012, ce « mockbuster » (imitation cheap d’un blockbuster) n’a rien de foncièrement mémorable mais se laisse regarder sans ennui. Une suite au caractère ouvertement surnaturel lui sera donnée en 2022 sous le titre Titanic 666.

 

© Gilles Penso


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