SIMETIERRE : AUX ORIGINES DU MAL (2023)

Que s’est-il passé plusieurs décennies avant l’histoire terrifiante racontée dans le roman de Stephen King ? Voici la réponse…

PET SEMATARY : BLOODLINES

 

2023 – USA

 

Réalisé par Lindsey Anderson Beer

 

Avec Jackson White, Natalie Alyn Lind, Forrest Goodluck, Isabella Star LaBlanc, Henry Thomas, Jack Mulhern, David Duchovny, Samantha Mathis, Pam Grier

 

THEMA ZOMBIES I SAGA STEPHEN KING

Même s’il n’arrive pas à la cheville de celui réalisé par Mary Lambert, le Simetierre de 2019 a suffisamment déplacé les foules pour donner envie à son producteur Lorenzo di Bonaventura de capitaliser sur ce succès. Fallait-il se lancer dans une suite, exercice auquel Lambert s’était elle-même prêtée sans beaucoup de bonheur avec Simetierre 2 ? Plus prudemment, di Bonaventura choisit l’option de la préquelle, généralement bien accueillie par le public (le doublé X et Pearl de Ti West ne vient-il pas de le démontrer à nouveau ?). Le scénariste Jeff Buhler, déjà à l’œuvre sur Simetierre, se met aussitôt au travail. À la mise en scène, en revanche, on change de tête. Kevin Kölsch et Dennis Midmyer cèdent donc le pas à Lindsey Anderson Beer, qui avait écrit la comédie romantique Sierra Burgess is a Loser et la série The Magic Order et qui officie ici pour la première fois au poste de réalisatrice. L’intrigue du film précédent se déroulant en 2019, année de sa sortie en salles, Simetierre : Aux origines du mal raconte des événements survenus cinquante ans auparavant, soit en 1969, toujours à Ludlow dans le Maine.

Alors que la guerre du Vietnam fait rage, le jeune Jud Crandall (Jackson White) prend la décision de fuir sa ville natale pour partir dans le Michigan et rejoindre les casques bleus avec sa petite-amie Norma (Natalie Alyn Lind). Il fait donc ses adieux à ses parents (Henry Thomas et Samantha Mathis) et prend enfin la route, mais soudain Norma est violemment attaquée par un chien. Son propriétaire est Timmy Baterman (Jack Mulhern), un ancien ami d’enfance de Jud revenu du front avec une médaille. Or le prologue nous a fait comprendre que Timmy est rentré du Vietnam les pieds devants et que son père (David Duchovny) l’a ressuscité en utilisant les dangereux pouvoirs du cimetière indien en lisière de la petite ville. Timmy est donc un zombie au comportement de plus en plus étrange. C’est par lui que le mal va se propager à Ludlow, prélude à un sanglant massacre…

La bouche du diable

Inscrire l’histoire sur fond de guerre du Vietnam est une idée intéressante, même si elle n’est pas nouvelle. La préquelle Massacre à la tronçonneuse : le commencement jouait déjà cette carte. Toujours est-il que le personnage de Timmy évoque beaucoup Le Mort-vivant de Bob Clark. Si le scénario prend largement ses distances avec le roman original de Stephen King, l’esprit de l’écrivain tente d’émerger à travers une pincée de nostalgie familière (les retrouvailles troublées des trois amis d’enfance dans cette petite ville du Maine) et le détournement de certains de ses motifs (les champs de tournesol où résonnent d’inquiétants chuchotements évoquent irrésistiblement ceux des Démons du maïs). A mi-parcours, un flash-back situé en 1674 (la « préquelle de la préquelle » en quelque sorte) raconte les origines de la malédiction. « La forêt est comme la bouche du diable », y apprend-on. « Tout ce qu’on y enterre revient à la vie, comme recraché par l’enfer. » Malgré ses prémices prometteuses, le film n’échappe pas à une certaine routine. Quelques scènes réussies surnagent, comme celle de l’attaque du chien ou de l’assaut dans l’hôpital, mais ne parviennent pas à sauver les meubles. Pas plus que le recours à trois guest stars sur le retour (Henry Thomas, David Duchovny et Pam Grier) qui cachetonnent ici sans conviction. Quant aux incohérences en cascade qui ponctuent le dernier acte, elles achèvent d’enterrer cette préquelle finalement très dispensable.

 

© Gilles Penso


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