DEAD SET (2008)

Le futur créateur de Black Mirror raconte une invasion de zombies sur le plateau d’une émission de télé-réalité…

DEAD SET

 

2008 – GB

 

Créée par Charlie Brooker

 

Avec Jaime Winstone, Andy Nyman, Riz Ahmed, Chizzy Akudolu, Liz May Brice, Warren Brown, Shelley Conn, Beth Cordingly, Adam Deacon, Kevin Eldon

 

THEMA ZOMBIES

Lancée au Pays-Bas en 1999, l’émission de télé-réalité « Big Brother » franchit rapidement toutes les barrières pour connaître sa propre version dans un grand nombre de pays (y compris en France, sous le titre « Loft Story »). Le Royaume-Uni n’échappe pas à cette invasion de ce que de nombreux critiques ont taxé de « télé-poubelle » à cause du caractère racoleur et vide de sens d’un tel programme. Le principe consiste en effet à enfermer un groupe de candidats dans un décor de maison ou d’appartement, à le filmer sous toutes les coutures grâce à une infinité de caméras installées sur place et à proposer aux spectateurs d’observer ce qui se passe en direct – autrement dit pas grand-chose. Alors que l’émission bat son plein en Angleterre, le scénariste Charlie Brooker décide de détourner le concept pour y installer une intrigue de film d’horreur. L’idée lui vient en 2004, alors qu’il visionne la série 24 heures chrono avec Kiefer Sutherland. Malgré le caractère extrêmement palpitant de ce show, Brooker trouve les grands méchants – des terroristes de tous horizons – un peu caricaturaux et se demande ce que donneraient les scénarios s’ils étaient remplacés par des zombies. Cette supposition absurde en entraîne une autre : pourquoi ne pas raconter une invasion de morts-vivants pendant le tournage d’une émission de télé-réalité telle que « Big Brother » ? Ainsi naît la mini-série Dead Set.

Charlie Brooker écrit la première version du scénario en 2005, alors que « Big Brother » en est à sa sixième saison en Angleterre. En toute logique, il s’inspire de plusieurs véritables candidats du jeu pour brosser le portrait de ses personnages. Ses sources d’inspirations sont les classiques du genre, notamment La Nuit des morts-vivants, Zombie, Le Jour des morts-vivants, L’Enfer des zombies, 28 jours plus tard, mais aussi des œuvrettes plus anecdotiques comme Virus cannibale et Le Massacre des morts-vivants. Pour autant, le scénariste ne cherche pas à créer un patchwork d’influences post-modernes mais plutôt à aller au bout de son concept. Nous sommes donc dans les coulisses d’une émission de télé-réalité. Une épidémie qui transforme la population en zombies avides de chair humaine sème la panique partout à l’extérieur. Confinés sur le plateau ou enfermés dans la régie, les candidats et les membres de l’équipe de production tentent de rester à l’abri, mais bientôt les monstres se propagent à l’intérieur…

Gore Story

Diffusés pendant cinq nuits consécutives sur la chaîne E4, les cinq épisodes de Dead Set font forte impression aux téléspectateurs qui se retrouvent en terrain connu. La huitième saison de « Big Brother » vient en effet à peine de s’achever en Angleterre, la série de Brooker s’amusant de fait à susciter un troublant effet-miroir balayant les frontières entre la fiction et la réalité. Comme en outre le réalisateur Yann Demange s’amuse à détourner les codes des programmes de télé-réalité (décors, prises de vues, éclairages, montage), les péripéties pourtant rocambolesques de Dead Set sonnent juste. Le groupe Endemol, qui produit à la fois « Big Brother » et Dead Set, montre là un sens de l’auto-dérision que nous ne lui connaissions pas, l’animatrice télé Davina McCall se prêtant elle-même au jeu en se transformant très tôt en morte-vivante déchaînée. Mêlant l’humour, le gore décomplexé et le suspense, la série joue d’ailleurs sur les mêmes mécanismes que le jeu dont elle se veut la satire, nous poussant à nous demander qui va survivre et qui sera éliminé au fil de ces cinq épisodes extrêmement récréatifs. Brooker reviendra à la charge quelques années plus tard avec une autre série conceptuelle : Black Mirror. Quant à Dead Set, elle connaîtra un remake brésilien en 2020 sous le titre de Reality Z.

 

© Gilles Penso


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