CHÉRIE, J’AI AGRANDI LE BÉBÉ (1992)

Après avoir rétréci ses enfants, Wayne Szalinski poursuit les maladresses et transforme son tout jeune fils en géant incontrôlable…

HONEY, I BLEW UP THE KID

 

1992 – USA

 

Réalisé par Randal Kleiser

 

Avec Rick Moranis, Marcia Strassman, Amy O’Neill, Robert Oliveri, Daniel Shalikar, Joshua Shalikar, Lloyd Bridges

 

THEMA NAINS ET GÉANTS

À l’époque où Stuart Gordon, Brian Yuzna et Ed Naha écrivent l’histoire de Chérie, j’ai rétréci les gosses, deux autres auteurs (Gary Goodrow et Peter Elbling) travaillent sur un scénario parallèle sans rapport : Big Baby, l’histoire d’un bébé devenant géant à cause d’un rayon de croissance et semant la panique dans Las Vegas. Séduit par cette idée, Stuart Gordon prend une option sur l’histoire et propose les deux projets aux studios Disney, qui jettent leur dévolu sur Chérie, j’ai rétréci les gosses. Gros succès public et critique, le film de Joe Johnston pousse naturellement Disney à envisager une suite. C’est là que Big Baby, jusqu’alors laissé dans un tiroir, redevient d’actualité, à condition de revoir le script de fond en comble pour le raccorder avec l’histoire de Wayne Szalinski et de sa famille. Ainsi est né Chérie, j’ai agrandi le bébé. Pour la mise en scène, on envisage logiquement de rappeler Johnston (qui est alors accaparé par son second film, Rocketeer) ou de solliciter Stuart Gordon (qui passe son tour, de peur que Disney ne lui laisse pas les mains libres, tout en restant attaché au film en tant que producteur exécutif). C’est donc Jeremiah Chechnik qui est engagé, sur la foi de sa comédie à succès Le Sapin a les boules (quel magnifique titre français !). Mais notre homme manque d’expérience dans les effets spéciaux et propose des idées beaucoup trop coûteuses. Remercié en cours de pré-production, Chechnik cède le pas à Randal Kleiser, dont la filmographie (Grease, Le Lagon bleu, Le Vol du navigateur, Big Top Pee-Wee, Croc-Blanc) rassure les costumes-cravate de chez Disney.

Toujours incarné par l’irrésistible Rick Moranis, Wayne Szalinski a trouvé un emploi dans un grand laboratoire du Nevada. Retiré d’un projet de rayon laser agrandissant les molécules, il tente malgré tout une expérience sur le lapin en peluche de son fils Adam. Mais en voulant récupérer son jouet favori, Adam subit un bombardement de particules et grandit en quelques secondes de plusieurs centimètres. Exposé un peu plus tard aux rayonnements d’un four à micro-ondes et d’un téléviseur, le bébé atteint d’un coup la taille impressionnante de trois mètres. A peine troublé par sa mutation, il défonce tranquillement la porte d’entrée et s’enfuit de la maison, semant la panique dans le quartier. Après être passé sous une ligne à haute tension, Adam franchit la barre des quinze mètres et continue de trotter allègrement à travers le désert, direction Las Vegas. Complètement affolé, Wayne ressort alors sa vieille machine à rétrécir et se lance avec son épouse Diane (Marcia Strassman) à la poursuite du bambin géant.

Le fantastique bébé colosse

Alors que Chérie, j’ai rétréci les gosses s’affirmait comme une variation comique autour du thème de L’Homme qui rétrécit, sa suite semble proposer, à l’inverse, une version burlesque du Fantastique homme colosse (référence avouée des premiers auteurs du script). Hélas, l’inventivité, la spontanéité et le grain de folie rafraîchissants du film de Joe Johnston ne sont plus vraiment d’actualité dans cette suite qui cherche un peu mécaniquement à capitaliser sur les mêmes ingrédients. En effet, une fois le postulat annoncé (le bébé lâché dans la nature grandit sans cesse au contact des rayons électromagnétiques), le scénario tourne en rond et tente d’enchaîner un maximum de gags et de situations cocasses tout au long des 90 minutes imparties. Le film procède alors par accumulation, multipliant à l’écran les foules, les voitures de police, les militaires, les journalistes, confinant donc à l’indigestion avec – pour couronner le tout – une bonne tartine de valeurs américano-puritaines lourdement assénées aux spectateurs. La bande originale de Bruce Broughton, moins jazzy que celle de son prédécesseur James Horner, abonde dans le sens de la surenchère sirupeuse. Restent les séquences d’effets spéciaux inventives, qui combinent avec habileté les perspectives forcées, les incrustations (pas toujours réussies) et même quelques images de synthèse. La saga se poursuivra sur le petit écran avec le téléfilm Chérie, nous avons été rétrécis et la série Chérie, j’ai rétréci les gosses en 1997.

 

© Gilles Penso


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