

Possédées par l’esprit d’une petite fille défunte, quatre poupées bizarres surgissent de terre pour assouvir une sanglante vengeance…
DOLL GRAVEYARD
2005 – USA
Réalisé par Charles Band
Avec Jared Kusnitz, Gabrielle Lynn, Kristyn Green, Anna Alicia Brock, Brian Lloyd, Scott Seymour, Ken Lyle, Hannah Marks
THEMA JOUETS I SAGA CHARLES BAND
Réalisé dans la foulée de Decadent Evil, Doll Graveyard permet à Charles Band de sacrifier une fois de plus à sa passion obsessionnelle pour les petits monstres et les poupées tueuses. Au lieu de relancer la franchise Puppet Master (dont le dernier épisode en date, Puppet Master vs. Demonic Toys, avait été mis en chantier indépendamment de sa compagnie Full Moon), l’infatigable producteur préfère miser sur des jouets tueurs inédits. C’est l’occasion pour lui de lancer sur le marché de nouvelles figurines à collectionner destinées aux amateurs du genre. Il n’y a pas de petits profits chez Band ! Le producteur signe lui-même la mise en scène de Doll Graveyard et s’épaule de quelques techniciens et artistes solides – tous habitués à son univers – pour l’aider à mener à bien le projet avec un budget comme toujours minuscule. Christopher Bergschneider (Retro Puppet Master, Prison of the Dead, Mega Scorpions) prend en charge la fabrication et l’animation des poupées, le directeur de la photographie Thomas Callaway (Creepozoids, Blood Dolls, Les Morts haïssent les vivants) s’occupe de l’image du film et le groupe District 78 (Petrified, Evil Bong, Ghost Poker) signe une bande originale électronique très efficace.


Le prologue sinistre de Doll Graveyard, situé en 1905, montre un père tyrannique (Ken Lyle) qui, dans un accès de cruauté, oblige Sophia (Hannah Marks), sa fille de douze ans, à enterrer dans le jardin ses poupées chéries. La gamine s’exécute en pleurant toutes les larmes de son corps, mais glisse sur le sol et se brise le cou. Son paternel l’enfouit alors sous terre avec ses jouets. Cent ans plus tard, Lester Fillbrook (Ken Lyle toujours) fait l’acquisition avec sa fille ado Deedee (Gabrielle Lynn) et son jeune fils Guy (Jared Kusnitz) de la maison et du jardin où eut lieu le drame. Un soir, alors que ce père célibataire part pour un rendez-vous galant, Deedee en profite pour inviter des amis et faire la fête. Au programme : musique, alcool, drogue et sexe. Ses deux meilleures copines, la délurée Olivia (Kristyn Green) et la très sage Terri (Anna Alicia Brock) sont bientôt rejointes par deux lourdauds pleins de testostérone, Rich (Brian Lloyd) et Tom (Scott Seymour), qui s’amusent à martyriser Guy. Or ce dernier vient de découvrir dans le jardin l’une des poupées de Sophia. Alors que la nuit vire à l’orage, les trois autres jouets émergent de la terre et préparent leur revanche, tandis que l’esprit de la défunte Sophia possède Guy…
Oh oh oh, jolies poupées !
Évidemment, il est difficile de ne pas penser à Puppet Master en regardant Doll Graveyard, qui aurait tout à fait pu s’inscrire dans la franchise la plus prolifique de Charles Band. Les jouets mis ici en scène ont d’ailleurs un petit air de déjà-vu. Le soldat allemand équipé d’un casque à pointe et le samouraï armé d’un katana évoquent beaucoup Tunneler et Blade, deux des « stars » de la saga des poupées tueuses. L’horrible poupon en porcelaine aux mâchoires acérées n’est pas sans nous rappeler le Baby Oopsie de Demonic Toys. Quant à Ooga Booga, le guerrier africain très stérotypé qui brandit une lance mortelle, il présente beaucoup de points communs avec la poupée vaudou de Ragdoll. Ce quatuor infernal nous distrait raisonnablement et ponctue le film de quelques meurtres sanglants, même si les mouvements des petites créatures restent très limités (on rêve à ce qu’aurait pu donner un Ooga Booga animé en stop-motion). L’intrigue elle-même a tendance à tourner en rond, en raison de la répétition des situations et du nombre restreint de personnages confinés dans un décor unique, et ne recule devant aucune incohérence. L’ensemble finit par s’essouffler, d’autant que l’épilogue, expédié à la va-vite, sent un peu le bâclage, le film n’exploitant jamais le lien qui semble unir les deux pères (incarnés par le même acteur). Huit ans plus tard, Ooga Booga aura droit à son propre film.
© Gilles Penso
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