UNTIL DAWN : LA MORT SANS FIN (2025)

Dans cette adaptation du jeu Playstation sorti dix ans plus tôt, un groupe d’amis se retrouve coincé dans une boucle temporelle horrifique…

UNTIL DAWN

 

2025 – USA

 

Réalisé par David F. Sandberg

 

Avec Ella Rubin, Michael Cimino, Odessa A’zion, Ji-young Yoo, Belmont Cameli, Maia Mitchell, Peter Stormare, Tibor Szauervein, Lotta Losten, Mariann Hermányi

 

THEMA MUTATIONS I VOYAGES DANS LE TEMPS

Avec Until Dawn, David F. Sandberg quitte l’univers des super-héros des deux Shazam ! pour revenir à l’horreur, son terrain de jeu originel (Dans le noir, Annabelle 2). Le scénario est co-écrit par Gary Dauberman (Ça, Annabelle) et Blair Butler (Hell Fest, Le Bal de l’enfer), dont la mission est de revisiter l’univers du jeu vidéo Until Dawn sans en faire une adaptation littérale. Plutôt que de calquer la trame du jeu, Sandberg opte en effet pour une nouvelle histoire ancrée dans le même univers. « Le jeu est déjà, en soi, un film de dix heures », explique le réalisateur. « Donc, pour moi, ça aurait été beaucoup moins intéressant si on s’était contenté de l’adapter fidèlement. On se serait retrouvé avec une version condensée, sans interactivité, et ça n’aurait tout simplement pas eu le même impact. » (1) Ce choix se reflète jusque dans le décor. Exit le chalet enneigé du jeu : ici, l’action prend place dans une maison isolée, nichée au fond d’une vallée sous une pluie battante. Le concept du film semble à priori être celui d’un slasher accommodé à la sauce Un jour sans fin, cocktail qui avait déjà fait ses preuves avec Happy Birthdead, mais dont Sandberg altère un peu la mécanique. Pour l’épauler, il s’entoure de trois de ses fidèles collaborateurs : le compositeur Benjamin Wallfisch, le directeur de la photo Maxime Alexandre et le monteur Michel Aller.

Clover (Ella Rubin), accompagnée de son ex Max (Michael Cimino), de ses amies Nina (Odessa A’zion) et Megan (Ji-young Yoo), ainsi que d’Abe (Belmont Cameli), le petit ami de Nina, part sur les traces de sa sœur disparue, Melanie (Maia Mitchell). Leur enquête les mène jusqu’à une station-service d’où Melanie avait envoyé son dernier message. Sur place, Clover fait la rencontre d’un étrange pompiste (Peter Stormare) qui l’avertit : des gens disparaissent régulièrement sur la route menant à une ancienne ville minière, Glore Valley. Intrigué, le groupe décide de s’y rendre, mais une pluie torrentielle les force à se réfugier dans une espèce de centre hôtelier. À l’intérieur, Abe tombe sur un mur couvert d’affiches de personnes disparues, parmi lesquelles se trouve Melanie. En fouillant les lieux, ils découvrent un passage menant à une étrange maison enfouie sous le bâtiment. C’est là qu’un mystérieux assaillant masqué, armé d’une pioche, surgit et les massacre un à un. Mais aussitôt après leur mort, ils reviennent tous à la vie…

Meurs un autre jour

Le film donne l’impression d’avoir été conçu comme un train fantôme aux allures de best-of des images d’Épinal de l’horreur : les lumières qui s’éteignent, le tueur masqué, la maison sinistre, la sorcière qui ricane, les clowns en peluche, les poupées de porcelaine, les monstres dans la forêt, la vieille VHS, les zombies, avec en prime des séquences de possession, de mutations et de cannibalisme. Bref, tout l’arsenal est convoqué. Ce côté patchwork évoque beaucoup les films de William Malone inspirés de William Castle (La Maison de l’horreur, 13 fantômes). Le scénario prend d’ailleurs la tournure d’une sorte d’escape game macabre. Étant donné que les personnages reviennent à la vie après chaque mort violente, l’enjeu dramatique s’en trouve considérablement dilué. D’où quelques répliques délicieusement absurdes, comme : « Je sais qu’on peut tous survivre, donc commençons par mourir. » Cette mécanique scénaristique vient du jeu vidéo Playstation lui-même, donc rien d’étonnant à ce principe de vies multiples et successives. Mais sans l’interactivité propre au jeu, l’implication du spectateur en prend forcément un coup. Quelques séquences horrifiques originales et spectaculaires ponctuent tout de même le film et ne se réfrènent pas sur le gore. Reste que l’exercice, un brin artificiel, finit par tenir le spectateur à distance. Until Dawn est donc sympathique, certes, mais pas très mémorable.

 

(1) Extrait d’une interview parue dans Screen Rant en février 2025

 

© Gilles Penso

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