MUNCHIES (1987)

Produit par Roger Corman, ce plagiat cheap de Gremlins met en scène de petits extra-terrestres hargneux et destructeurs…

MUNCHIES

 

1987 – USA

 

Réalisé par Tina Hirsch

 

Avec Harvey Korman, Charlie Stratton, Nadine Van der Velde, Alix Elias, Charlie Philips, Hardy Rawls, Jon Strafford, Robert Picardo, Wendy Schaal, Scott Sherk

 

THEMA EXTRA-TERRESTRES

Depuis le début de sa carrière dans les années 50, Roger Corman recycle tout ce qui marche pour produire des séries B inspirées des hits cinématographiques du moment. C’est son credo, appliqué avec tant de constance que le serpent finit presque par se mordre la queue par moments. Ainsi, lorsqu’en 1978 Corman embauche Joe Dante pour réaliser en vitesse une imitation des Dents de la mer, il ne se doute pas que Piranhas sera un succès et que le jeune metteur en scène sera convoité par Steven Spielberg qui lui fera tourner Gremlins. Face au triomphe des petits monstres de Dante, Corman prépare aussitôt un plagiat du dernier né de son ancien poulain. Mais l’ami Joe n’est plus dans ses tarifs (il tourne désormais des longs-métrages prestigieux comme Explorers ou L’Aventure intérieure). Qu’à cela ne tienne : offrons le job à la monteuse de Gremlins, Tina Hirsch, qui rêve justement de passer derrière la caméra (et qui a déjà travaillé à plusieurs reprises pour Corman). Ainsi naît Munchies, dont le scénario filiforme est écrit par Lance Smith. Tourné en douze jours à Los Angeles, le film nécessite trois jours de prises de vues supplémentaires consacrés aux marionnettes conçues par Robert Short. À l’œuvre sur des films comme Star Trek, Rencontres du troisième type, 1941, Firefox, E.T. ou Splash, Short est un homme aux talents multiples. Mais le budget dérisoire mis à sa disposition ne lui laisse aucune véritable latitude créative.

Persuadé que le Machu Picchu était une tour de contrôle pour vaisseaux spatiaux extra-terrestres, l’archéologue fantasque Simon Watterman (Harvey Korman) organise des fouilles archéologiques au Pérou, dans lesquelles il entraîne contre son gré son fils Paul (Charles Stratton). Au fin fond d’une grotte, les deux hommes découvrent une petite créature cachée dans les ruines et décident de la ramener chez eux à Melvisland, une petite ville des États-Unis. Chargés de surveiller la bête, Paul et sa petite amie Cindy (Nadine Van der Velde) la baptisent Arnold. Mais Cecil Watterman (Harvey Korman aussi), le frère jumeau de Simon, politicien véreux et homme d’affaires malhonnête coiffé d’une perruque improbable, apprend l’existence de la créature et décide de la faire kidnapper par son imbécile de beau-fils (Jon Stafford). Arnold devient soudain agressif, et les catastrophes ne tardent alors pas à s’enchaîner dans la petite ville, bientôt en proie à la panique…

L'envers de Dante

La musique trépidante de Ernest V. Troost qui ouvre le film laisse imaginer une comédie alerte et décomplexée. Hélas, il ne nous faudra que quelques minutes pour comprendre que Munchies n’est qu’un nanar bâclé qui ne cherche jamais à s’éloigner du schéma dicté par Gremlins. Le scénario en reprend donc servilement le principe : la petite créature mignonne est confiée à un jeune homme par son père, se multiplie suite à une maladresse et donne naissance à une petite armée de monstres gloutons, turbulents et destructeurs. Corman et Hirsch assument certes leurs références, montrant un journal qui parle des Gremlins ou une plaque d’immatriculation « Oh Gizmo », tout en multipliant d’autres clins d’œil tous azimuts (les posters de Evil Dead, Pale Rider, Barbarian Queen, Sorceress, le doigt de l’enfant et de la créature qui reproduisent le célèbre visuel de E.T., une allusion à Piranhas), mais est-ce suffisant pour nous dérider ? Pas vraiment. Car les gags tombent à plat, le rythme est déficient, les acteurs complètement à l’ouest (même ce bon vieux Robert Picardo, acteur fétiche de Joe Dante, comme par hasard). Quant aux « Munchies », ce sont des marionnettes extrêmement rudimentaires, agitées sans conviction par des manipulateurs hors-champ qui font ce qu’ils peuvent pour tenter de nous faire croire que ces bouts de caoutchouc sont vivants. Le film restera sans suite, même si Corman réutilisera son titre pour Munchie et Munchie Strikes Back, deux autres « enfants illégitimes » de Gremlins signés cette fois-ci Jim Wynorski.

 

© Gilles Penso

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