

Richard Chamberlain et Sharon Stone marchent sur les traces d’Indiana Jones dans cette aventure fantastico-exotique…
KING SOLOMON’S MINES
1985 – USA
Réalisé par Jack Lee Thompson
Avec Richard Chamberlain, Sharon Stone, Herbert Lom, John Rhys-Davies, Ken Gampu, June Buthelezi, Sam Williams
THEMA EXOTISME FANTASTIQUE
Au milieu des années 80, la Cannon Group cherche à s’imposer dans le cinéma d’aventure. Fascinés par le succès planétaire des Aventuriers de l’arche perdue et d’Indiana Jones et le temple maudit, Menahem Golan et Yoram Globus décident donc de ressusciter l’un des pionniers du genre : Allan Quatermain, personnage né sous la plume de H. Rider Haggard en 1885. Le projet, ambitieux pour les standards de la Cannon, est lancé à grande vitesse, conçu comme un cocktail d’exotisme, d’action débridée et d’humour familial. Richard Chamberlain, alors auréolé du triomphe télévisuel de Shogun, est choisi pour camper Quatermain. Sharon Stone, encore relativement inconnue, décroche le rôle féminin principal après une série d’auditions éprouvantes. Initialement confiée à Gary Nelson (L’Île sur le toit du monde, Le Trou noir), la mise en scène échoit finalement à Jack Lee Thompson, vétéran solide d’Hollywood (Les Canons de Navarone, Les Nerfs à vif), connu pour son efficacité et sa capacité à mener à bien des tournages difficiles. La production s’installe en Afrique australe, un choix qui garantit des décors naturels grandioses, mais expose l’équipe à d’innombrables défis logistiques. Chaleur accablante, infrastructures précaires, risques sanitaires : chaque jour est un combat contre les éléments. À ces difficultés s’ajoutent des contraintes budgétaires permanentes. Car la Cannon impose des délais serrés et pousse à l’économie, ce qui oblige Thompson à travailler vite, parfois au détriment de la rigueur narrative.


Le scénario ne cherche pas à réinventer la roue. Explorateur aguerri, Allan Quatermain accepte d’aider Jesse Huston, une jeune Américaine déterminée, à retrouver son père archéologue, disparu lors d’une expédition secrète au cœur de l’Afrique. Selon la rumeur, il poursuivait un but insensé : localiser les mythiques Mines du roi Salomon, un lieu dont nul n’est jamais revenu. Très vite, Quatermain et Jesse se retrouvent pris dans une course-poursuite à haut risque contre des soldats allemands et un chef de guerre africain, tous prêts à tout pour mettre la main sur le trésor. La jungle hostile et les terres sauvages qu’ils traversent réservent une infinité de pièges et de dangers, naturels ou non. Partout, les vestiges d’une civilisation disparue laissent planer un mystère. Ces gravures énigmatiques, ces statues menaçantes et ces rites oubliés semblent vouloir suggérer que les lieux sont protégés par une force ancestrale…
Les aventuriers du plagiat perdu
À trop vouloir marcher dans les pas d’Indiana Jones, Allan Quatermain et les mines du roi Salomon finit par trébucher dans ses propres ficelles. Sur le papier, tout semblait réuni pour un divertissement musclé (un héros charismatique, une quête mythique, des paysages grandioses), mais à l’écran, le film peine à dépasser le stade de la photocopie mal calibrée. Dès les premières scènes, le ton est donné. L’action est certes omniprésente mais rarement palpitante, les dialogues tombent le plus souvent à plat. Richard Chamberlain, pourtant armé d’un solide capital sympathie, force tellement le trait qu’il transforme Quatermain en caricature ambulante. Quant à Sharon Stone, encore loin des succès de Total Recall et Basic Instinct, elle peine à donner de l’épaisseur à son personnage, réduite à la fonction de jolie potiche. Certes, quelques séquences d’action parviennent à maintenir un minimum de rythme – notamment lors de l’arrivée dans Tongola ou durant les affrontements dans les mines – mais elles manquent cruellement de l’inventivité et de l’élégance visuelle qui faisaient le sel des aventures signées Spielberg/Lucas. Le film préfère accumuler les situations rocambolesques sans les lier entre elles, sacrifiant toute montée de tension au profit d’un humour gras et répétitif qui finit par lasser. Dommage, car les magnifiques décors naturels africains dotent le film d’une jolie patine, et la bande originale de Jerry Goldsmith, bien que très imitative (on sent bien les indications de la production le poussant à s’inspirer du travail de John Williams), ne manque pas d’emphase et de lyrisme. Malgré des critiques mitigées et un accueil public tiède, le film remplira suffisamment ses objectifs financiers pour justifier une suite, tournée dans la foulée avec la même équipe.
© Gilles Penso
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