

Une expédition top-secrète cherche à prélever l’ADN de trois titans préhistoriques réfugiés sur une île sauvage pour en tirer un remède révolutionnaire…
JURASSIC WORLD: REBIRTH
2025 – USA
Réalisé par Gareth Edwards
Avec Scarlett Johansson, Mahershala Ali, Jonathan Bailey, Rupert Friend, Manuel Garcia-Rulfo, Luna Blaise, David Iacono, Audrina Miranda, Philippine Velge
THEMA DINOSAURES I SAGA JURASSIC PARK
On peut s’étonner de voir une star de la trempe de Scarlett Johansson tenir le haut de l’affiche de cet énième épisode d’une saga amorcée 32 ans plus tôt et déjà usée jusqu’à la corde. Mais l’ex-Black Widow est une fan inconditionnelle de Jurassic Park – elle avait neuf ans lorsque le premier film est sorti et ne s’en est visiblement pas remise ! Pas question pour elle de laisser passer une chance d’apparaître donc dans la franchise préhistorique. D’autant que le réalisateur à la tête de ce septième opus est le très talentueux Gareth Edwards (Monsters, Godzilla, Rogue One, The Creator). Après le désistement de David Leitch (Deadpool 2, Bullet Train), pressenti avant lui pour diriger le film, Edwards se jette lui aussi dans l’aventure avec un enthousiasme sans retenue. « J’étais sur le point de faire une pause et j’ai commencé à écrire ma prochaine idée de film », raconte-t-il, « mais j’ai tout lâché pour avoir la chance de faire un Jurassic Park. J’adore le premier film. Je pense que c’est un chef-d’œuvre cinématographique, alors cette opportunité était comme un rêve pour moi. » (1) Le retour du scénariste David Koepp, déjà à l’œuvre sur les deux premiers volets réalisés par Steven Spielberg, marque d’ailleurs une volonté manifeste de renouer avec l’esprit originel de la saga.


Le scénario de Jurassic World : Renaissance semble vouloir prendre à revers le concept du film précédent, qui laissait les animaux préhistoriques s’ébattre un peu partout sur la planète. Alors que la Terre suffoque sous les dérèglements climatiques, nous apprenons que les dinosaures disparaissent peu à peu, victimes d’une nouvelle hécatombe. Seuls quelques survivants subsistent dans les zones équatoriales, notamment sur l’île de Saint-Hubert, où l’ancien complexe d’InGen sert désormais de refuge aux derniers spécimens libérés. C’est là que la société pharmaceutique ParkerGenix envoie une expédition secrète. Leur objectif : récolter de l’ADN de trois créatures rares pour développer un traitement révolutionnaire contre les maladies cardiaques. À la tête de cette opération périlleuse se trouve le duo de mercenaires Zora Bennett (Scarlett Johansson) et Duncan Kincaid (Mahershala Ali), épaulé par le paléontologue Henry Loomis (Jonathan Bailey). Mais l’aventure prend un tournant inattendu lorsqu’un voilier de plaisance, transportant une famille, est attaqué par un mosasaure et doit se joindre au petit commando. Livrés à eux-mêmes dans une jungle hostile, nos protagonistes vont devoir redoubler d’inventivité pour ne pas finir au menu des dinosaures.
Le dîner des dinos
Tourné en 35 mm et au format Panavision sous les bons auspices du directeur de la photographie John Mathieson, qui cherche visiblement à retrouver la patine des films mis jadis en lumière par Dean Cundey et Douglas Slocombe, Jurassic World : Renaissance est une déclaration d’amour frontale au cinéma de Steven Spielberg. Gareth Edwards y rend non seulement hommage à Jurassic Park mais aussi aux Dents de la mer et à la saga Indiana Jones. Comme il le fit dans Godzilla, le cinéaste ménage habilement ses effets, laissant souvent apparaître les titans en creux – flous à l’arrière-plan, furtivement éclairés par une source de lumière, émergeant discrètement de l’ombre – pour mieux surprendre ses spectateurs et leur donner un coup d’avance sur les victimes potentielles des prédateurs. La mise en scène s’appuie souvent sur les différences d’échelle entre les dinosaures et les humains, comme dans la séquence du T-Rex endormi. Ce spécimen se révèle certes aussi maladroit et stupide que son cousin obèse qui apparaissait dans L’Homme des cavernes, mais il nous offre tout de même une jolie séquence de suspense aquatique. Alors qu’Alexandre Desplat se réapproprie intelligemment les thèmes musicaux de John Williams, Edwards y va de ses petits hommages discrets (le rétroviseur en début de métrage, la banderole « Quand les dinosaures dominaient le monde », un bus scolaire estampillé « Crichton Middle School ») en évitant de justesse les travers du fan service facile. Alors certes, Jurassic World : Renaissance n’est qu’une sympathique série B au budget hypertrophié, dont les maigres tentatives d’épaissir les enjeux et les personnages restent souvent superficielles – les états d’âme de nos mercenaires en bout de course, les vilaines manigances capitalistes du groupe pharmaceutique. Mais Gareth Edwards fait le job et semble y prendre beaucoup de plaisir. Plaisir en grande partie partagé, il faut bien l’avouer.
(1) Extrait d’une interview publiée dans Collider en février 2024
© Gilles Penso
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