

Des étudiants du futur voyagent dans le temps pour changer le cours de l’histoire et empêcher le monde de se muer en dictature…
VIRGIN HUNTERS / TEST TUBE TEENS FROM THE YEAR 2000
1994 – USA
Réalisé par David DeCoteau
Avec Morgan Fairchild, Ian Abercrombie, Brian Bremer, Christopher Wolf, Sara Suzanne Brown, Michele Matheson, Don Dowe, Tamara Tohill, Laurel Wiley
THEMA FUTUR I VOYAGES DANS LE TEMPS I SAGA CHARLES BAND
En 1993, Charles Band se laisse tenter par l’idée d’ajouter une corde à son arc. Les productions de sa compagnie Full Moon s’adressant principalement aux ados friands d’horreur et de science-fiction, et celles du label Moonbeam étant destinées aux enfants et à leurs parents, il restait à couvrir un public adulte. Ainsi nait Torchlight, la branche « érotico-fantastique » de son catalogue. Deux films sont tournés coup sur coup pour lancer cette nouvelle marque, confiés au réalisateur David DeCoteau qui, prudent, signe sous le pseudonyme d’Ellen Cabot. Si Virgin Hunters est le premier à être réalisé, c’est le second, Les Créatures de l’au-delà, qui sera d’abord lancé sur le marché vidéo. Pour faire des économies, Virgin Hunters recycle des décors de Puppet Master 4 et Puppet Master 5, une machine à explorer le temps conçue pour Future Cop 3 et des plans d’effets spéciaux de Dollman. Le film s’offre tout de même une tête d’affiche prestigieuse : Morgan Fairchild, star du petit écran (Flamingo Road, Falcon Crest, Friends). Nul ne sait vraiment comment Charles Band l’a convaincue de participer à l’aventure, mais il lui a caché de toute évidence le caractère érotique de Virgin Hunters. En croyant jouer dans une modeste comédie de science-fiction, elle déchante face aux nombreuses scènes de fesses qui ponctuent le résultat final et se fend d’une lettre d’insultes adressée au producteur… qui l’encadre aussitôt et l’affiche dans son bureau !


Comme si nous étions dans un James Bond, le générique exhibe des silhouettes de femmes nues en contre-jour qui dansent devant un fond aquatique coloré. L’intrigue se situe en 2019, donc dans le futur (rappelons que le film date de 1994). Désormais, les grandes corporations ont pris le contrôle du monde et le sexe est devenu interdit. Le simple fait d’y penser est répréhensible, comme dans THX 1138. Les enfants naissent donc désormais dans des éprouvettes, par fécondation in vitro. Le film s’ouvre sur un cours donné à un groupe d’étudiants par un enseignant rigide et autoritaire, le professeur Dorn (Ian Abercrombie, échappé de L’Armée des ténèbres, Seinfeld et Clone Wars). Tous sont engoncés dans des tenues moyennement seyantes, à mi-chemin entre les uniformes de Star Trek et les combinaisons des Quatre Fantastiques. Après le cours, le professeur prend à part trois étudiants et leur révèle être membre d’un groupe de rebelles qui veulent renverser le régime. Vingt-cinq ans plus tôt, les États-Unis étaient encore une démocratie. Mais un mouvement anti-sexe se mit en branle à l’initiative d’une certaine Camella Swales (Morgan Fairchild), sous le prétexte que l’activité sexuelle ralentissait la productivité du pays. Les étudiants Naldo, (Brian Bremer) Vin (Christopher Wolf) et Reena (Sara Suzanne Brown) acceptent donc de voyager dans le passé grâce à une machine expérimentale pour tenter de changer le cours de l’histoire…
Les ados-éprouvette de l’an 2000
Comme on peut s’y attendre, tous les prétextes sont bons pour intégrer des scènes érotiques dans l’action : Vin qui rêve de batifoler avec une de ses camarades de classe ou qui s’imagine dans un décor exotique avec une top model, des scènes de douches et de coucheries à répétition… Mais Virgin Hunters s’efforce de ne pas négliger pour autant le caractère comique de son intrigue en multipliant les quiproquos liés à la présence de deux garçons du 21ème siècle qui se retrouvent propulsés dans un collège pour filles des années 90. Les visiteurs se déguisent dès lors en étudiantes suédoises, en réimaginant à leur sauce les situations de Certains l’aiment chaud. Et puis, à mi-parcours, le film se mue carrément en parodie de Terminator avec l’apparition d’un cyborg venu lui aussi du futur et équipé de toute la panoplie : la veste en cuir, les lunettes de soleil, la mâchoire carrée, la vision robotique, l’accent autrichien et même la réplique « I’ll be back ». Il n’empêche que c’est ce second degré permanent qui finit par rendre l’entreprise très sympathique, jusqu’à son final joyeusement absurde. Le studio Paramount, qui assure alors la distribution de Virgin Hunters en vidéocassette, décide de changer son titre – un peu trop tendancieux à son goût – et opte pour Test Tube Teens From the Year 2000. Les « chasseurs de vierges » se transforment donc en « ados-éprouvette de l’an 2000 ».
© Gilles Penso
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